Sleeping Beauty
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Ce panneau de carreaux de céramique a été commandé à Morris, Marshall, Faulkner & Co. par Myles Birket Foster, artiste et illustrateur. Il était destiné à orner l’une des trois cheminées de sa nouvelle maison, « The Hill », de Witley, dans le Surrey, les deux autres cheminées devant être ornées de panneaux similaires ayant pour thème deux autres contes, Cinderella (Cendrillon) et The Beauty and the Beast (La Belle et la Bête). Burne-Jones fournit plusieurs dessins qui sont peints sur les carreaux de céramique par Kate et Lucy Faulkner, les sœurs de Charles Faulkner, associé de William Morris. On attribue à ce dernier la supervision de l’ensemble, ainsi que le dessin des carreaux décoratifs intermédiaires, à motifs de cygnes et de feuilles.
La phrase calligraphiée en phylactère en bas du panneau fait du prince l’acteur principal du récit, et du réveil de la princesse le motif principal (« Of a certain prince who delivered a king’s daughter from a sleep of a hundred years, wherein she & all hers had been cast by enchantment. » – « D’un certain prince qui délivra une fille de roi d’un sommeil de cent ans, dans lequel elle et tous les siens avaient été plongés par enchantement. »). Significativement, la scène où le prince est confronté au mur d’épines se situe au centre du panneau : elle est le moment marquant du conte que l’artiste a voulu mettre en valeur, et qui sera le point de départ de sa série de peintures The Briar Rose (1871-1892). L’ensemble reprend le style médiévalisant cher à Burne-Jones et Morris à cette époque, avec un aspect naïf et simple lié probablement aussi bien au statut du texte source qu’au medium utilisé.
Les neuf scènes représentées sur le panneau ne sont accompagnées d’aucun autre texte que celui du phylactère, laissant au spectateur le soin de réimaginer le conte bien connu à travers les illustrations, dont le sens de lecture respecte l’ordre traditionnel de gauche à droite et de haut en bas. Il est donc délicat de trancher si la série de Burne-Jones doit plus au conte de Perrault (dont elle emprunte le titre) ou à celui des Grimm (dont elle emprunte la fin), l’artiste se permettant par ailleurs un certain nombre d’écarts par rapport à la lettre de ces deux versions. La version Grimm, toutefois, semble prépondérante dans la mesure où, notamment, le roi et la reine s’endorment avec le reste du château, contrairement à ce qui se passe dans la version de Perrault.
Références : Laurence des Cars, Laurence B. Kanter, Stephen Wildman (dir.), Edward Burne-Jones, 1833-1898. Un maître anglais de l’imaginaire, cat. expo. New York (Metropolitan Museum of Art), Birmingham (Birmingham Museums and Gallery of Art), Paris (musée d’Orsay), trad. Emmanuel Dauzat, Paris, Réunion des musées nationaux, 1999.