The Sleeping Beauty
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C’est après la première guerre mondiale qu’Arthur Rackham réalise deux livres de contes de fées intégralement illustrés de figures en silhouettes: Cinderella (« Cendrillon ») en 1919, et The Sleeping Beauty (« La Belle au bois dormant ») en 1920, les deux parus chez l’éditeur londonien Heinemann. De la couverture aux culs-de-lampe en passant par les pages de garde, l’illustrateur s’est astreint à ne dessiner que des sihouettes : des figures représentées de profil, en simples aplats de couleur, la plupart du temps noire, mais aussi parfois, notamment pour les décors, verte et rouge. Malgré le titre hérité de la version de Perrault, il semble que la version sur laquelle Charles Seddon Evans pour écrire son adaptation soit celle des Grimm : on y retrouve la conception de la princesse grâce à l’entremise d’une grenouille rencontrée au bain, ainsi que treize fées, et non sept comme dans la version de Perrault. Le texte est toutefois entièrement réécrit et considérablement allongé, et nombre de détails et de dialogues sont ajoutés au récit des Grimm.
Les illustrations se situent dans le texte, en hors-texte, et parfois même occupent l’intégralité d’une double page : profitant de la version longue rédigée par Charles Seddon Evans, l’illustrateur prend son temps, dans une mise en pages aérée, pour représenter tous les détails qui l’inspirent au fil d’un ouvrage comptant pas moins de cent dix pages. La simplicité graphique de la technique des silhouettes permet de renouer avec une simplicité et une légèreté narratives, là où des figures dessinées avec plus de détails auraient été alourdies, et fortement singularisées. Par ailleurs, elle permet de représenter sans autre fard la scène initiale de la baignade de la reine, dans une publication au moins en partie destinée à la jeunesse où le nu pourrait faire l’objet d’une autocensure. Enfin, elle produit un impact visuel considérable, fortement décoratif, caractéristique des expérimentations contemporaines dans le domaine du film de silhouettes avec Lotte Reiniger, et dont se souviendra un cinéaste comme Michel Ocelot à la fin du xxe siècle.