Yann Legendre : Le Roi Grenouille (1)

Cette illustration en pleine page comporte à la fois des couleurs froides − le vert caractérise ici la grenouille et le règne naturel et animal – et des couleurs chaudes – le marron et le roux renvoient au monde humain et royal. Quant au blanc, habituellement symbole de pureté, il vient ponctuer l’image à travers le nénuphar, les pierres du diadème, les yeux et les dents de la princesse. Cette dernière n’est pas sans évoquer, par sa chevelure et son diadème et dans une évidente filiation avec le pop art, le personnage de comic Diana Prince/ Wonder Woman.

Cette dualité des couleurs redouble celle de l’amphibien, qui évolue aussi bien sur terre que dans l’eau. L’illustration se place d’ailleurs du point de vue de cette grenouille, que l’on voit de dos et qui s’impose à une princesse visiblement dégoûtée, ainsi que l’expriment ses yeux exorbités, ses sourcils levés et l’orientation de sa bouche. Le cadre entourant le visage de la jeune fille évoque le monde duquel vient la grenouille, avec ses joncs et son nénuphar. La balle d’or en haut de l’illustration est l’élément qui va permettre une perméabilité entre les deux univers. À partir du moment où la princesse voit la grenouille, toutes les deux sont liées pour la vie. Le diadème de la princesse et la couronne du Roi-Grenouille montrent d’ailleurs ce lien étroit entre les deux personnages. En effet, tous deux sont de la couleur du monde de l’autre – verte pour la princesse et rousse pour la grenouille. Dominant la scène, la balle d’or se situe en haut au centre de l’image et excède même légèrement le cadre, ce qui met l’accent sur son importance − tout ayant commencé suite à sa chute dans le puits. On peut encore souligner l’importance de l’alignement vertical centralisé, reliant la balle d’or, la princesse, la grenouille et le nénuphar.

Contributeur : Annabelle Lafeuil