Réversibilité
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Dans l’« avertissement » qui ouvre ce recueil de poèmes, Ph. Beck précise que chaque pièce s’inspire d’un conte des Grimm, et que ceux-ci dérivent eux-mêmes, en partie, de sources écrites. Le poème liminaire, « Ouverture », qualifie ces « chants » de « rédifications ». Le chant 21, « Réversibilité », déplie sur deux pages, en vers inégaux, une « rédification » colorée de « Blanche-Neige ». Les principales étapes narratives du conte forment une trame reconnaissable, que redouble un parcours chromatique prenant valeur de structure : il part des « trois couleurs » inaugurales (blanc, noir, rouge) pour entreprendre à partir de la césure engendrée par le jaune et le vert de la jalousie une plongée à rebours dans l’univers des couleurs, mêmes et autres à la fois, devenues funèbres. Mais cette inversion, qui conduit aussi de la naissance à la mort, est redoublée d’un passage du froid au chaud, conforme à la dynamique et sans doute à la symbolique du conte : ainsi va-t-on de la neige matricielle au feu dévorant. Ce double parcours, rendu incisif par le recours à la parataxe et aux phrases averbales, parfois minimales, et par les désignations lapidaires, donne une vision fulgurante du conte.