Les sept fins de Blanche-Neige

Conte référent

Recueil de sept courts textes (comme il y a sept nains et Sept règles de Perec chez Jacques Jouet) centrés sur la seule scène finale du réveil de Blanche-Neige, que le Prince programmé et les sept nains auraient désertée. A la manière des Exercices de style, l’auteur (qui est membre de l’OULIPO), réécrit avec humour, dans six textes sur sept, la scène du réveil (l’extraction solitaire et difficile du cercueil) par amplification et la prolonge en faisant varier successivement ou concomitamment plusieurs paramètres dont le style, le genre, l’époque, le lieu, les intertextes. Dans le conte liminaire, « Mais point comme l’oie » (car si l’héroïne est blanche comme la neige, elle ne l’est point comme l’oie), conte ouvertement méta-narratif et qui donne le ton, Blanche-Neige, personnage en rébellion contre ses auteurs, fuit son destin scellé par l’écriture et, dans un saut métaleptique, s’enfonce dans une page blanche pour éprouver sa liberté. L’émancipation vis-à-vis du scénario des Grimm se double d’une émancipation linguistique : le style du discours intérieur de la belle pastiche celui de Perrault. Voilà qui résume tout le programme du recueil. « Légende de Belle-Chenenge et les sept merles » est un lipogramme en « e », un texte qui « révère Gégé et Jéfé », par où l’on reconnaît ceux qui l’ont inspiré : Georges Perec dans les Revenentes et Jacques Jouet dans les Sept règles de Perec. C’est d’ailleurs en pleine réunion de travail oulipienne qu’atterrit Blanche-Neige, en quête d’une tisane, dans « Le blues du Millénaire ». Jacques Jouet y déclame son texte (joyeux mélange). Impressionnée par la docte assemblée, Blanche-Neige y perd les « e » de son nom et rejoue littérairement et littéralement la Disparition : à la manière de la Snegourotchka du conte russe, autre fille de neige blanche, elle achève sa vie en vapeurs. Dans « Et encore une impossible à sortir », apparaît un escargot cuistre et irascible qui prétend s’appeler Charmant et parle comme chez Perrault lorsqu’il fait un conte en vers. Un prince transformé qui en rappelle d’autres (singulièrement le Roi Grenouille), ne plait pas à la belle, laquelle ne lui plaît pas non plus et restera donc dans son cercueil. Les autres contes explorent plusieurs reconfigurations génériques et jeux de transdiégétisation : le conte en vers « Les sept paladins tout de même » se présente comme un pastiche d’aventure arthurienne tandis que « Le couvige allait bon train » emprunte à la science-fiction ses « meubles » (le cercueil est devenu vaisseau spatial, Blanche est princesse de la Voie Lactée) et l’un de ses thèmes (le voyage dans l’espace et le temps accompli par la belle qui cherche en vain son promis et se retrouve au début du XXème siècle chez des dentellières du Puy-en-Velay qui ne la voient même pas). Enfin, « Une forme humaine recouverte de dentelle noire » explore, au travers d’une forme dialoguée, le genre « aventure archéologique » ou « histoire d’une découverte » : sept jeunes gens d’aujourd’hui, au langage d’aujourd’hui, découvrent dans une caverne un mystérieux cercueil de cristal renfermant une jeune fille tout de noir vêtue dont le corps a été conservé et sur laquelle ils ne peuvent faire que des hypothèses (princesse celte ? Princesse de Clèves ?) ; de retour sur les lieux en compagnie d’archéologues, ils ne peuvent que constater le désastre (chute d’une pierre sur le cercueil éventré, morceaux du corps de la belle emportés et mangés par les renards). Ne reste qu’un bouquet de myosotis ou « forget me not »… ou encore Vergissmeinnicht ! Le recueil se clôt sur un calligramme en forme de boule de neige…qui fond.

Références

Editeur

Le Verger Editeur

Contributeur

Catherine Tauveron

Date

1996

Type DC

Format

1 vol. (78 p.) : ill., couv. ill. en coul. ; 21 cm

Identifiant

ISBN 978-2-84574-108-9

Gestion des droits

Le Verger Éditeur

Langue

français

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