Rose d'églantier

Conte référent

Body

01

Au bon vieux temps vivaient un roi et une reine, qui disaient chaque jour : « Ah ! si Dieu daignait nous accorder un enfant ! » Et pourtant l’enfant ne venait pas. Il arriva qu’un jour, tandis que la reine se baignait, une grenouille passa sa tête hors de l’eau et lui dit :
– Tes désirs seront satisfaits ; tu mettras au monde une fille.
Ce que la grenouille avait prédit arriva ; la reine mit au monde une fille, une fille si belle, que le roi ne se sentit plus de joie, et commanda une grande fête. Il y invita non seulement ses parents, ses amis et ses connaissances, mais encore les fées, afin de rendre celles-ci douces et favorables à l’enfant. Ces fées étaient au nombre de treize dans le royaume ; mais comme le roi n’avait que douze assiettes d’or à leur faire servir, l’une d’elles ne put pas être invitée. Les conviés arrivèrent, et, lorsque la fête toucha à sa fin, les fées firent chacune à l’enfant un don merveilleux : l’une lui donna la vertu, l’autre la beauté, la troisième la richesse, et chacune des autres un présent précieux. La douzième venait à peine de faire son cadeau, que la treizième entra dans la salle ; elle voulait se venger de n’avoir point été invitée, et sans regarder ni saluer personne, elle cria d’une voix forte :
– La fille du roi doit, dans sa quinzième année, se piquer avec un fuseau et tomber morte.
Cela dit, elle se retourna et quitta la salle. Tous les assistants étaient saisis d’épouvante, mais la douzième fée, à qui il restait encore un vœu à faire, et qui, impuissante à détruire le charme jeté par sa rivale, pouvait du moins en adoucir la rigueur, s’empressa d’ajouter :
– Mais cette mort que devra subir la jeune princesse ne sera qu’un sommeil qui durera cent ans.

02

Le roi, dans l’espoir de préserver sa chère enfant d’un sort si cruel, donna l’ordre de faire disparaître les fuseaux dans toute l’étendue de son royaume.
Cependant les dons faits par les fées à la jeune fille donnaient tous leurs fruits, et elle était si belle, si sage, si aimable, si intelligente, que tous ceux qui la voyaient ne pouvaient s’empêcher de l’aimer. Il arriva que le jour même où la jeune princesse eut quinze ans, le roi et la reine étaient absents du palais. La jeune fille, restée seule, parcourut le château en tous sens, visita tous les cabinets et toutes les chambres, et monta enfin dans une vieille tour. On y arrivait par un escalier fort étroit, qui aboutissait à une petite porte. Il y avait sur la serrure une vieille clef toute couverte de rouille. La jeune princesse ne l’eut pas plutôt tournée que la porte s’ouvrit, et qu’elle aperçut dans un cabinet étroit une vieille femme occupée à filer.
– Que fais-tu donc là, bonne vieille mère ? dit la jeune fille.
– Je file, répondit la vieille en hochant la tête.
– Que cela tourne drôlement, dit la jeune fille, qui prit le fuseau et voulut essayer de filer.
Mais à peine eut-elle touché le fuseau, que le charme jeté par la méchante fée opéra, et que la jeune princesse se piqua le doigt.

03

Dès qu’elle se fut fait cette légère blessure, elle tomba dans un sommeil profond. Et ce sommeil étendit son influence sur tout le palais : le roi et la reine, qui venaient de rentrer, s’assoupirent ainsi que toutes les personnes dont se composait la cour. Les chevaux aussi s’endormirent dans l’écurie, les chiens dans leurs niches, les pigeons sur le toit, les mouches contre le mur ; le feu lui-même qui flamboyait dans l’âtre, arrêta soudain ses flammes ; et les viandes cessèrent de rôtir ; le cuisinier, sur le point de prendre aux cheveux le marmiton qui avait gâté une sauce, oublia tout à coup sa colère et s’endormit ; le vent enfin cessa de souffler, et il n’y eut plus même une seule petite feuille qui frissonnât encore à la cime des arbres voisins.

04

Cependant une haie d’épines se mit à pousser autour du château, et tous les ans elle devenait plus haute ; enfin elle cacha si bien tout le palais, que les passants ne purent plus l’apercevoir. On ne vit plus même les étendards plantés au sommet des toits. Le bruit se répandit bientôt dans le pays qu’un sommeil magique s’était emparé de la belle Rose d’églantier, car on appelait ainsi la jeune princesse, si bien que de temps en temps arrivaient des princes qui voulaient se frayer un passage à travers la haie afin de pénétrer dans l’intérieur. Mais leurs efforts étaient impuissants, car les rameaux se tenaient enlacés comme autant de mains, et les malheureux jeunes gens demeuraient suspendus parmi les épines, et périssaient misérablement.
Après beaucoup d’années, un prince arriva dans le pays, et un vieillard lui parla de la haie d’épines, en lui assurant qu’il devait se trouver derrière elle un palais dans lequel une jeune princesse d’une merveilleuse beauté, appelée Rose d’églantier, gisait endormie et avec elle toutes les personnes dont se composait la cour. Ce vieillard se souvenait d’avoir entendu dire à son grand-père qu’un grand nombre de princes avaient déjà essayé de se frayer un passage à travers cette haie, mais qu’ils étaient restés suspendus aux épines, et qu’ils avaient péri misérablement. Le jeune homme répondit :
– Cela ne doit pas m’effrayer ; je veux pénétrer dans le palais et voir la belle Rose d’églantier.
Le vieillard eut beau le détourner de son dessein, le jeune homme fut inébranlable.

05

Il se trouvait que ce jour même complétait les cent ans pendant lesquels devait durer le charme jeté par la méchante fée. Aussi, dès que le jeune prince s’avança vers la haie d’épines, celle-ci se changea en une innombrable quantité de fleurs ravissantes qui s’entrouvrirent d’elles-mêmes afin de lui livrer passage ; puis quand il fut entré, elles se refermèrent de nouveau en haie brillante derrière lui : il entra dans le palais ; au milieu de la cour étaient étendus les coursiers et les lévriers, tous en train de dormir ; sur le toit étaient posés les pigeons, la tête abritée sous leurs ailes ; et quand il pénétra dans les appartements, les mouches dormaient contre les murs ; dans la cuisine, le cuisinier avait encore la main levée comme s’il voulait saisir le marmiton ; et la servante était assise tenant encore un poulet qu’elle semblait vouloir plumer. Il continua d’avancer, et dans la grande salle il vit tous les courtisans endormis sur leurs sièges ; et plus haut le roi et la reine également immobiles sur leur trône. Il continua de marcher, et tout était si calme qu’on aurait pu entendre le bruit de sa respiration ; enfin il arriva dans la tour et ouvrit la porte du petit cabinet dans lequel sommeillait Rose d’églantier.
Elle était si belle qu’il ne pouvait détourner d’elle ses regards ; il se pencha vers son gracieux visage et y déposa un baiser. À peine ce baiser eut-il effleuré sa joue, que Rose d’églantier ouvrit les yeux, et le regarda avec un charmant sourire. Ils descendirent ensemble, et le roi se réveilla, puis la reine, puis les courtisans, et tous s’entre-regardèrent avec de grands yeux ; les coursiers se levèrent dans la cour en secouant leur crinière ; les chiens de chasse se mirent à sauter et à aboyer ; les pigeons qui étaient sur le toit dégagèrent leurs têtes de dessous leurs ailes, regardèrent autour d’eux et s’envolèrent dans la campagne ; les mouches sautillèrent sur les murs ; le feu se ranima dans l’âtre, se mit à ronfler et à cuire les mets ; les rôtis pétillèrent ; le cuisinier pinça l’oreille du marmiton quipoussa un cri ; la servante dépouilla le poulet de ses plumes, et on célébra avec la plus grande pompe les noces du jeune prince et de Rose d’églantier, qui vécurent heureux jusqu’à la fin.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
jeune 15 18.11 jeune / jeunes Adjectif
si 9 14.4 si Adverbe
roi 9 28.91 roi Nom
fille 8 15.57 fille Nom
reine 7 35.16 reine Nom
arriva 7 13.07 arriva / arrivait / arrivaient Verbe
fee 7 66.02 fee / fees Nom
beau 6 8.95 beau / belle Adjectif
haie 6 58.37 haie Nom
vieux 6 12.38 vieux / vieille Adjectif
eglantier 6 304.7 eglantier Nom
vouloir 6 4.88 vouloir / voulait / voulut / voulaient / veux Verbe
princesse 6 48.58 princesse Nom
prince 5 19.5 prince / princes Nom
mettras 5 4.85 mettras / mit / mirent Verbe
epines 5 70.45 epines Nom
fuseau 4 69.98 fuseau / fuseaux Nom
palais 4 15.15 palais Nom
cour 4 9.55 cour Nom
tete 4 5 tete / tetes Nom
toit 4 19.39 toit / toits Nom
vit 4 5.54 vit / vivaient / vecurent Verbe
enfin 4 5.42 enfin Adverbe
sommeil 4 28.01 sommeil Nom
regarder 3 7.02 regarder / regarda / regarderent Verbe
porte 3 6.04 porte Nom
filer 3 20.04 filer / file Verbe
pigeons 3 38.6 pigeons Nom
vieillard 3 25.92 vieillard Nom
cuisinier 3 23.89 cuisinier Nom
cabinet 3 5.86 cabinet / cabinets Nom
mouches 3 25.05 mouches Nom
penetrer 3 15.93 penetrer / penetra Verbe
haie d' epines 3 195.86 haie d' epines Nom Preposition Nom
charme jete 3 195.86 charme jete Nom PPAdj
ouvrit 3 7.35 ouvrit Verbe
servante 2 29.33 servante Nom
suspendus 2 6.68 suspendus PPAdj
marmiton 2 76.92 marmiton Nom
frayer 2 30.3 frayer Verbe
‰tre 2 83.09 ‰tre Nom
chiens 2 6.92 chiens Nom
etroit 2 7.05 etroit Adjectif
ch‰teau 2 7.11 ch‰teau Nom
coursiers 2 40.68 coursiers Nom
bruit 2 7.07 bruit Nom
mechante 2 13.14 mechante Adjectif
apercevoir 2 9.13 apercevoir / aperut Verbe
endormis 2 18.2 endormis PPAdj
composait 2 7.03 composait Verbe
detourner 2 10.06 detourner Verbe
poulet 2 13.97 poulet Nom
impuissants 2 13.4 impuissants Adjectif
grenouille 2 24.62 grenouille Nom
piquer 2 18.27 piquer / piqua Verbe
baiser 2 22.41 baiser Nom
courtisans 2 36.52 courtisans Nom
beaute 2 6.51 beaute Nom
passage a travers 2 143.93 passage a travers Nom Preposition Nom
don 2 7.48 don / dons Nom
miserablement 2 76.92 miserablement Adverbe
courtisans endormis 1 67.85 courtisans endormis Nom PPAdj
rotis 1 19.56 rotis Nom
femme occupee 1 39.16 femme occupee Nom PPAdj
dons faits 1 47.97 dons faits Nom PPAdj
etendards plantes 1 67.85 etendards plantes Nom PPAdj
tete abritee 1 67.85 tete abritee Nom PPAdj
sommeil magique 1 67.85 sommeil magique Nom Adjectif
main levee 1 14.77 main levee Nom PPAdj
present precieux 1 67.85 present precieux Nom Adjectif
sautillerent 1 25.63 sautillerent Verbe
enlaces 1 12.56 enlaces PPAdj
malheureux jeunes 1 47.97 malheureux jeunes Nom Adjectif
ronfler 1 25.63 ronfler Verbe
entre-regarderent 1 67.85 entre-regarderent Verbe
levriers 1 23.97 levriers Nom
effleure 1 13.27 effleure PPAdj
nombre de princes 1 67.85 nombre de princes Nom Preposition Nom
haie brillante 1 67.85 haie brillante Nom Adjectif
quantite de fleurs ravissantes 1 67.85 quantite de fleurs ravissantes Nom Preposition Nom Adjectif
chiens de chasse 1 47.97 chiens de chasse Nom Preposition Nom
assiettes d' or 1 47.97 assiettes d' or Nom Preposition Nom
arbres voisins 1 67.85 arbres voisins Nom Adjectif
douzieme 1 14.43 douzieme Nom
daignait 1 13.81 daignait Verbe
assoupirent 1 18.11 assoupirent Verbe
cabinet etroit 1 67.85 cabinet etroit Nom Adjectif
sommeil profond 1 47.97 sommeil profond Nom Adjectif
flamboyait 1 25.63 flamboyait Verbe
couverte de rouille 1 67.85 couverte de rouille Nom Preposition Nom
rameaux 1 14.11 rameaux Nom

La Belle au bois dormant

Conte référent

Body

 Il était une fois un Roi et une Reine, qui étaient si fâchés de n’avoir point d’enfant, si fâchés qu’on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde, vœux, pèlerinages, menues dévotions ; tout fut mis en œuvre, et rien n’y faisait : enfin pourtant la Reine devint grosse, et accoucha d’une fille : on fit un beau Baptême ; on donna pour Marraines à la petite Princesse toutes les Fées qu’on put trouver dans le Pays (il s’en trouva sept), afin que chacune d’elles lui faisant un don, comme c’était la coutume des Fées en ce temps là, la Princesse eût par ce moyen toutes les perfections imaginables. Après les cérémonies du Baptême toute la compagnie revint au Palais du Roi, où il y avait un grand festin pour les Fées. On mit devant chacune d’elles un couvert magnifique, avec un étui d’or massif, où il y avait une cuiller, une fourchette, et un couteau de fin or, garni de diamants et de rubis. Mais comme chacun prenait sa place à table, on vit entrer une vieille Fée qu’on n’avait point priée parce qu’il y avait plus de cinquante ans qu’elle n’était sortie d’une Tour, et qu’on la croyait morte, ou enchantée. Le Roi lui fit donner un couvert, mais il n’y eut pas moyen de lui donner un étui d’or massif, comme aux autres, parce que l’on n’en avait fait faire que sept pour les sept Fées. La vieille crut qu’on la méprisait, et grommela quelques menaces entre ses dents : une des jeunes Fées qui se trouva auprès d’elle, l’entendit, et jugeant qu’elle pourrait donner quelque fâcheux don à la petite Princesse, alla dès qu’on fut sorti de table, se cacher derrière la tapisserie, afin de pouvoir parler la dernière, et de pouvoir réparer autant qu’il lui serait possible le mal que la vieille aurait fait. Cependant les Fées commencèrent à faire leurs dons à la Princesse. La plus jeune lui donna pour don qu’elle serait la plus belle personne du monde, celle d’après qu’elle aurait de l’esprit comme un Ange, la troisième qu’elle aurait une grâce admirable à tout ce qu’elle ferait, la quatrième qu’elle danserait parfaitement bien, la cinquième qu’elle chanterait comme un Rossignol, et la sixième qu’elle jouerait de toutes sortes d’instruments dans la dernière perfection. Le rang de la vieille Fée étant venu, elle dit en branlant la tête, encore plus de dépit que de vieillesse, que la Princesse se percerait la main d’un fuseau, et qu’elle en mourrait. Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et il n’y eut personne qui ne pleurât. Dans ce moment la jeune Fée sortit de derrière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles : rassurez-vous Roi et Reine, votre fille n’en mourra pas : il est vrai que je n’ai pas assez de puissance pour défaire entièrement ce que mon ancienne a fait. La Princesse se percera la main d’un fuseau ; mais au lieu d’en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d’un Roi viendra la réveiller. Le Roi pour tâcher d’éviter le malheur annoncé par la vieille, fit publier aussitôt un Édit, par lequel il défendait à toutes personnes de filer au fuseau, ni d’avoir des fuseaux chez soi sur peine de la vie ; Au bout de quinze ou seize ans, le Roi et la Reine étant allés à une de leurs Maisons de plaisance, il arriva que la jeune Princesse courant un jour dans le Château, et montant de chambre en chambre, alla jusqu’au haut d’un donjon dans un petit galetas, où une bonne Vieille était seule à filer sa quenouille. Cette bonne femme n’avait point ouï parler des défenses que le Roi avait faites de filer au fuseau. Que faites-vous là, ma bonne femme, dit la Princesse ; je file, ma belle enfant, lui répondit la vieille qui ne la connaissait pas. Ha ! que cela est joli, reprit la Princesse, comment faites-vous ? donnez-moi que je voie si j’en ferais bien autant. Elle n’eut pas plutôt pris le fuseau, que comme elle était fort vive, un peu étourdie, et que d’ailleurs l’Arrêt des Fées l’ordonnait ainsi, elle s’en perça la main, et tomba évanouie. La bonne vieille bien embarrassée, crie au secours : on vient de tous côtés, on jette de l’eau au visage de la Princesse, on la délace, on lui frappe dans les mains, on lui frotte les temples avec de l’eau de la Reine de Hongrie ; mais rien ne la faisait revenir. Alors le Roi, qui était monté au bruit, se souvint de la prédiction des Fées, et jugeant bien qu’il fallait que cela arrivât, puisque les Fées l’avaient dit, fit mettre la Princesse dans le plus bel appartement du Palais, sur un lit en broderie d’or et d’argent ; on eût dit d’un Ange, tant elle était belle ; car son évanouissement n’avait pas ôté les couleurs vives de son teint : ses joues étaient incarnates, et ses lèvres comme du corail : elle avait seulement les yeux fermés, mais on l’entendait respirer doucement, ce qui faisait voir qu’elle n’était pas morte. Le Roi ordonna qu’on la laissât dormir en repos, jusqu’à ce que son heure de se réveiller fût venue. La bonne Fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans, était dans le Royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là lorsque l’accident arriva à la Princesse ; mais elle en fut avertie en un instant par un petit Nain, qui avait des bottes de sept lieues, (c’étaient des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d’une seule enjambée). La Fée partit aussitôt, et on la vit au bout d’une heure arriver dans un chariot tout de feu, traîné par des dragons. Le Roi lui alla présenter la main à la descente du chariot. Elle approuva tout ce qu’il avait fait ; mais comme elle était grandement prévoyante, elle pensa que quand la Princesse viendrait à se réveiller, elle serait bien embarrassée toute seule dans ce vieux Château : voici ce qu’elle fit. Elle toucha de sa baguette tout ce qui était dans ce Château (hors le Roi et la Reine), Gouvernantes, Filles d’Honneur, Femmes de Chambre, Gentilshommes, Officiers, Maîtres d’Hôtel, Cuisiniers, Marmitons, Galopins, Gardes, Suisses, Pages, Valets de pied ; elle toucha aussi tous les chevaux qui étaient dans les Écuries, avec les Palefreniers, les gros mâtins de basse-cour, la petite Pouffe, petite chienne de la Princesse, qui était auprès d’elle sur son lit. Dès qu’elle les eut touchés, ils s’endormirent tous, pour ne se réveiller qu’en même temps que leur Maîtresse, afin d’être tout prêts à la servir quand elle en aurait besoin : les broches mêmes qui étaient au feu toutes pleines de perdrix et de faisans s’endormirent, et le feu aussi. Tout cela se fit en un moment ; les Fées n’étaient pas longues à leur besogne. Alors le Roi et la Reine après avoir baisé leur chère enfant sans qu’elle s’éveillât, sortirent du Château, et firent publier des défenses à qui que ce soit d’en approcher. Ces défenses n’étaient pas nécessaires, car il crût dans un quart d’heure tout autour du parc une si grande quantité de grands arbres et de petits, de ronces et d’épines entrelacées les unes dans les autres, que bête ni homme n’y aurait pu passer : en sorte qu’on ne voyait plus que le haut des Tours du Château, encore n’était-ce que de bien loin. On ne douta point que la Fée n’eût encore fait là un tour de son métier, afin que la Princesse pendant qu’elle dormirait, n’eût rien à craindre des Curieux.

Au bout de cent ans, le Fils du Roi qui régnait alors, et qui était d’une autre famille que la Princesse endormie, étant allé à la chasse de ce côté-là, demanda ce que c’était que des Tours qu’il voyait au-dessus d’un grand bois fort épais, chacun lui répondit selon qu’il en avait ouï parler. Les uns disaient que c’était un vieux Château où il revenait des Esprits ; les autres que tous les Sorciers de la contrée y faisaient leur sabbat. La plus commune opinion était qu’un Ogre y demeurait, et que là il emportait tous les enfants qu’il pouvait attraper, pour les pouvoir manger à son aise, et sans qu’on le pût suivre, ayant seul le pouvoir de se faire un passage au travers du bois. Le Prince ne savait qu’en croire, lorsqu’un vieux Paysan prit la parole, et lui dit : mon Prince, il y a plus de cinquante ans que j’ai ouï dire à mon père, qu’il y avait dans ce Château une Princesse, la plus belle du monde ; qu’elle y devait dormir cent ans, et qu’elle serait réveillée par le fils d’un Roi, à qui elle était réservée. Le jeune Prince à ce discours se sentit tout de feu ; il crut sans balancer qu’il mettrait fin à une si belle aventure ; et poussé par l’amour et par la gloire, il résolut de voir sur le champ ce qui en était. À peine s’avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s’écartèrent d’elles-mêmes pour le laisser passer : il marche vers le Château qu’il voyait au bout d’une grande avenue où il entra, et ce qui le surprit un peu, il vit que personne de ses gens ne l’avaient pu suivre, parce que les arbres s’étaient rapprochés dès qu’il avait été passé. Il ne laissa pas de continuer son chemin : un Prince jeune et amoureux est toujours vaillant. Il entra dans une grande avant-cour où tout ce qu’il vit d’abord était capable de le glacer de crainte : c’était un silence affreux, l’image de la mort s’y présentait partout, et ce n’était que des corps étendus d’hommes et d’animaux, qui paraissaient morts. Il reconnut pourtant bien au nez bourgeonné, et à la face vermeille des Suisses, qu’ils n’étaient qu’endormis, et leurs tasses où il y avait encore quelques gouttes de vin, montraient assez qu’ils s’étaient endormis en buvant. Il passe une grande cour pavée de marbre, il monte l’escalier, il entre dans la salle des Gardes qui étaient rangés en haie, la carabine sur l’épaule, et ronflant de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de Gentilshommes et de Dames, dormant tous, les uns debout, les autres assis ; il entre dans une chambre toute dorée, et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle qu’il eut jamais vu : une Princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l’éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin. Il s’approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d’elle. Alors comme la fin de l’enchantement était venue la Princesse s’éveilla ; et le regardant avec des yeux plus tendres qu’une première vue ne semblait le permettre : est-ce vous, mon Prince, lui dit-elle, vous vous êtes bien fait attendre. Le Prince charmé de ces paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance ; il l’assura qu’il l’aimait plus que lui-même. Ses discours furent mal rangés, ils en plurent davantage, peu d’éloquence, beaucoup d’amour : il était plus embarrassé qu’elle, et l’on ne doit pas s’en étonner ; elle avait eu le temps de songer à ce qu’elle aurait à lui dire ; car il y a apparence, (l’Histoire n’en dit pourtant rien) que la bonne Fée pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables. Enfin il y avait quatre heures qu’ils se parlaient, et ils ne s’étaient pas encore dit la moitié des choses qu’ils avaient à se dire.

Cependant tout le Palais s’était réveillé avec la Princesse ; chacun songeait à faire sa charge, et comme ils n’étaient pas tous amoureux, ils mouraient de faim ; la Dame d’honneur pressée comme les autres, s’impatienta, et dit tout haut à la Princesse que la viande était servie. Le Prince aida à la Princesse à se lever ; elle était tout habillée et fort magnifiquement ; mais il se garda bien de lui dire qu’elle était habillée comme ma mère-grand, et qu’elle avait un collet monté, elle n’en était pas moins belle. Ils passèrent dans un Salon de miroirs, et y soupèrent, servis par les Officiers de la Princesse ; les Violons et les Hautbois jouèrent de vieilles pièces, mais excellentes, quoi qu’il y eut près de cent ans qu’on ne les jouât plus ; et après souper, sans perdre de temps, le grand Aumônier les maria dans la Chapelle du Château, et la Dame d’honneur leur tira le rideau : ils dormirent peu, la Princesse n’en avait pas grand besoin, et le Prince la quitta dès le matin pour retourner à la Ville, où son Père devait être en peine de lui. Le Prince lui dit qu’en chassant il s’était perdu dans la forêt, et qu’il avait couché dans la hutte d’un Charbonnier, qui lui avait fait manger du pain noir et du fromage. Le Roi son père qui était bon homme, le crut, mais sa Mère n’en fut pas bien persuadée, et voyant qu’il allait presque tous les jours à la chasse, et qu’il avait toujours une raison en main pour s’excuser, quand il avait couché deux ou trois nuits dehors, elle ne douta plus qu’il n’eût quelque amourette : car il vécut avec la Princesse plus de deux ans entiers, et en eut deux enfants, dont le premier qui fut une fille, fut nommée l’Aurore, et le second un fils, qu’on nomma le Jour, parce qu’il paraissait encore plus beau que sa sœur. La Reine dit plusieurs fois à son fils, pour le faire expliquer, qu’il fallait se contenter dans la vie, mais il n’osa jamais se fier à elle de son secret ; il la craignait quoi qu’il l’aimât, car elle était de race Ogresse, et le Roi ne l’avait épousée qu’à cause de ses grands biens ; on disait même tout bas à la Cour qu’elle avait toutes les inclinations des Ogres, et qu’en voyant passer de petits enfants, elle avait toutes les peines du monde à se retenir de se jeter sur eux ; ainsi le Prince ne voulut jamais rien dire. Mais quand le Roi fut mort, ce qui arriva au bout de deux ans, et qu’il se vit le maître, il déclara publiquement son mariage, et alla en grande cérémonie quérir la Reine sa femme dans son Château. On lui fit une entrée magnifique dans la Ville Capitale, où elle entra au milieu de ses deux enfants. Quelque temps après le Roi alla faire la guerre à l’Empereur Cantalabutte son voisin. Il laissa la Régence du Royaume à la Reine sa mère, et lui recommanda fort sa femme et ses enfants : il devait en effet être à la guerre tout l’Été, et dès qu’il fut parti, la Reine Mère envoya sa bru et ses enfants à une maison de campagne dans les bois, pour pouvoir plus aisément assouvir son horrible envie. Elle y alla quelques jours après, et dit un soir à son Maître d’Hôtel, je veux manger demain à mon dîner la petite Aurore. Ah ! Madame, dit le Maître d’Hôtel ; je le veux, dit la Reine (et elle le dit d’un ton d’Ogresse, qui a envie de manger de la chair fraîche) et je la veux manger à la Sauce-robert. Ce pauvre homme voyant bien qu’il ne fallait pas se jouer à une Ogresse, prit son grand couteau, et monta à la chambre de la petite Aurore : elle avait pour lors quatre ans, et vint en sautant et en riant se jeter à son col, et lui demander du bonbon. Il se mit à pleurer, le couteau lui tomba des mains, et il alla dans la basse-cour couper la gorge à un petit agneau, et lui fit une si bonne sauce que sa Maîtresse l’assura qu’elle n’avait jamais rien mangé de si bon. Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l’avait donnée à sa femme pour la cacher, dans le logement qu’elle avait au fond de la basse-cour. Huit jours après la méchante Reine dit à son Maître d’Hôtel, je veux manger à mon souper le petit Jour : il ne répliqua pas, résolu de la tromper comme l’autre fois ; il alla chercher le petit Jour, et le trouva avec un petit fleuret à la main, dont il faisait des armes avec un gros Singe, il n’avait pourtant que trois ans : il le porta à sa femme qui le cacha avec la petite Aurore, et donna à la place du petit Jour, un petit chevreau fort tendre, que l’Ogresse trouva admirablement bon.

Cela était fort bien allé jusque là, mais un soir cette méchante Reine dit au Maître d’Hôtel, je veux manger la Reine à la même sauce que ses enfants. Ce fut alors que le pauvre Maître d’Hôtel désespéra de la pouvoir encore tromper. La jeune reine avait vingt ans passés, sans compter les cent ans qu’elle avait dormi : sa peau était un peu dure, quoique belle et blanche ; et le moyen de trouver dans la Ménagerie une bête aussi dure que cela ? Il prit la résolution pour sauver sa vie, de couper la gorge à la Reine, et monta dans sa chambre, dans l’intention de n’en pas faire à deux fois ; il s’excitait à la fureur, et il entra le poignard à la main dans la chambre de la jeune Reine : il ne voulut pourtant point la surprendre, et il lui dit avec beaucoup de respect, l’ordre qu’il avait reçu de la Reine Mère. Faites votre devoir, lui dit-elle, en lui tendant le col ; exécutez l’ordre qu’on vous a donné ; j’irai revoir mes enfants, mes pauvres enfants que j’ai tant aimés, car elle les croyait morts depuis qu’on les avait enlevés sans rien lui dire. Non, non, Madame, lui répondit le pauvre Maître d’Hôtel tout attendri, vous ne mourrez point, et vous ne laisserez pas d’aller revoir vos chers enfants, mais ce sera chez moi, où je les ai cachés, et je tromperai encore la Reine, en lui faisant manger une jeune biche en votre place. Il la mena aussitôt à sa chambre, où la laissant embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il alla accommoder une biche, que la Reine mangea à son souper, avec le même appétit que si c’eût été la jeune Reine. Elle était bien contente de sa cruauté, et elle se préparait à dire au Roi à son retour, que les loups enragés avaient mangé la Reine sa femme et ses deux enfants.

Un soir qu’elle rôdait à son ordinaire dans les cours et basses-cours du Château pour y halener quelque viande fraîche, elle entendit dans une salle basse le petit Jour qui pleurait, parce que la Reine sa mère le voulait faire fouetter, à cause qu’il avait été méchant, et elle entendit aussi la petite Aurore qui demandait pardon pour son frère. L’Ogresse reconnut la voix de la Reine et de ses enfants, et furieuse d’avoir été trompée, elle commande dès le lendemain au matin, avec une voix épouvantable, qui faisait trembler tout le monde, qu’on apportât au milieu de la cour une grande cuve, qu’elle fit remplir de crapauds, de vipères, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la Reine et ses enfants, le Maître d’Hôtel, sa femme et sa servante : elle avait donné l’ordre de les amener les mains liées derrière le dos. Ils étaient là, et les bourreaux se préparaient à les jeter dans la cuve, lorsque le Roi qu’on n’attendait pas si tôt, entra dans la cour à cheval ; il était venu en poste, et demanda tout étonné ce que voulait dire cet horrible spectacle ; personne n’osait l’en instruire, quand l’Ogresse enragée de voir ce qu’elle voyait, se jeta elle-même la tête la première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines bêtes qu’elle y avait fait mettre. Le Roi ne laissa pas d’en être fâché, elle était sa mère, mais il s’en consola bientôt avec sa belle femme et ses enfants.

 

 

Moralité

 

Attendre quelque temps pour avoir un Époux,

Riche, bien fait, galant et doux,

La chose est assez naturelle ;

Mais l’attendre cent ans et toujours en dormant,

On ne trouve plus de femelle,

Qui dormît si tranquillement.

La Fable semble encore vouloir nous faire entendre,

Que souvent de l’Hymen les agréables nœuds,

Pour être différés n’en sont pas moins heureux,

Et qu’on ne perd rien pour attendre ;

Mais le sexe avec tant d’ardeur,

Aspire à la foi conjugale,

Que je n’ai pas la force ni le cœur,

De lui prêcher cette Morale.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
ne 61 6.25 ne / n' Adverbe
faire 34 8.54 faire / fait / firent / ferais / faisaient Verbe
dire 25 11.83 dire / dit / disait / disaient Verbe
princesse 19 97.49 princesse Nom
petit 19 11.5 petit / petits Adjectif
roi 18 36.25 roi Nom
enfant 15 10.42 enfant / enfants Nom
grand 14 4.48 grand / grands Adjectif
bien 13 4.67 bien Adverbe
aller 13 5.05 aller / alla / allait / allerent / irai Verbe
tout 11 4.44 tout Adverbe
beau 11 10.2 beau / bel / belle Adjectif
bon 10 5.83 bon / bonne Adjectif
vouloir 10 4.62 vouloir / voulait / voulut / veux Verbe
jeune 9 5.53 jeune Adjectif
manger 9 27.02 manger / mangea Verbe
si 9 8.24 si Adverbe
femme 9 5.67 femme Nom
main 8 7.57 main / mains Nom
chambre 8 12.27 chambre / chambres Nom
trouver 7 4.21 trouver / trouve / trouva Verbe
entrer 7 10.19 entrer / entre / entra Verbe
vit 7 6.02 vit / vecut Verbe
jeter 6 14.52 jeter / jeta Verbe
dormir 6 19.78 dormir / dorm”t / dormirent Verbe
vieux 6 7.14 vieux / vieille / vieilles Adjectif
point 6 16.02 point Adverbe
laisser 6 4.93 laisser / laisserez Verbe
bout 6 7.86 bout Nom
fuseau 5 54.5 fuseau / fuseaux Nom
fils 5 5.72 fils Nom
mourir 5 10.05 mourir / mourra / mourrez / mouraient Verbe
fort 5 9.35 fort Adverbe
don 5 13.75 don / dons Nom
arriver 5 4.96 arriver / arriv‰t Verbe
reveiller 4 15.13 reveiller Verbe
filer 4 17.07 filer / file Verbe
morts 4 9.74 morts PPAdj
basse-cour 4 72.71 basse-cour / basse-cours Nom
prince 3 6.35 prince Nom
fee 3 15.6 fee / fees Nom
embarrasse 3 19.88 embarrasse PPAdj
lit 3 7.54 lit Nom
ou• 3 73.46 ou• PPAdj
alle 3 5.72 alle PPAdj
pleurer 3 10.61 pleurer / pleur‰t / pleurait Verbe
arbres 3 6.61 arbres Nom
lieues 3 26.09 lieues Nom
percera 3 15.16 percera / pera Verbe
sauce 3 14.57 sauce Nom
couteau 3 10.06 couteau Nom
tromper 3 8.4 tromper / tromperai Verbe
cuve 3 23.9 cuve Nom
rideau 2 6.47 rideau / rideaux Nom
mange 2 11.11 mange PPAdj
chariot 2 14.02 chariot Nom
gorge 2 7.24 gorge Nom
bottes 2 8.67 bottes Nom
horrible 2 9.9 horrible Adjectif
enragee 2 21.98 enragee Adjectif
ordonna 2 8.47 ordonna / ordonnait Verbe
biche 2 34.55 biche Nom
souper 2 39.4 souper Nom
endormis 2 11.07 endormis PPAdj
agreables 2 6.99 agreables Adjectif
f‰ches 2 17.73 f‰ches PPAdj
sept 2 7.15 sept Nom
ronces 2 30.2 ronces Nom
reveille 2 9.14 reveille PPAdj
couche 2 12.42 couche PPAdj
tendre 2 6.98 tendre / tendres Adjectif
souper 2 30.2 souper / souperent Verbe
perfection 2 9.5 perfection Nom
habillee 2 9.3 habillee PPAdj
tapisserie 2 14.81 tapisserie Nom
sommeil 2 7.21 sommeil Nom
etui d' or massif 2 88.18 etui d' or massif Nom Preposition Nom Adjectif
endormirent 2 11.5 endormirent Verbe
querir 1 16.94 querir Verbe
pain noir 1 18.57 pain noir Nom Adjectif
quoiqu'il 1 20.76 quoiqu'il Nom
malheur annonce 1 41.56 malheur annonce Nom PPAdj
entree magnifique 1 41.56 entree magnifique Nom Adjectif
place a table 1 41.56 place a table Nom Preposition Nom
couvert magnifique 1 41.56 couvert magnifique Nom Adjectif
chair fra”che 1 20.76 chair fra”che Nom Adjectif
couteau de fin 1 41.56 couteau de fin Nom Preposition Nom
fin or 1 41.56 fin or Nom Nom
nez bourgeonne 1 41.56 nez bourgeonne Nom PPAdj
corps etendus d' hommes 1 41.56 corps etendus d' hommes Nom PPAdj Preposition Nom
quoiqu'il 1 41.56 quoiqu'il Adjectif
mere-grand 1 29.38 mere-grand Nom
honneur pressee 1 41.56 honneur pressee Nom Adjectif
epines entrelacees 1 41.56 epines entrelacees Nom PPAdj
amourette 1 29.38 amourette Nom
huche 1 41.56 huche Nom
princesse endormie 1 41.56 princesse endormie Nom PPAdj
voix epouvantable 1 41.56 voix epouvantable Nom Adjectif
chose de lumineux 1 41.56 chose de lumineux Nom Preposition Nom
halener 1 41.56 halener Verbe
salle basse 1 41.56 salle basse Nom Adjectif
viande fra”che 1 16.94 viande fra”che Nom Adjectif
perfections imaginables 1 41.56 perfections imaginables Nom Adjectif
foi conjugale 1 41.56 foi conjugale Nom Adjectif
chevreau 1 20.76 chevreau Nom
loups enrages 1 41.56 loups enrages Nom Adjectif
baise 1 15.68 baise PPAdj
palefreniers 1 15.68 palefreniers Nom
m‰tins 1 41.56 m‰tins Nom
poufle 1 41.56 poufle Nom
bois 1 23.98 bois Verbe
incarnates 1 41.56 incarnates Adjectif
etourdie 1 15.68 etourdie Adjectif
broderie d' or 1 41.56 broderie d' or Nom Preposition Nom
maisons de plaisance 1 41.56 maisons de plaisance Nom Preposition Nom
quenouille 1 29.38 quenouille Nom
galetas 1 41.56 galetas Nom
chambres pleines 1 41.56 chambres pleines Nom Adjectif
eclat resplendissant 1 41.56 eclat resplendissant Nom Adjectif
vieille 1 13.82 vieille Nom
plurent 1 12.5 plurent Verbe
songes agreables 1 41.56 songes agreables Nom Adjectif
tremblant 1 23.98 tremblant Nom
admirant 1 29.38 admirant Adjectif
epines 1 16.94 epines Verbe
avant-cour 1 41.56 avant-cour Nom
gouttes de vin 1 41.56 gouttes de vin Nom Preposition Nom
face vermeille 1 41.56 face vermeille Nom Adjectif
sortes d' instruments 1 23.98 sortes d' instruments Nom Preposition Nom
cantalabutte 1 41.56 cantalabutte Verbe

Dornröschen

Conte référent

Body

Ein König und eine Königin kriegten gar keine Kinder. Eines Tags war die Königin im Bad, da kroch ein Krebs aus dem Waßer ans Land und sprach : du wirst bald eine Tochter bekommen. Und so geschah es auch und der König in der Freude hielt ein großes Fest und im Lande waren dreizehn Feen, er hatte aber nur zwölf goldne Teller und konnte also die dreizehnte nicht einladen. Die Feen begabten sie mit allen Tugenden und Schönheiten. Wie nun das Fest zu Ende ging, so kam die dreizehnte Fee und sprach: ihr habt mich nicht gebeten und ich verkündige euch, daß eure Tochter in ihrem funfzehnten Jahr sich an einer Spindel in den Finger stechen und daran sterben wird. Die andern Feen wollten dies so gut noch machen, als sie konnten und sagten : sie sollte nur hundert Jahre in Schlaf Fallen.

Der König ließ aber den Befehl ausgehen, daß alle Spindeln im ganzen Reich abgeschafft werden sollten, welches geschah, und als die Königstochter nun funfzehnjährig war und eines Tags die Eltern ausgegangen waren, so ging sie im Schloß herum und gelangte endlich an einen alten Thurn. In den Thurn führte eine enge Treppe, da kam sie zu einer kleinen Thür, worin ein gelber Schlüßel steckte, den drehte sie um und kam in ein Stubchen worin eine alte Frau ihren Flachs spann. Und sie scherzte mit der Frau und wollte auch spinnen. Da stach sie sich in die Spindel und fiel alsbald in einen tiefen Schlaf. Da auch in dem Augenblick der König und der Hofstaat zurückgekommen war, so fing alles alles im Schloß an zu schlafen, bis auf die Fliegen an den Wänden. Und um das ganze Schloß zog sich eine Dornhecke, daß man nichts davon sah.

Nach langer langer Zeit kam ein Königssohn in das Land, dem erzählte ein alter Mann die Geschichte, die er sich erinnerte von seinem Großvater gehört zu haben, und daß schon viele versucht hätten durch die Dornen zu gehen, aber alle hängen geblieben wären. Als sich aber dieser Prinz der Dornhecke näherte, so thaten sich alle Dornen vor ihm auf und vor ihm schienen sie Blumen zu seyn, und hinter ihm wurden sie wieder zu Dörnern. Wie er nun in das Schloß kam, küßte er die schlafende Princeßin und alles erwachte von dem Schlaf und die zwei heiratheten sich und wenn sie nicht gestorben sind, so leben sie noch

 

Type TEI

Rose d'épine

Conte référent

Body

01

Il y avait une fois un roi et une reine qui disaient tous les jours :
– Si nous avions au moins un enfant !
Et ils n’en avaient toujours point. Or, il arriva qu’un jour, où la reine était au bain, une grenouille sortit de l’eau, monta sur la rive et lui dit :
– Ton désir va être exaucé. Avant un an tu mettras au monde une petite fille.
Ce que la grenouille avait dit arriva. La reine accoucha d’une petite fille si belle, que le roi ne pouvait plus se tenir de joie et commanda une grande fête. Il invita non seulement parents, amis et connaissances, mais aussi toutes les dames sages (les fées), afin de les bien disposer en faveur de l’enfant. Il y en avait treize dans son royaume ; mais comme il ne possédait que douze assiettes d’or sur lesquelles il pût les faire manger, il dut en laisser une sans invitation. La fête fut célébrée avec toute splendeur ; et quand elle fut finie, les fées gratifièrent l’enfant de leurs cadeaux merveilleux : l’une lui donna la vertu ; l’autre, la beauté ; la troisième, la richesse, et ainsi de suite, de tout ce qu’il y a de plus désirable au monde. Quand les onze premières eurent dit leur mot, la treizième entra brusquement. Elle voulait se venger de ce qu’on ne l’avait pas invitée ; aussi, sans saluer ni regarder personne, elle s’écria à haute voix :
– À quinze ans, la fille du roi se piquera avec un fuseau et en mourra.
Et, sans en dire davantage, elle se retourna et quitta la salle. Tout le monde était effrayé, quand la douzième s’avança, qui n’avait pas encore exprimé son vœu, et comme elle pouvait, non pas lever la mauvaise sentence, mais seulement l’adoucir, elle dit :
– Mais elle ne mourra pas de mort réelle. La fille du roi tombera seulement dans un profond sommeil de cent ans.

02

Le roi, qui tenait beaucoup à préserver sa chère enfant d’un si grand malheur, fit donner un ordre qui interdisait les fuseaux dans tout son royaume.
Du reste, tous les autres dons des fées s’étaient réalisés à la fois pour la jeune fille, car elle était belle, modeste, aimable et intelligente, au point que quiconque la regardait l’aimait forcément. Il advint que le jour où précisément elle arrivait à sa quinzième année le roi et la reine n’étaient pas à la maison et que la jeune fille restait seule au château. Elle alla alors partout, visitant chambres et salons àsa volonté, et finit par arriver aussi à une vieille tour. Elle grimpa l’étroit escalier tournant et parvint à une petite porte. Dans la serrure se trouvait une clef rouillée et, quand elle la tourna, la porte s’ouvrit brusquement, et dans une petite chambrette se trouvait là une vieille femme avec un fuseau, filant hâtivement son chanvre.
– Bonjour, ma vieille mère ! dit la fille du roi. Que fais-tu là ?
– Je file, répondit la vieille en la saluant de la tête.
– Qu’est-ce donc qui sautille si gaiement de tous côtés ? demanda la jeune fille, qui prit le fuseau et voulut aussi filer. Mais à peine avait-elle touché le fuseau, que la sentence fatale eut son effet, et elle se piqua le doigt avec.

03

Au même instant où elle reçut la piqûre, elle tomba renversée sur le lit, qui se trouvait là, et fut plongée dans un profond sommeil. Et ce sommeil s’étendit sur tout le château. Le roi et la reine, qui étaient revenus et qui rentraient dans la salle, s’affaissèrent endormis et toute la cour avec eux. De même s’endormirent aussi les chevaux à l’écurie, les chiens dans la cour, les pigeons sur le toit, les mouches à la muraille et le feu lui-même, qui flambait au foyer, s’arrêta et s’assoupit ; le rôti cessa de grésiller, et le cuisinier, qui voulait tirer les cheveux au marmiton, parce qu’il avait oublié quelque chose, le laissa libre et s’endormit. Le vent se tut lui-même, et, sur les arbres, devant le château, aucune feuille ne bougea plus.

04

Bientôt, tout autour du château, se mit à croître une haie d’épines, qui chaque année devint plus grande, et enfin enveloppa tout le château, et le dépassa si bien en hauteur, qu’il n’y avait plus moyen d’en rien voir, pas même la girouette sur le toit. Mais dans le pays courait la légende de la belle Rose- d’Épine endormie, car ainsi s’appelait la fille du roi ; en sorte que, de temps en temps, venaient des fils de roi, qui voulaient pénétrer dans le château à travers la haie ; mais tout effort était inutile, car les épines se tenaient solidement enlacées comme si elles eussent eu des mains ; et ces jeunes gens y restaient suspendus, sans plus pouvoir s’en arracher, et mouraient d’une mort lamentable.
Après bien des années, il arriva de nouveau dans le pays un fils de roi, qui entendit un vieillard raconter l’histoire de la haie d’épines derrière laquelle devait se trouver un château danslequel une fille de roi, merveilleusement belle et nommée Rose- d’Épine, dormait déjà depuis un siècle et avec elle dormaient le roi, la reine et toute la cour. Il savait aussi, de son grand-père, que déjà beaucoup de fils de roi étaient venus et avaient essayé de pénétrer dans la haie, mais ils y étaient restés suspendus et y étaient morts tristement.
– Eh bien ! moi, je n’ai pas peur, dit le jeune homme ; je veux y entrer et voir la belle Rose- d’Épine.
Le bon vieux l’en dissuada, mais il n’écouta pas ses paroles.

05

En ce moment, les cent ans étaient précisément écoulés, et le jour était venu où Rose- d’Épine devait se réveiller. Quand le fils de roi s’approcha de la haie, elle était pleine de grandes belles fleurs, qui s’ouvrirent elles-mêmes et le laissèrent entrer sain et sauf, puis, derrière lui, se refermèrent comme une haie. Dans la cour du château, il vit les chevaux et les chiens de chasse tachetés couchés et endormis ; sur le toit les pigeons étaient accroupis, la tête sous leur aile. Et quand il entra dans la maison, les mouches dormaient à la muraille ; le cuisinier, dans la cuisine, tenait encore sa main comme s’il voulait saisir aux cheveux le marmiton, et la servante était assise devant une poule noire qu’elle était en train de plumer. Il passa outre, et vit dans la salle toute la cour couchée et endormie, et au-dessus, près du trône, gisaient le roi et la reine. Il alla encore plus loin, et tout était si calme qu’on eût pu entendre son propre souffle, et enfin il arriva à la tour, ouvrit la porte de la petite chambre dans laquelle Rose- d’Épine dormait. Elle était couchée et si belle, qu’il ne pouvait en détourner ses yeux ; il ne put également s’empêcher de se pencher et de lui donner un baiser. À peine ce baiser l’eut-il touchée, que Rose- d’Épine ouvrit les yeux, se réveilla et le regarda très amicalement. Alors, ils descendirent ensemble, et le roi se réveilla ainsi que la reine et toute la cour, et ils se regardèrent entre eux avec de grands yeux. Les chevaux dans la cour se levèrent et se secouèrent ; les chiens de chasse se mirent à sauter et frétiller de la queue ; les pigeons, sur les toits, sortirent leur petite tête de dessous leur aile, regardèrent autour d’eux et s’envolèrent dans la campagne ; les mouches sur la muraille recommencèrent à trottiner ; le feu, dans la cuisine, se ranima, flamboya etcuisit le diner ; le rôti se remit à grésiller ; le cuisinier donna au marmiton un soufflet qui le fit crier, et la servante finit de plumer sa poule. Et alors on célébra avec magnificence la noce du fils du roi et de Rose- d’Épine, et ils vécurent heureux jusqu’à leur fin.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
roi 17 56.17 roi Nom
fille 10 19.82 fille Nom
chateau 8 36.19 chateau Nom
reine 8 40.51 reine Nom
belle 7 10.66 belle / belles Adjectif
cour 7 18.01 cour Nom
petite 6 5.39 petite Adjectif
voulait 6 4.87 voulait / voulut / voulaient / veux Verbe
rose-d'epine 6 304.3 rose-d'epine Nom
arriver 6 10.97 arriver / arriva / arrivait Verbe
si 6 9.11 si Adverbe
haie 5 47.82 haie Nom
jeune 5 5.09 jeune / jeunes Adjectif
fils 5 10.03 fils Nom
regarder 5 12.88 regarder / regarda / regardait / regarderent Verbe
vieux 5 10.03 vieux / vieille Adjectif
fuseau 5 88.91 fuseau / fuseaux Nom
ouvrit 4 10.41 ouvrit / ouvrirent Verbe
entrer 4 9.11 entrer / entra Verbe
dormait 4 20.67 dormait / dormaient Verbe
tenir 4 4.96 tenir / tenait / tenaient Verbe
toit 4 19.37 toit / toits Nom
fils de roi 4 193.64 fils de roi Nom Preposition Nom
epines 3 39.59 epines Nom
cuisinier 3 23.85 cuisinier Nom
marmiton 3 119.77 marmiton Nom
porte 3 6.03 porte Nom
chiens 3 11.65 chiens Nom
mourra 3 9.23 mourra / mouraient Verbe
endormie 3 30.22 endormie PPAdj
sommeil 3 19.98 sommeil Nom
couchee 3 33.81 couchee PPAdj
fees 3 25.59 fees Nom
chevaux 3 9.75 chevaux Nom
reveiller 3 17.77 reveiller / reveilla Verbe
mouches 3 25.02 mouches Nom
pigeons 3 38.55 pigeons Nom
aile 2 7.84 aile Nom
chiens de chasse 2 117.36 chiens de chasse Nom Preposition Nom
grenouille 2 24.59 grenouille Nom
penetrer 2 9.49 penetrer Verbe
filer 2 11.98 filer / file Verbe
plumer 2 35.9 plumer Verbe
cheveux 2 7.24 cheveux Nom
piquera 2 18.25 piquera / piqua Verbe
endormit 2 18.88 endormit / endormirent Verbe
brusquement 2 13.72 brusquement Adverbe
sentence 2 18.8 sentence Nom
baiser 2 22.38 baiser Nom
roti 2 56.36 roti Nom
suspendus 2 6.67 suspendus PPAdj
servante 2 29.29 servante Nom
haie d' epines 2 143.74 haie d' epines Nom Preposition Nom
poule 2 11.98 poule Nom
muraille 2 19.76 muraille Nom
girouette 1 25.59 girouette Nom
chateau a travers 1 67.76 chateau a travers Nom Preposition Nom
accroupis 1 12.77 accroupis PPAdj
rose-d'epine endormie 1 67.76 rose-d'epine endormie Nom PPAdj
cour couchee 1 67.76 cour couchee Nom PPAdj
magnificence 1 17.47 magnificence Noma
enlacees 1 12.54 enlacees PPAdj
mort lamentable 1 67.76 mort lamentable Nom Adjectif
soufflet 1 22.57 soufflet Nom
poule noire 1 47.91 poule noire Nom Adjectif
escalier tournant 1 67.76 escalier tournant Nom Adjectif
fretiller 1 22.57 fretiller Verbe
amicalement 1 19.54 amicalement Adverbe
chiens de chasse tachetes 1 67.76 chiens de chasse tachetes Nom Preposition Nom Adjectif
flamboya 1 25.59 flamboya Verbe
mort reelle 1 67.76 mort reelle Nom Adjectif
gratifierent 1 14.09 gratifierent Verbe
douzieme 1 14.41 douzieme Nom
dames sages 1 67.76 dames sages Nom Adjectif
exauce 1 12.33 exauce PPAdj
desirable 1 12.54 desirable Adjectif
assiettes d' or 1 47.91 assiettes d' or Nom Preposition Nom
affaisserent 1 21.41 affaisserent Verbe
gresiller 1 25.59 gresiller Verbe
sentence fatale 1 67.76 sentence fatale Nom Adjectif
clef rouillee 1 67.76 clef rouillee Nom Adjectif
gaiement 1 15.51 gaiement Adverbe
sautille 1 25.59 sautille Verbe
chanvre 1 13.8 chanvre Nom
chambrette 1 39.11 chambrette Nom
fille de roi 1 67.76 fille de roi Nom Preposition Nom

Petite rose d'Epine

Conte référent

Body

un roi et une reine ne pouvaient pas avoir d'enfants. Un jour, alors que la reine prenait un bain, une écrevisse sortit de l'eau et dit : tu auras bientôt une fille. Et c'est ce qui arriva et le roi enchanté donna une grande fête. Or, dans le pays il y avait treize fées, mais il ne possédait que douze assiettes en or et ne pouvait donc pas inviter la treizième. Les fées offrirent à la petite fille toutes les vertus et toutes les beautés. Mais comme la fête se terminait, la treizième fée fit son apparition et dit : vous ne m'avez pas invitée, et je vous annonce que votre fille, quand elle aura quinze ans, se piquera le doigt à un fuseau et en mourra. Les autres fées voulaient réparer ce mal autant que faire se pouvait et dirent : elle devra seulement dormir pendant cent ans.

Le roi donna cependant l'ordre que tous les fuseaux dans tout le royaume soient détruits, ce qui fut fait, et quand la fille du roi eut quinze ans, un jour que ses parents étaient sortis, elle se promena dans tout le château et se retrouva finalement près d’une vieille tour. Un escalier étroit partait à l'intérieur de la tour, et la conduisit à une petite porte fermée par une clé dorée qu'elle tourna, puis elle arriva dans une petite pièce où une vieille femme était en train de filer au fuseau. Et elle plaisanta avec la femme et voulut elle aussi filer. Mais elle se piqua le doigt au fuseau et ne tarda pas à tomber dans un profond sommeil. Comme à ce moment même le roi et la cour étaient rentrés, tout et tout le monde dans le château s’endormit aussi, jusqu’aux mouches sur les murs. Alors autour du château une haie d'épines se mit à pousser jusqu'à le recouvrir tout entier.

Longtemps, longtemps après, le fils d'un roi vint au pays et un vieil homme lui raconta l'histoire qu'il se souvenait avoir entendue de son propre grand-père, à savoir que bien des hommes auraient essayé de traverser les épines, mais que tous auraient échoué et seraient restés suspendus à la haie d’épines. Mais quand ce prince s'approcha de la haie d'épines, toutes les épines s’écartèrent devant lui et devant lui elles semblaient être des fleurs, et derrière lui elles redevenaient des épines. Et comme il arrivait enfin au château, il embrassa la princesse endormie, et tout le monde sortit de son sommeil, et les deux se marièrent, et s’ils ne sont pas morts, ils vivent toujours

 

Type TEI

Dornröschen

Conte référent

Body

01

Vorzeiten war ein König und eine Königin, die sprachen jeden Tag: „ Ach, wenn wir doch ein Kind hätten! “ und kriegten immer keins. Da trug sich zu, als die Königin einmal im Bade saß, daß ein Frosch aus dem Wasser ans Land kroch und zu ihr sprach: „ Dein Wunsch wird erfüllt werden, ehe ein Jahr vergeht, wirst du eine Tochter zur Welt bringen. “ Was der Frosch gesagt hatte, das geschah, und die Königin gebar ein Mädchen, das war so schön, daß der König vor Freude sich nicht zu lassen wußte und ein großes Fest anstellte. Er ladete nicht bloss seine Verwandte, Freunde und Bekannte, sondern auch die weisen Frauen dazu ein, damit sie dem Kind hold und gewogen wären. Es waren ihrer dreizehn in seinem Reiche, weil er aber nur zwölf goldene Teller hatte, von welchen sie essen sollten, so mußte eine von ihnen daheim bleiben. Das Fest ward mit aller Pracht gefeiert, und als es zu Ende war, beschenkten die weisen Frauen das Kind mit ihren Wundergaben: die eine mit Tugend, die andere mit Schönheit, die dritte mit Reichtum, und so mit allem, was auf der Welt zu wünschen ist. Als elfe ihre Sprüche eben getan hatten, trat plötzlich die dreizehnte herein. Sie wollte sich dafür rächen daß sie nicht eingeladen war, und ohne jemand zu grüßen oder nur anzusehen, rief sie mit lauter Stimme: „ Die Königstochter soll sich in ihrem fünfzehnten Jahr an einer Spindel stechen und tot hinfallen. “ Und ohne ein Wort weiter zu sprechen kehrte sie sich um und verließ den Saal. Alle waren erschrocken, da trat die zwölfte hervor, die ihren Wunsch noch übrig hatte und weil sie den bösen Spruch nicht aufheben, sondern nur ihn mildern konnte, so sagte sie: „ Es soll aber kein Tod sein, sondern ein hundertjähriger tiefer Schlaf, in welchen die Königstochter fällt. “

02

Der König, der sein liebes Kind vor dem Unglück gern bewahren wollte, ließ den Befehl ausgehen, daß alle Spindeln im ganzen Königreiche sollten verbrannt werden. An dem Mädchen aber wurden die Gaben der weisen Frauen sämtlich erfüllt, denn es war so schön, sittsam, freundlich und verständig, daß es jedermann, der es ansah, liebhaben mußte. Es geschah, daß an dem Tage, wo es gerade fünfzehn Jahr alt ward, der König und die Königin nicht zu Haus waren, und das Mädchen ganz allein im Schloß zurückblieb. Da gieng es allerorten herum, besah Stuben und Kammern, wie es Lust hatte, und kam endlich auch an einen alten Turm. Es stieg die enge Wendeltreppe hinauf, und gelangte zu einer kleinen Türe. In dem Schloß steckteein verrosteter Schlüssel, und als es umdrehte, sprang die Türe auf, und saß da in einem kleinen Stübchen eine alte Frau mit einer Spindel und spann emsig ihren Flachs. „ Guten Tag, du altes Mütterchen “, sprach die Königstochter, „ was machst du da? “ „ Ich spinne “, sagte die Alte und nickte mit dem Kopf. „ Was ist das für ein Ding, das so lustig herumspringt? “ sprach das Mädchen, nahm die Spindel und wollte auch spinnen. Kaum hatte sie aber die Spindel angerührt, so ging der Zauberspruch in Erfüllung, und sie stach sich damit, in den Finger.

03

In dem Augenblick aber, wo sie den Stich empfand, fiel sie auf das Bett nieder, das da stand, und lag in einem tiefen Schlaf. Und dieser Schlaf verbreitete sich über das ganze Schloß: der König und die Königin, die eben heimgekommen waren und in den Saal getreten waren, fingen an einzuschlafen, und der ganze Hofstaat mit ihnen. Da schliefen auch die Pferde im Stall, die Hunde im Hofe, die Tauben auf dem Dache, die Fliegen an der Wand, ja, das Feuer, das auf dem Herde flackerte, ward still und schlief ein, und der Braten hörte auf zu brutzeln, und der Koch, der den Küchenjungen, weil er etwas versehen hatte, in den Haaren ziehen wollte, ließ ihn los und schlief. Und der Wind legte sich, und auf den Bäumen vor dem Schloß regte sich kein Blättchen mehr.

04

Rings um das Schloß aber begann eine Dornenhecke zu wachsen, die jedes Jahr höher ward, und endlich das ganze Schloß umzog, und darüber hinaus wuchs, daß gar nichts mehr davon zu sehen war, selbst nicht die Fahne auf dem Dach. Es ging aber die Sage in dem Land von dem schönen schlafenden Dornröschen, denn so ward die Königstochter genannt, also daß von Zeit zu Zeit Königssöhne kamen und durch die Hecke in das Schloß dringen wollten. Es war ihnen aber nicht möglich, denn die Dornen, als hätten sie Hände, hielten fest zusammen, und die Jünglinge blieben darin hängen, konnten sich nicht wieder losmachen und starben eines jämmerlichen Todes. Nach langen, langen Jahren kam wieder ein mal ein Königssohn in das Land, und hörte wie ein alter Mann von der Dornenhecke erzählte, es sollte ein Schloß dahinter stehen, in welchem eine wunderschöne Königstochter, Dornröschen genannt, schon seit hundert Jahren schliefe, und mit ihr schliefe der König und die Königin und der ganze Hofstaat. Er wußte auch von seinem Großvater, daß schon viele Königssöhne gekommen wären und versucht hätten durch die Dornenhecke zu dringen, aber sie wären darin hängengeblieben und eines traurigen Todes gestorben. Da sprachder Jüngling: „ ich fürchte mich nicht, ich will hinaus und das schöne Dornröschen sehen. “ Der gute Alte mochte ihm abraten, wie er wollte, er hörte nicht auf seine Worte.

05

Nun waren aber gerade die hundert Jahre verflossen, und der Tag war gekommen, wo Dornröschen wieder erwachen sollte. Als der Königssohn sich der Dornenhecke näherte, waren es lauter große schöne Blumen, die taten sich von selbst auseinander und ließen ihn unbeschädigt hindurch, und hinter ihm taten sie sich wieder als eine Hecke zusammen. Im Schloßhof sah er die Pferde und scheckigen Jagdhunde liegen und schlafen, auf dem Dache saßen die Tauben und hatten das Köpfchen unter den Flügel gesteckt. Und als er ins Haus kam, schliefen die Fliegen an der Wand, der Koch in der Küche hielt noch die Hand, als wollte er den Jungen anpacken, und die Magd saß vor dem schwarzen Huhn, das sollte gerupft werden. Da ging er weiter, und sah im Saale den ganzen Hofstaat liegen und schlafen, und oben bei dem Throne lag der König und die Königin. Da ging er noch weiter, und alles war so still, daß einer seinen Atem hören konnte, und endlich kam er zu dem Turm und öffnete die Türe zu der kleinen Stube, in welcher Dornröschen schlief. Da lag es und war so schön, daß er die Augen nicht abwenden konnte, und er bückte sich und gab ihm einen Kuß. Wie er es mit dem Kuß berührt hatte, schlug Dornröschen die Augen auf, erwachte, und blickte ihn ganz freundlich an. Da gingen sie zusammen herab, und der König erwachte und die Königin, und der ganze Hofstaat, und sahen einander mit großen Augen an. Und die Pferde im Hof standen auf und rüttelten sich; die Jagdhunde sprangen und wedelten; die Tauben auf dem Dache zogen das Köpfchen unterm Flügel hervor, sahen umher und flogen ins Feld; die Fliegen an den Wänden krochen weiter; das Feuer in der Küche erhob sich, flackerte; und kochte das Essen; der Braten fing wieder an zu brutzeln; und der Koch gab dem Jungen eine Ohrfeige, daß er schrie; und die Magd rupfte das Huhn fertig. Und da wurde die Hochzeit des Königssohns mit dem Dornröschen in aller Pracht gefeiert, und sie lebten vergnügt bis an ihr Ende.

Type TEI

Rose d'Epine

Il y avait une fois un roi et une reine qui disaient tous les jours :

– Si nous avions au moins un enfant !

Et ils n’en avaient toujours point. Or, il arriva qu’un jour, où la reine était au bain, une grenouille sortit de l’eau, monta sur la rive et lui dit :

– Ton désir va être exaucé. Avant un an tu mettras au monde une petite fille.

Rose d'Eglantier

Au bon vieux temps vivaient un roi et une reine, qui disaient chaque jour : « Ah ! si Dieu daignait nous accorder un enfant ! » Et pourtant l’enfant ne venait pas. Il arriva qu’un jour, tandis que la reine se baignait, une grenouille passa sa tête hors de l’eau et lui dit :
– Tes désirs seront satisfaits ; tu mettras au monde une fille.

Petite rose d'Epine

Un roi et une reine ne pouvaient pas avoir d'enfants. Un jour, alors que la reine prenait un bain, une écrevisse sortit de l'eau et dit : tu auras bientôt une fille. Et c'est ce qui arriva et le roi enchanté donna une grande fête. Or, dans le pays il y avait treize fées, mais il ne possédait que douze assiettes en or et ne pouvait donc pas inviter la treizième. Les fées offrirent à la petite fille toutes les vertus et toutes les beautés.