Blanche-Neige (Schneewittchen en version originale allemande) est le titre d'un conte célèbre en Europe et en Amérique du Nord, dont la version la plus connue est celle recueillie et mise en forme par Jacob et Wilhelm Grimm parue en 1812 (numéro 709 dans la classification Aarne-Thompson).
Le conte collecté par les frères Jacob et Wilhelm Grimm aurait été inspiré par un mythe germanique. Plusieurs mythes européens peuvent correspondre à ce personnage.

Blanche neige

Conte référent

Body

01

C’était en hiver, les flocons de neige tombaient du ciel comme du duvet.
Une reine était assise près de sa fenêtre dont l’encadrement était en ébène et brodait. Soudain, elle se piqua avec son aiguille, et trois gouttes de sang tombèrent dans la neige. En voyant le joli effet du rouge sur la blancheur de la neige elle se dit : Je voudrais un enfant, blanc comme la neige, rouge comme le sang et noir comme le bois de ce chambranle.
Et elle eut peu de temps après une petite fille qui était blanche comme la neige, rouge comme le sang et dont les cheveux étaient noirs comme de l’ébène ; c’est pourquoi elle fut appelée Blanche-Neige. La reine mourut quand elle naquit.
Un an après, le roi se remaria. Sa seconde femme était très belle, mais elle était fière, hautaine, et ne pouvait souffrir qu’on la dépassât en beauté. Elle avait un miroir magique. Quand elle s’y regardait et lui demandait :
– Miroir, petit miroir au mur, quelle est la plus belle de tout le pays ?
Le miroir répondait :
– Madame la reine, c’est vous qui êtes la plus belle.
Et elle était heureuse, car elle savait que son miroir disait la vérité.

02

Cependant Blanche-Neige croissait en âge comme en beauté, et à sept ans elle était belle comme le jour et plus belle même que la reine.
Un jour que celle-ci demanda à son miroir :
– Miroir, petit miroir au mur, quelle est la plus belle de tout le pays ?
Le miroir répondit :
– Madame la reine, vous êtes la plus belle ici, mais Blanche-Neige est mille fois plus belle que vous.
La reine tressaillit et devint verte de jalousie.
Dès ce moment elle ressentit de la fureur en voyant la petite fille. Et son orgueil et sa jalousie augmentèrent et ne lui laissèrent de repos ni le jour ni la nuit. Elle fit venir un chasseur et lui dit :
– Emmenez-moi cette enfant dans la forêt, je ne veux plus la voir devant mes yeux. Vous la tuerez et me rapporterez pour preuve son cœur et son foie.
Le chasseur obéit et emmena l’enfant. Au moment où il tira son couteau de chasse pour lui percer le cœur, l’enfant commença à pleurer et dit :
– O cher chasseur, ne me tuez pas, je resterai dans la forêt et ne retournerai jamais à la maison.
Elle était si belle que l’homme eut pitié d’elle et dit :
– Soit, ma pauvre enfant !
« Les bêtes féroces ne tarderont pas à te dévorer », pensa-t-il, et pourtant il se sentait soulagé d’un grand poids. À ce moment un chevreuil bondit près de lui. Il le tua, prit son foie et son cœur et les présenta à la reine pour être ceux de Blanche-Neige. L’affreuse marâtre les fit apprêter par le cuisinier et les mangea.

03

Demeurée seule dans la forêt, la pauvre enfant eut peur et se demanda ce qu’elle allait devenir. Elle se mit à courir et les cailloux pointus et les épines blessèrent ses petits pieds. Les bêtes sauvages passaient près d’elle mais ne lui faisaient aucun mal. Elle aperçut à la tombée de la nuit une petite maison où elle entra pour se reposer. Tout était minuscule dans cette maisonnette, mais joli et propret. Elle vit une table couverte d’une belle nappe sur laquelle il y avait sept petites assiettes, et à côté de chaque assiette une petite cuiller, un couteau, une fourchette, un gobelet. Sept petits lits étaient rangés près d’un mur. Ils étaient recouverts de draps bien propres. Comme elle avait faim et soif, elle mangea un peu dans chaque assiette et but une gorgée dans chaque gobelet ; car elle ne voulait priver personne de son repas. Elle voulut se coucher, car elle était très fatiguée, mais aucun lit ne lui convenait, l’un était trop large, un autre trop long, elle essaya jusqu’au septième qui fut à sa taille et dans lequel elle s’endormit.

04

Il faisait nuit noire quand les maîtres de la maison rentrèrent. C’étaient les sept nains qui dans les montagnes creusent les mines. Ils allumèrent leurs chandelles et, quand ils virent clair, ils se dirent que quelqu’un avait dû venir, car tout n’était pas tel qu’ils l’avaient laissé. L’un dit : Qui s’est assis sur ma chaise ? – Le second : Qui a mangé dans mon assiette ? – Le troisième : Qui a pris de mon pain ? – Le quatrième : Qui a mangé de mes légumes ? – Le cinquième : Qui s’est servi de ma fourchette ? – Le sixième : Qui a coupé avec mon couteau ? – Le septième : Qui a bu dans mon gobelet ?
L’un alla à son lit et dit : Qui a touché à mon lit ? Les autres s’approchèrent et dirent : On a touché au mien aussi ; mais le septième en s’approchant du sien vit Blanche-Neige qui dormait. Il appela les autres qui accoururent et furent émerveillés. Ils allèrent chercher leurs chandelles et éclairèrent Blanche-Neige. Doux Seigneur ! Doux Seigneur ! s’écrièrent-ils, que cette enfant est jolie ! Ils en eurent tant de joie qu’ils ne l’éveillèrent pas et la laissèrent dormir. Le septième nain se reposa tour à tour près de chacun de ses compagnons, et la nuit s’écoula ainsi.

05

Le lendemain en s’éveillant, Blanche-Neige fut effrayée en voyant les sept nains. Mais ils lui sourirent avec douceur et lui demandèrent :
– Comment t’appelles-tu ?
– Blanche-Neige, répondit-elle.
– Comment es-tu venue dans cette maison ? demandèrent-ils encore.
Elle leur conta alors que sa marâtre avait voulu la tuer, mais que le chasseur lui avait laissé la vie sauve et qu’elle avait couru jusqu’à ce qu’elle eût trouvé leur maisonnette.
Les nains lui dirent :
– Veux-tu te charger des soins de notre intérieur ? faire la cuisine et les menues besognes ? Tu resteras avec nous et nous ne te laisserons manquer de rien.
– Oh ! oui, dit Blanche-Neige.
Et elle demeura avec eux. Elle vaqua aux soins du ménage. Le matin, les nains s’en allaient creuser les montagnes, ils rentraient le soir, alors leur repas se trouvait prêt. Elle restait seule toute la journée, et les bons petits nains la mirent en garde contre sa belle-mère.
– Elle saura bientôt que tu vis, ne laisse entrer personne, lui dirent-ils.

06

Cependant, la reine après avoir mangé le cœur et le foie était persuadée qu’elle était désormais la plus belle. Elle alla à son miroir et dit :
– Miroir, petit miroir au mur, qui est la plus belle de tout le pays ?
Le miroir répondit :
– Madame reine, vous êtes la plus belle ici, mais Blanche-Neige, par delà les monts, chez les sept nains, est mille fois plus belle que vous.
Elle tressaillit, car elle savait que le miroir ne disait pas de mensonges, et elle vit que le chasseur l’avait trompée et que Blanche-Neige était encore en vie. Elle songea de nouveau au moyen de s’en débarrasser. Car elle n’avait de repos qu’elle ne fût déclarée la plus belle du pays.
Ayant enfin trouvé un stratagème, elle se teignit le visage et s’habilla comme une vieille marchande. Elle se rendit ainsi méconnaissable. Dans cet accoutrement elle se présenta chez les sept nains par delà les monts, heurta à la porte et dit :
– J’ai des belles marchandises à vendre.
Blanche-Neige regarda par la fenêtre et dit :
– Bonjour, bonne vieille, qu’avez-vous à vendre ?
– De belles choses, de jolies choses, répondit-elle, des corsets de toutes couleurs. Et elle lui en montra de satin rose.
« Je puis bien laisser entrer cette brave femme », pensa Blanche-Neige.
Elle lui ouvrit donc la porte et lui acheta un beau corset.
– Comme tu es mal ficelée, enfant, lui dit la vieille, viens, je vais te lacer comme il faut.
Sans méfiance, Blanche-Neige se laissa faire. Mais la vieille la laça rapidement, serra si fort les cordons que Blanche-Neige perdit la respiration et tomba inanimée.
– C’en est fait de la plus belle, dit-elle, et elle s’enfuit.
Peu après, la nuit approchant, les nains rentrèrent, et quelle ne fut pas leur stupeur en voyant leur chère Blanche-Neige à terre, étendue sans mouvement. Ils la relevèrent et, la voyant si étroitement serrée, ils entaillèrent le corset. Elle commença à respirer un peu et revint progressivement à la vie. Dès qu’elle leur eut raconté son aventure, les nains lui dirent :
– La vieille marchande n’était autre que la méchante reine. Prends garde à toi, et ne laisse entrer personne en notre absence.

07

Cependant, rentrée chez elle, la méchante femme alla devant son miroir et dit :
– Miroir, petit miroir au mur, quelle est la plus belle de tout le pays ?
Il lui répondit encore :
– Madame reine, vous êtes la plus belle ici, mais Blanche-Neige au-delà des monts, chez les sept nains, est mille fois plus belle que vous.
Elle tressaillit à ces mots et son cœur se serra, car elle comprit que Blanche-Neige était ressuscitée. Eh bien ! se dit-elle, maintenant je vais imaginer quelque chose qui me débarrassera d’elle à coup sûr. Et en sorcière artificieuse qu’elle était, elle confectionna un peigne empoisonné. Puis elle se déguisa et prit la forme d’une autre vieille femme.
Elle se rendit par delà les monts, chez les sept nains, frappa à la porte et dit :
– Belles marchandises à vendre.
Blanche-Neige passa la tête par la fenêtre et cria :
– Passez votre chemin, je ne puis laisser entrer personne.
– Tu peux toujours regarder par la fenêtre, dit la vieille.
Et elle lui montra le peigne empoisonné.
Il plut tant à l’enfant qu’elle se laissa tenter et ouvrit la porte. Elle acheta le beau peigne et la vieille dit :
– Maintenant je vais te peigner un peu comme il faut.
La pauvre Blanche-Neige se laissa faire sans méfiance. Mais dès que la vieille lui eut enfoncé le peigne dans les cheveux, le poison agit et elle tomba sans connaissance.
– C’en est enfin fait de toi, ô merveille de beauté, dit la misérable vieille, et elle partit.
Heureusement il était déjà tard et les nains ne tardèrent pas à rentrer. En voyant la pauvre Blanche-Neige étendue à terre, ils soupçonnèrent encore quelque artifice de la marâtre, cherchèrent et trouvèrent le peigne empoisonné. À peine l’en eurent-ils débarrassée que Blanche-Neige revint à elle et leur conta ce qui s’était passé. Ils lui recommandèrent de nouveau de se méfier de sa marâtre et de n’ouvrir à personne.

08

Aussitôt rentrée, la reine consulta son miroir et dit :
– Miroir, petit miroir au mur, quelle est la plus belle de tout le pays ?
Et le miroir répondit encore comme auparavant :
– Madame reine, vous êtes la plus belle ici, mais Blanche-Neige par delà les monts, chez les sept nains, est mille fois plus belle que vous.
Elle frémit de rage en entendant cette réponse :
– Blanche-Neige mourra, s’écria-t-elle, dût-il m’en coûter la vie.
Elle se rendit dans une pièce du château très isolée et y prépara une pomme empoisonnée. Elle aurait l’air si appétissante que chacun désirerait en manger, mais quiconque la toucherait des lèvres mourrait.
Quand la pomme fut prête, la reine se teignit la figure, se déguisa en paysanne et se rendit par delà les monts chez les sept nains. Elle frappa à la porte, Blanche-Neige passa la tête par la fenêtre et dit :
– Je ne puis faire entrer personne, les sept nains me l’ont défendu.
– Il n’importe, répondit la paysanne, je tiens à me débarrasser de mes pommes et je vais t’en donner une.
– Non, dit Blanche-Neige, je ne puis rien accepter.
– As-tu peur d’être empoisonnée ? dit la vieille. Regarde, je coupe la pomme en deux, tu mangeras la moitié qui est rouge et moi je mangerai la moins belle.
La pomme avait été si ingénieusement préparée que l’on pouvait sans danger manger cette dernière moitié. Blanche-Neige avait envie de cette belle pomme.
En voyant la paysanne en manger, elle prit sans défiance le morceau qu’elle lui tendit et y croqua à belles dents. Mais aussitôt elle tomba raide morte. Mais la reine la regarda avec férocité, partit d’un grand éclat de rire et dit :
– Blanche comme la neige, rouge comme le sang, noire comme l’ébène, cette fois les nains ne pourront plus te ranimer.
Quand rentrée au palais elle se plaça devant son miroir et dit :
– Miroir, petit miroir au mur, quelle est la plus belle de tout le pays ?
Le miroir lui répondit :
– Madame reine, vous êtes la plus belle du pays.

09

En rentrant, les nains trouvèrent Blanche-Neige étendue à terre, elle ne respirait plus car elle était morte. Ils la relevèrent, cherchèrent en vain ce qui avait pu causer sa mort, la délacèrent, la peignirent, la lavèrent, mais rien n’y fit ; la pauvre enfant était morte et demeura sans vie. Ils la placèrent sur son lit, s’assirent auprès d’elle et la pleurèrent pendant trois jours. Ils voulurent l’enterrer, mais elle avait le teint frais comme une personne vivante et les joues rouges. Nous ne pouvons pas la mettre en terre, dirent-ils ; et ils la placèrent dans un cercueil de verre, de manière à ce qu’on put la voir de tous côtés, et y gravèrent son nom, en lettres d’or. Puis ils exposèrent le cercueil au faîte d’une montagne voisine, et le gardèrent tour à tour. Les bêtes mêmes vinrent pleurer Blanche-Neige : d’abord un hibou, puis un corbeau, en dernier lieu un pigeon.
Blanche-Neige resta longtemps dans le cercueil sans que son teint s’altérât ; elle paraissait dormir et elle était toujours blanche comme la neige, rouge comme le sang, les cheveux noirs comme de l’ébène.
Il advint qu’un prince, attardé dans la forêt, demanda l’hospitalité aux nains. Il vit le cercueil sur la montagne, Blanche-Neige à l’intérieur et lut ce qui y était inscrit en lettres d’or. Alors il dit aux nains :
– Abandonnez-moi le cercueil, je vous en donnerai ce que vous me demanderez.
Mais les nains répondirent :
– Nous ne te le céderons pas pour tout l’or du monde.
– Faites- m’en cadeau alors, leur dit-il, car je ne puis vivre sans voir Blanche-Neige, je l’aimerai et en prendrai soin comme de ma bien-aimée.
Les bons nains furent touchés de ces paroles et ils lui abandonnèrent le cercueil. Le prince le fit emporter par ses domestiques. Il arriva que ceux-ci butèrent contre une racine d’arbre et la secousse imprimée à Blanche-Neige fit qu’elle rendit le petit morceau de pomme empoisonné qu’elle avait avalé.
Elle ouvrit aussitôt les yeux, souleva 1e couvercle, se redressa et revint à la vie.
– Mon Dieu où suis-je ? s’écria-t-elle.
– Tu es chez moi, lui dit le prince ; et il lui conta comment les choses s’étaient passées.
– Je t’aime plus que tout au monde, ajouta-t-il, viens avec moi dans le palais de mon père, tu seras ma femme.
Blanche-Neige lui fit bon accueil, le suivit et leurs noces furent célébrées avec pompe et magnificence.
Mais l’affreuse marâtre de Blanche-Neige avait également été invitée au festin. Somptueusement parée, elle alla à son miroir et lui dit :
– Miroir, petit miroir au mur, quelle est la plus belle de tout le pays ?
Et le miroir répondit :
– Madame la reine vous êtes la plus belle ici, mais la jeune reine est mille fois plus belle que vous.
L’horrible femme proféra un juron, elle eut si peur, si peur qu’elle trembla de tous ses membres. Elle eut tout d’abord l’idée de ne pas se rendre à la fête ; mais elle ne put résister à l’envie de voir la jeune reine.
Blanche-Neige la reconnut dès qu’elle fit son entrée, et la crainte et l’effroi la clouèrent sur place. Mais des souliers de métal rougis au feu avaient été préparés pour la marâtre. On les plaça devant elle et elle dut les chausser et danser tant qu’épuisée elle tomba morte à terre.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
etre 72 3.77 etre / etes / seras / etaient Verbe
beau 35 41.12 beau / belle / belles Adjectif
plus 27 4.4 plus Adverbe
miroir 21 87.31 miroir Nom
reine 19 69.84 reine Nom
dit 15 7.7 dit / disait Verbe
petit 15 10.4 petit / petits / petites Adjectif
nains 12 173.56 nains Adjectif
alla 11 5.04 alla / allait / allaient / vais Verbe
laisser 10 10.82 laisser / laisse / laissa / laisserons / laisserent Verbe
nain 9 99.82 nain / nains Nom
vieille 9 13.31 vieille Adjectif
enfant 9 6.77 enfant Nom
sept nains 9 256.63 sept nains Nom Adjectif
puis 8 6.54 puis Adverbe
mur 8 15.65 mur Nom
rouge 7 11.08 rouge / rouges Adjectif
neige 7 26.98 neige Nom
manger 7 23.76 manger / mangea / mangerai Verbe
pomme 7 37.96 pomme / pommes Nom
tomba 6 11.43 tomba / tomberent Verbe
mar‰tre 6 140.32 mar‰tre Nom
rendre 6 4.78 rendre / rendit Verbe
cercueil 6 43.79 cercueil Nom
monts 6 29.94 monts Nom
entrer 6 9.97 entrer / entra Verbe
chasseur 5 16.46 chasseur Nom
fenetre 5 16.2 fenetre Nom
dela 5 60.09 dela Adverbe
terre 5 6.48 terre Nom
porte 5 7.59 porte Nom
si 5 4.77 si Adverbe
peigne 5 57.86 peigne Nom
repondit 5 5.82 repondit Verbe
vivre 5 4.72 vivre / vis Verbe
sang 5 11.46 sang Nom
regarder 5 8.83 regarder / regarde / regarda / regardait Verbe
cÏur 5 6.3 cÏur Nom
nuit 5 5.68 nuit Nom
empoisonne 5 63.98 empoisonne / empoisonnee Adjectif
pauvre 4 9.16 pauvre Adjectif
peur 4 5.92 peur Nom
tuer 4 9.39 tuer / tuez / tua Verbe
ouvrir 4 7.1 ouvrir / ouvrit Verbe
montagne 4 9.69 montagne / montagnes Nom
lit 4 12.35 lit / lits Nom
rentrer 4 10.09 rentrer / rentraient Verbe
foret 4 10.03 foret Nom
plaa 4 8.6 plaa / placerent Verbe
betes 3 10.29 betes Nom
ebene 3 47.69 ebene Nom
dormir 3 10.26 dormir / dormait Verbe
ecria 3 33.35 ecria / ecrierent Verbe
assiette 3 16.09 assiette / assiettes Nom
septieme 3 13.51 septieme Adjectif
corset 3 38.66 corset / corsets Nom
conta 3 20.2 conta Verbe
morte 3 7.98 morte PPAdj
touches 3 5.9 touches PPAdj
cheveux 3 8.45 cheveux Nom
joli 3 9.22 joli / jolies Adjectif
mourra 3 6.32 mourra / mourrait Verbe
pleurer 3 12.24 pleurer / pleurerent Verbe
mange 3 21.32 mange PPAdj
debarrasser 3 11.65 debarrasser / debarrassera Verbe
paysanne 3 10.88 paysanne Adjectif
blanche-neige 3 137.8 blanche-neige Nom
foie 3 16.86 foie Nom
peigne empoisonne 3 137.8 peigne empoisonne Nom Adjectif
beaute 3 7.57 beaute Nom
blanche-neige 3 137.8 blanche-neige Verbe
tressaillit 3 57.85 tressaillit Verbe
etendue 3 11.35 etendue PPAdj
aussitot 3 6.92 aussitot Adverbe
deguisa 2 22.3 deguisa Verbe
respirer 2 8.93 respirer / respirait Verbe
pomme empoisonne 2 101.26 pomme empoisonne / pomme empoisonnee Nom Adjectif
tarderont 2 7.94 tarderont / tarderent Verbe
lettres d' or 2 58.45 lettres d' or Nom Preposition Nom
teint 2 13.02 teint Nom
chandelles 2 19.06 chandelles Nom
creuser 2 6.76 creuser / creusent Verbe
mechante 2 9.16 mechante Adjectif
lacer 2 82.67 lacer / laa Verbe
serra 2 8 serra Verbe
vieille 2 45.26 vieille Nom
mefiance 2 7.19 mefiance Nom
repos 2 7.53 repos Nom
jalousie 2 11.69 jalousie Nom
marchande 2 7.77 marchande Adjectif
marchandises 2 6.86 marchandises Nom
affreuse 2 13.36 affreuse Adjectif
maisonnette 2 28.59 maisonnette Nom
couteau 2 6.9 couteau Nom
teignit 2 23.81 teignit Verbe
joues rouges 1 33.74 joues rouges Nom Adjectif
miroir magique 1 27.55 miroir magique Nom Adjectif
chambranle 1 27.55 chambranle Nom
ingenieusement 1 19.47 ingenieusement Adverbe
teint frais 1 27.55 teint frais Nom Adjectif
delacerent 1 47.73 delacerent Verbe
cuiller 1 12.29 cuiller Nom
secousse imprimee 1 47.73 secousse imprimee Nom PPAdj
entendant 1 13.2 entendant Nom
blanche-neige a terre 1 47.73 blanche-neige a terre Nom Preposition Nom
table couverte 1 27.55 table couverte Nom PPAdj
morceau de pomme empoisonne 1 47.73 morceau de pomme empoisonne Nom Preposition Nom Adjectif
racine d' arbre 1 33.74 racine d' arbre Nom Preposition Nom
juron 1 13.2 juron Nom
somptueusement 1 16.85 somptueusement Adverbe
magnificence 1 12.29 magnificence Nom
montagne voisine 1 27.55 montagne voisine Nom Adjectif
hibou 1 13.75 hibou Nom
gouttes de sang 1 18.02 gouttes de sang Nom Preposition Nom
cercueil de verre 1 47.73 cercueil de verre Nom Preposition Nom
bien-aimee 1 12.72 bien-aimee Nom
bons nains 1 47.73 bons nains Nom Adjectif
souliers de metal 1 47.73 souliers de metal Nom Preposition Nom
vie sauve 1 12.29 vie sauve Nom Adjectif
cailloux pointus 1 33.74 cailloux pointus Nom Adjectif
betes sauvages 1 14.36 betes sauvages Nom Adjectif
petits nains 1 47.73 petits nains Nom Adjectif
entaillerent 1 33.74 entaillerent Verbe
plut 1 14.36 plut Verbe
peigner 1 23.85 peigner Verbe
sorciere artificieuse 1 47.73 sorciere artificieuse Nom Adjectif
betes feroces 1 23.85 betes feroces Nom Adjectif
accoutrement 1 16.85 accoutrement Nom
satin rose 1 47.73 satin rose Nom Adjectif
flocons de neige 1 21.33 flocons de neige Nom Preposition Nom
couteau de chasse 1 33.74 couteau de chasse Nom Preposition Nom
nuit approchant 1 47.73 nuit approchant Nom Adjectif
merveille de beaute 1 47.73 merveille de beaute Nom Preposition Nom

Blanche neige

Conte référent

Body

01

C’était en hiver, et les flocons de neige tombaient du ciel comme un fin duvet. Une reine noble et belle se tenait à la fenêtre ouverte de son palais ; elle brodait, et, tout en brodant, elle regardait les flocons se balancer doucement dans l’air ; alors elle se piqua le doigt avec son aiguille et trois gouttelettes de sang purpurin tombèrent sur la neige. Et ce fut un si joli effet de couleur, ce blanc, tacheté de rouge et rehaussé par le noir de l’encadrement de la fenêtre qui était en ébène, que la reine se dit : « Que je voudrais donc avoir une enfant, dont le visage, d’un blanc de neige mêlé de carmin serait ainsi encadré de noir ! »
Quelque temps après elle eut une petite fille, dont le teint était éclatant comme la neige la plus pure, teinté d’un joli rouge clair, et qui avait les cheveux noirs comme de l’ébène. L’enfant fut nommée Blanche-Neige ; elle avait à peine quelques mois que sa mère mourut.
Le roi son père se remaria avec une princesse d’une grande beauté, mais remplie d’un orgueil infernal ; elle ne pouvait pas souffrir l’idée que quelque autre pût avoir plus de charmes qu’elle. Elle possédait un miroir magique, dans lequel elle se regardait et s’admirait souvent ; et alors elle disait :
« Miroir, gentil miroir, quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Depuis des années une voix, sortant de derrière le miroir, répondait : « Princesse, c’est vous la plus belle ! »
Elle se sentait heureuse ; car elle savait que le miroir ne pouvait dire que la pure vérité.

02

Dans l’intervalle, Blanche-Neige grandissait et augmentait en beauté et en grâce ; lorsqu’elle eut sept ans, elle était devenue aussi belle que le jour.
Un jour la reine, sa marâtre, consulta comme d’habitude son miroir. Il lui répondit :
« Madame Reine, vous êtes bien belle, mais Blanche-Neige l’est mille fois plus que vous. »
Elle tressaillit de fureur, et devint toute verte de jalousie. Dès ce moment, quand elle apercevait Blanche-Neige, que tous adoraient pour sa gentillesse, elle avait des accès de rage ; son orgueil blessé ne lui laissait plus de repos, elle en perdit le sommeil. Enfin, n’y pouvant plus tenir, elle fit venir un chasseur de sa suite et lui dit : « Je ne veux plus voir la petite princesse devant mes yeux. Arrange-toi pour l’attirer dans le bois, et là tu la tueras ; tu m’apporteras son cœur et son foie, et je te donnerai un sac plein d’or. »
Le serviteur obéit, et il attira Blanche-Neige dans la forêt, sous le prétexte de lui faire voir les ébats des cerfs et des daims. Tout à coup il la saisit et, brandissant son couteau de chasse, il allait lui percer le cœur. L’enfant, fondant en larmes, le supplia de lui laisser la vie. « Je vous promets, s’écria-t-elle, de rester dans la forêt, et de ne plus jamais rentrer au palais. Ainsi ceux qui vous ont ordonné de me tuer ne sauront pas que vous m’avez épargnée. »
Le chasseur, qui n’était pas un méchant homme, eut pitié de l’innocente enfant et dit : « Eh bien, soit ; demeure dans la forêt ; mais garde-toi de la quitter ; ta mort alors serait certaine. » « Je ne risque rien, pensait-il ; les bêtes féroces la dévoreront bientôt, et la volonté de ma maîtresse sera faite, sans que j’ai besoin de me charger d’un crime abominable. »
Et alors il tua un jeune chevreuil ; il en prit le cœur et le foie, qu’il présenta à la reine comme ceux de Blanche-Neige. Dans sa haine féroce, elle les fit apprêter par le cuisinier et les mangea avec une joie cruelle.

03

Pendant ce temps la pauvre petite, restée seule dans la vaste forêt, avait bien peur et ne savait que devenir. Tout à coup elle entendit les hurlements des loups et les grognements des ours ; alors, prise de terreur, elle se mit à courir devant elle ; ses pieds délicats se blessèrent sur les cailloux pointus, et elle se déchira aux épines ; cela ne l’arrêta pas. Elle passa près de plusieurs bêtes fauves ; elles ne lui firent aucun mal. Enfin, vers le soir, haletante, épuisée, elle arriva près d’une gentille maisonnette, qui était au milieu d’une clairière ; elle y entra, mais n’y trouva âme qui vive.
L’habitation ne paraissait pas abandonnée ; tout y était si propret, si bien arrangé, que c’était un plaisir de voir ce bel ordre. Sur une table, couverte d’une belle nappe, toute blanche, étaient placées sept petites assiettes, chacune avec cuiller, fourchette, couteau et verre, tout cela mignon comme si c’était pour des enfants. Dans une chambre à côté étaient rangés sept petits lits, recouverts de draps bien propres.
Blanche-Neige, qui mourait de faim et de soif, mangea un peu des mets qui étaient déjà servis sur la table dans les assiettes ; mais, ne voulant pas faire trop de tort à aucun des convives attendus, elle prit seulement quelques bouchées de la part de chacun, et seulement une légère gorgée de chaque verre de vin.
Puis, tombant de lassitude, elle alla pour se coucher dans l’une des couchettes ; mais la première était trop courte, la seconde trop étroite ; ce ne fut qu’après les avoir essayées toutes, qu’elle trouva enfin dans la septième à étendre ses pauvres petits membres fatigués. Elle fit sa prière et ensuite elle tomba dans un profond sommeil.

04

La nuit était survenue, et peu de temps après arrivèrent les maîtres de la maisonnette ; c’étaient sept gnomes, de ces petits êtres nains qui creusent dans les montagnes après l’or, l’argent et les autres métaux. Ils allumèrent chacun une torche et alors ils s’aperçurent que quelqu’un était entré dans leur demeure ; tout n’y était pas tout à fait dans l’ordre comme ils l’avaient laissé.
Ils se mirent à table. « Qui a dérangé ma chaise ? dit le premier. – Qui a touché à mon pain ? dit le second. – Qui a pris une bouchée de ma viande ? le troisième. – Qui a bu à mon verre ? le quatrième. – Qui a goûté à mes légumes ? le cinquième. – Qui s’est servi de mon couteau ? le sixième. – Qui a mangé avec ma fourchette ? » le septième.
Après le repas, ils allèrent dans la chambre à côté. Là encore l’un après l’autre ils remarquèrent qu’on s’était couché sur leurs lits. Enfin le septième découvrit Blanche-Neige, dormant toujours du paisible sommeil de la plus pure innocence. Ils accoururent tous avec leurs torches. « Quel ravissant, quel doux enfant ! » dirent-ils. Ils se gardèrent bien de l’éveiller ; et celui dont elle occupait le lit, alla se coucher sur deux chaises.

05

Le lendemain matin, lorsque Blanche-Neige se fut éveillée et levée, et qu’elle se trouva en présence des sept nains, elle fut effrayée. Mais ils lui sourirent amicalement, et lui demandèrent son nom et ce qui l’avait amenée chez eux. Elle leur raconta qui elle était, et comment la méchanceté de sa marâtre l’avait réduite à fuir dans cette solitude. Alors ils lui dirent :
« Veux-tu rester avec nous ? Nous ne te laisserons manquer de rien. Tu feras notre ménage, notre cuisine, un peu de couture et de blanchissage. Ce n’est guère là un ouvrage pour une princesse ; mais, quand tu auras fini ta besogne, tu seras notre reine. »
Blanche-Neige accepta bien volontiers, et tout marcha à merveille. Le matin, les gnomes partaient pour les cavernes, où ils creusaient pour trouver des minerais ; dans la journée Blanche-Neige nettoyait, balayait, et préparait le repas. Le soir, les nains revenaient et l’on dînait tous ensemble. « Garde-toi bien de ta marâtre, lui dirent-ils ; elle saura bientôt où tu es. Aussi, quand tu es seule, ne laisse entrer personne ici »

06

Au bout de quelque temps la méchante reine, qui croyait Blanche-Neige bien morte, eut la fantaisie de consulter son miroir, bien qu’elle fût certaine qu’il allait lui dire qu’elle n’avait plus de rivale en beauté. Imaginez-vous sa fureur extrême lorsqu’il lui répondit : « Madame Reine, vous êtes la plus belle de tout le pays. Mais Blanche-Neige, qui au delà des monts demeure chez les sept nains, est mille fois plus belle que vous. »
Elle reconnut que le chasseur l’avait trompée. Dévorée de nouveau de la fièvre de la jalousie, elle ne fit plus que songer à un moyen de faire mourir Blanche-Neige, et elle n’eut un peu de repos que lorsqu’elle crut l’avoir trouvé.
Comme elle était quelque peu versée dans l’art de la sorcellerie, elle put se rendre facilement méconnaissable ; après s’être teint le visage, elle prit la tournure d’une vieille, et, s’habillant comme une mercière, elle s’en fut au delà des monts, avec une pacotille de jolis articles, à la maisonnette des sept nains.
Elle frappa à la porte, criant : « Belles marchandises à vendre, belles marchandises ! »
Blanche-Neige, qui se tenait au premier étage, et qui s’ennuyait d’être seule toutes les journées, ouvrit la fenêtre et demanda ce qu’elle avait à vendre.
« Oh ! de bien charmantes choses, répondit la reine ; tenez, des corsets entre autres, tout ce qu’il y a de plus coquet. »
Et en même temps elle montra un corset de satin rose, qui était des plus beaux. Blanche-Neige n’avait encore jamais vu de corset ; elle en désirait un, et elle pensa : « Cette brave femme, je peux bien la laisser entrer sans danger. »
Elle descendit donc et tira le verrou. Elle acheta le corset ; alors la reine lui dit : « Tu vas voir, comme il t’ira bien ; je m’en vais t’aider à le lacer. »
Blanche-Neige se laissa faire ; alors sa cruelle ennemie tira si fort le lacet, que la pauvre enfant perdit la respiration et tomba comme morte. La reine, toute joyeuse, retourna à son palais.
Mais heureusement que les nains, ayant terminé leur ouvrage ce jour-là plus tôt que d’ordinaire, rentrèrent peu de temps après ; ils trouvèrent leur chère Blanche-Neige toujours étendue par terre, sans mouvement. Ils coupèrent à la hâte le lacet, et la portèrent au grand air. Elle finit par respirer quelque peu ; enfin elle se ranima et elle put raconter ce qui s’était passé. « Tu as été bien imprudente, dirent les nains ; la vieille mercière n’était autre que ton affreuse marâtre. Donc à l’avenir ne laisse plus entrer qui que ce soit, quand nous ne serons pas là. »

07

La méchante reine, dès qu’elle fut rentrée au château, courut à son miroir, espérant bien entendre proclamer sa beauté unique, ce qui était pour elle la musique la plus douce. Comme la fois précédente, le miroir répondit :
« Madame Reine, vous êtes la plus belle de tout le pays. Mais Blanche-Neige, qui au delà des monts demeure avec les sept nains, est mille fois plus belle que vous. »
À ces mots, elle sentit son sang se figer dans ses veines ; elle devint toute pâle d’envie, puis toute rouge de rage. Quand elle eut repris ses esprits, elle s’appliqua de nouveau à imaginer un moyen de perdre l’innocent objet de sa haine. Elle prit un magnifique peigne, orné de perles, et en enduisit les dents d’un poison qu’elle fabriqua elle-même.
Puis, se déguisant de nouveau en vieille femme, mais avec une toute autre tournure que l’autre fois, elle se rendit à la maisonnette des sept nains. Elle frappa à la porte et cria : « Belles marchandises à vendre, belles marchandises ! »
Blanche-Neige ouvrit la fenêtre et dit : « Passez votre chemin, je n’ouvre à personne.
– Mais, répondit la reine, tu peux bien regarder les superbes articles que j’ai là. Tiens, ce peigne, digne d’une princesse. Prends-le et admire-le à ton aise ; la vue n’en coûte rien. »
Blanche-Neige se laissa tenter par l’éclat de l’écaille et des perles ; après avoir bien contemplé le peigne, elle voulut l’acheter et ouvrit la porte à la vieille, qui lui dit : « Attends, je vais t’aider à mettre le peigne dans tes beaux cheveux, pour que tu sois bien coiffée. »
Et elle enfonça le peigne avec violence ; dès que les dents touchèrent la peau, Blanche-Neige tomba comme foudroyée. « Te voilà donc bien morte, Fleur de beauté ! » s’écria la reine, en éclatant d’un rire féroce, et elle se hâta de retourner à son palais.
Heureusement que, dans l’excès de sa haine, elle avait composé, pour faire plus longtemps souffrir sa victime, un poison qui ne tuait pas sur le coup. Lorsque les nains revinrent le soir, ils trouvèrent Blanche-Neige toujours étendue par terre. Ils devinèrent ce qui s’était passé et enlevèrent vite le peigne. Le poison n’avait pas encore produit son effet et, avec un antidote, ils ramenèrent à la vie leur chère Blanche-Neige.
« C’est encore ta marâtre qui a fait ce coup, lui dirent-ils. Il faut que tu nous promettes par tout ce qui t’est sacré, que tu n’ouvriras plus la porte à qui que ce soit. » Blanche-Neige s’y engagea sur sa foi.

08

À peine rentrée au château, la reine prit son miroir. Mais la réponse fut comme les autres fois : « Blanche-Neige est mille fois plus belle que vous ! »
Elle se mit à trembler de fureur, et faillit tomber à la renverse. « Tu mourras, misérable créature, s’écria-t-elle, et dût cela me coûter ma propre vie ! »
Et elle mit toute une semaine à consulter tous les livres de sorcellerie pour fabriquer une pomme, imprégnée d’un poison subtil ; c’est-à-dire une moitié seulement était empoisonnée, celle qui était du plus beau rouge et qui répandait un parfum si délicieux, que tout le monde devait éprouver le désir d’y goûter ; l’autre moitié, qui était plus pâle, on pouvait en manger sans danger.
Alors elle se déguisa en paysanne, et mit la pomme dans un panier qui en contenait d’autres. Elle se rendit de nouveau à la maisonnette et frappa à la porte. Blanche-Neige vint à la fenêtre pour lui dire, qu’elle n’ouvrirait plus à âme qui vive.
« Mais je n’ai pas besoin d’entrer, répondit la fausse paysanne ; je peux te passer mes pommes par la fenêtre, si tu veux me les acheter. Tiens, regarde celle-ci, comme elle est magnifique ; son parfum embaume. Goûte-la, et je suis sûre que tu m’achèteras le reste pour faire une surprise à tes protecteurs, les sept nains. »
Blanche-Neige était bien tentée d’accepter, mais elle se défiait toujours un peu et dit :
« Non, je n’ose accepter.
– Que peux-tu craindre ? dit la reine. Tiens, je vais manger une moitié de la pomme, et alors tu pourras bien prendre l’autre pour juger de son goût exquis. »
Elle coupa la moitié qui était plus pâle et se mit à la croquer. Blanche-Neige alors, toute rassurée, prit l’autre moitié ; à peine y eut-elle mordu, qu’elle s’affaissa, et tomba sans vie.
La méchante marâtre, sautant et riant d’une joie infernale, s’écria : « Me voilà donc enfin débarrassée de cette créature, qui faisait mon tourment ! cette fois les nains ne la rappelleront pas à la vie. »
Elle se hâta de regagner le palais et de consulter son miroir. Cette fois il lui répondit :
« Dame reine, vous êtes la plus belle de toutes. »
Elle se sentit transportée de plaisir et d’aise, et son cœur fut en repos, autant qu’un cœur jaloux peut l’être.

09

Les nains, lorsqu’ils furent de retour le soir, trouvèrent Blanche-Neige gisant par terre inanimée. Ils la relevèrent, et cherchèrent en vain ce qui avait pu causer sa mort ; la reine avait emporté le reste de la pomme. Après avoir en vain tout essayé pour la rappeler à la vie, ils placèrent leur chère enfant d’adoption sur un lit, et la pleurèrent, trois jours durant. Ils voulurent alors l’enterrer ; mais elle avait toujours ses belles couleurs fraîches ; on aurait cru qu’elle ne faisait que dormir. Ils ne purent se résoudre à la mettre dans une froide tombe, sous terre, et ils confectionnèrent un cercueil, tout de verre, où était gravé son nom en lettres d’or ; ils l’y placèrent, et la portèrent sur le sommet de la montagne voisine ; et à tour de rôle, chaque jour l’un d’eux restait pour la garder contre les bêtes féroces.
Mais ils auraient pu s’en dispenser ; tous les animaux de la forêt, même les loups et les ours, et jusqu’aux hiboux et aux vautours, vinrent pleurer l’innocente enfant.
Plusieurs années se passèrent ainsi ; et Blanche-Neige restait toujours la même, étendue sans mouvement ; mais son teint était comme sa mère l’avait souhaité, blanc comme neige, teinté du plus beau rose ; ses longs cheveux noirs comme de l’ébène ; elle ne portait aucune trace de la mort.
Un jour un jeune prince, fils d’un puissant roi, s’étant égaré à la chasse dans la forêt, arriva sur la montagne où Blanche-Neige reposait toujours dans son cercueil de verre. Il la vit et fut ravi de sa beauté. Bien que le nain, qui faisait ce jour la garde, lui eût appris qu’elle était morte, il dit qu’il ne pouvait plus vivre sans la voir, et il offrit tous ses trésors pour pouvoir l’emporter dans son palais.
« Non, répondit le nain, nous ne céderons pas notre chère enfant pour tout l’or du monde. »
Le prince, navré de ce refus, restait plongé dans la contemplation de la beauté si pure de Blanche-Neige.
Pendant ce temps les autres nains survinrent et, voyant sa tristesse, ils eurent pitié de lui et ils lui firent don de Blanche-Neige, sachant qu’il ne manquerait pas de la faire placer dans la salle d’honneur de son château.
Le prince, ayant retrouvé ses serviteurs, leur fit prendre le cercueil sur leurs épaules, et s’en fut avec eux. Mais, en chemin, voilà que l’un d’eux trébucha contre une racine d’arbre. Blanche-Neige fut secouée avec violence par le choc et de sa bouche entr’ouverte sortit le petit morceau de pomme qu’elle avait mordu et qui n’était pas descendu au delà de l’entrée du gosier. Aussitôt Blanche-Neige respira profondément et ouvrit les yeux.
Le prince, au comble de la joie, enleva le couvercle du cercueil. Blanche-Neige, tout à fait ranimée, se leva et s’écria : « Oh ! Grand Dieu, où suis-je ? »
Le prince lui raconta tout ce qui s’était passé, et il dit ensuite : « Maintenant toutes tes épreuves sont finies. Tu m’es plus chère que tout au monde ; nous allons arriver au palais de mon père, qui est un grand roi, et tu deviendras mon épouse bien-aimée. »
Comme le prince était plein de grâce et de gentillesse, Blanche-Neige accepta sa main. Le roi, enchanté d’avoir une bru si belle et si charmante, fit tout préparer pour des fêtes de noce splendides. Il y invita la méchante reine, qui, ne sachant pas qui était la fiancée, mit ses plus beaux atours, pensant éclipser toutes les dames et demoiselles. Lorsqu’elle fut habillée, elle prit son miroir, pour entendre proclamer sa beauté triomphante. Mais elle resta transie d’effroi, lorsqu’il lui répondit : « Dame reine, vous êtes la plus belle dans ce royaume ; mais Blanche-Neige, qui va épouser le fils du roi voisin, est mille fois plus belle que vous. » Saisie d’angoisses en apprenant que sa scélératesse n’avait pas réussi, elle ne voulait d’abord plus aller à la fête ; mais la jalousie ne lui laissa pas de repos ; il lui fallut absolument aller voir l’innocent objet de sa haine.
Lorsqu’elle fit son entrée devant toute la cour, Blanche-Neige, reconnaissant sa mortelle ennemie, faillit s’évanouir de frayeur. L’affreuse marâtre la fixait du regard comme un serpent fascine un pauvre oiseau. Mais à ce moment les nains, qui étaient aussi de la noce, s’emparèrent d’elle et, lui mettant de force des souliers de métal, forgés par eux et rougis au feu, ils la firent à coups de fouet danser ainsi chaussée, jusqu’à ce que, épuisée d’atroces douleurs, elle tombât morte.
La fête se fit ensuite avec la plus grande magnificence, au milieu de l’allégresse des grands et des petits.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
ne 47 3.71 ne / n' Adverbe
plus 37 5.57 plus Adverbe
beau 23 23.12 beau / beaux / bel / belle / belles Adjectif
faire 21 4.18 faire / firent / faisait Verbe
bien 21 8.98 bien Adverbe
reine 17 54.72 reine Nom
aller 14 5.68 aller / alla / allons / allerent / va Verbe
alors 13 5.69 alors Adverbe
nain 12 116.05 nain / nains Nom
tout 12 5.1 tout Adverbe
miroir 11 39.53 miroir Nom
dire 11 4.11 dire / dirent Verbe
prendre 10 5.62 prendre / prends / prit Verbe
tomber 9 15.61 tomber / tombe / tomb‰t / tomberent Verbe
mettre 9 5.31 mettre / mit / mirent Verbe
enfant 9 5.67 enfant / enfants Nom
laisser 9 8.22 laisser / laisse / laissa / laisserons Verbe
trouver 7 4.27 trouver / trouva / trouverent Verbe
si 7 6.16 si Adverbe
mar‰tre 7 140.76 mar‰tre Nom
beaute 7 17.62 beaute Nom
enfin 6 4.88 enfin Adverbe
prince 6 14.53 prince Nom
fenetre 6 17.37 fenetre Nom
ouvrit 6 9.91 ouvrit / ouvriras / ouvrirait Verbe
pomme 6 28.21 pomme / pommes Nom
peigne 6 61.57 peigne Nom
palais 6 14.56 palais Nom
porte 5 6.53 porte Nom
morte 5 12.74 morte PPAdj
cÏur 5 5.37 cÏur Nom
mechant 5 24.24 mechant / mechante Adjectif
neige 5 16.32 neige Nom
entrer 5 6.95 entrer / entra Verbe
roi 5 9.1 roi Nom
foret 5 11.32 foret Nom
feroce 4 18.73 feroce / feroces Adjectif
consulter 4 12.63 consulter / consulta Verbe
pure 4 8.05 pure Adjectif
manger 4 11.09 manger / mangea Verbe
nains 4 51.84 nains Adjectif
dela 4 41.44 dela Adverbe
et 4 7.26 et Nom
innocent 4 17.35 innocent / innocente Adjectif
acheter 4 6.79 acheter / acheta / acheteras Verbe
moitie 4 4.89 moitie Nom
cercueil 4 24.59 cercueil Nom
poison 4 30.01 poison Nom
regarder 4 5.82 regarder / regarde / regardait Verbe
mourir 4 7.8 mourir / mourait / mourras Verbe
verre 4 10.11 verre Nom
lit 4 10.78 lit / lits Nom
accepter 4 4.96 accepter / accepta Verbe
maisonnette 4 56.45 maisonnette Nom
haine 4 9.79 haine Nom
blanche-neige 3 121.07 blanche-neige Nom
blanche-neige 3 121.07 blanche-neige Verbe
sept nains 3 104.85 sept nains Nom Adjectif
p‰le 3 14.74 p‰le Adjectif
sommeil 3 12.25 sommeil Nom
montagne 3 5.91 montagne / montagnes Nom
ecria 3 29.28 ecria Verbe
tuer 3 5.71 tuer / tua / tuait Verbe
etendue 3 9.92 etendue PPAdj
ch‰teau 3 7.2 ch‰teau Nom
cheveux 3 7.35 cheveux Nom
princesse 3 13.59 princesse Nom
betes 3 8.98 betes Nom
monts 3 11.88 monts Nom
chere 3 7.35 chere Adjectif
joie 3 7.65 joie Nom
fureur 3 14.1 fureur Nom
jalousie 3 17.1 jalousie Nom
frappa 3 7.2 frappa Verbe
repos 3 11.07 repos Nom
joli 3 8.04 joli / jolis Adjectif
chasseur 3 7.87 chasseur Nom
bouchee 2 14.83 bouchee / bouchees Nom
enleva 2 6.97 enleva / enleverent Verbe
h‰ta 2 14.53 h‰ta Verbe
septieme 2 7.02 septieme Adjectif
creature 2 8.45 creature Nom
torche 2 22.91 torche / torches Nom
coucher 2 9.7 coucher Verbe
gnomes 2 39.76 gnomes Nom
epuisee 2 6.96 epuisee PPAdj
faillit 2 14.73 faillit Verbe
affreuse 2 11.71 affreuse Adjectif
respirer 2 7.8 respirer / respira Verbe
rentree 2 6.68 rentree PPAdj
chambre a cote 2 88.97 chambre a cote Nom Preposition Nom
ennemie 2 7.35 ennemie Adjectif
noce 2 10.82 noce Nom
mordu 2 17.04 mordu PPAdj
sorcellerie 2 20.08 sorcellerie Nom
tournure 2 10.53 tournure Nom
merciere 2 88.97 merciere Nom
lacet 2 21.2 lacet Nom
orgueil 2 9.7 orgueil Nom
loups 2 6.8 loups Nom
charmante 2 9.17 charmante / charmantes Adjectif
corset 2 20.62 corset / corsets Nom
ebene 2 25.63 ebene Nom
flocons 2 28.09 flocons Nom
betes feroces 2 56.25 betes feroces Nom Adjectif
cheveux noirs 2 22.54 cheveux noirs Nom Adjectif
teint 2 11.41 teint Nom
gentil 2 8.71 gentil / gentille Adjectif
chere 2 14.33 chere Nom
foie 2 8.82 foie Nom
gentillesse 2 16.88 gentillesse Nom
admire 2 6.59 admire / admirait Verbe
pitie 2 10.69 pitie Nom
teinte 2 9.83 teinte PPAdj
pauvre petite 2 56.25 pauvre petite / pauvres petits Nom Adjectif
serviteur 2 10.42 serviteur / serviteurs Nom
affaissa 1 13.23 affaissa Verbe
cÏur jaloux 1 41.94 cÏur jaloux Nom Adjectif
tachete 1 14.8 tachete PPAdj
sautant 1 20.95 sautant Adjectif
contemple 1 13.23 contemple PPAdj
renverse 1 18.73 renverse Nom
gožt exquis 1 24.2 gožt exquis Nom Adjectif
joie infernale 1 41.94 joie infernale Nom Adjectif
enfant d' adoption 1 41.94 enfant d' adoption Nom Preposition Nom
blanche-neige gisant 1 41.94 blanche-neige gisant Nom Adjectif
terre inanimee 1 29.65 terre inanimee Nom Adjectif
rouge clair 1 41.94 rouge clair Nom Adjectif
livres de sorcellerie 1 41.94 livres de sorcellerie Nom Preposition Nom
rire feroce 1 29.65 rire feroce Nom Adjectif
embaume 1 12.61 embaume Verbe
haine feroce 1 24.2 haine feroce Nom Adjectif
sceleratesse 1 41.94 sceleratesse Nom
roi voisin 1 41.94 roi voisin Nom Adjectif
transie 1 13.95 transie PPAdj
beaute triomphante 1 41.94 beaute triomphante Nom Adjectif
fetes de noce splendides 1 41.94 fetes de noce splendides Nom Preposition Nom Adjectif
bouche entr'ouverte 1 41.94 bouche entr'ouverte Nom PPAdj
bru 1 17.1 bru Nom
mortelle ennemie 1 29.65 mortelle ennemie Nom Adjectif
peine rentree 1 15.82 peine rentree Nom PPAdj
convives attendus 1 41.94 convives attendus Nom PPAdj
neige mele de carmin 1 41.94 neige mele de carmin Nom PPAdj Preposition Nom
gouttelettes de sang purpurin 1 41.94 gouttelettes de sang purpurin Nom Preposition Nom Adjectif
sac plein d' or 1 41.94 sac plein d' or Nom Adjectif Preposition Nom
souliers de metal 1 41.94 souliers de metal Nom Preposition Nom
epouse bien-aimee 1 41.94 epouse bien-aimee Nom Adjectif
cercueil de verre 1 41.94 cercueil de verre Nom Preposition Nom
racine d' arbre 1 29.65 racine d' arbre Nom Preposition Nom
hiboux 1 12.07 hiboux Nom
salle d' honneur 1 41.94 salle d' honneur Nom Preposition Nom
morceau de pomme 1 41.94 morceau de pomme Nom Preposition Nom
reine noble 1 41.94 reine noble Nom Adjectif
fois precedente 1 17.1 fois precedente Nom Adjectif
etres nains 1 41.94 etres nains Nom Adjectif
amicalement 1 12.07 amicalement Adverbe
couteau de chasse 1 29.65 couteau de chasse Nom Preposition Nom
crime abominable 1 24.2 crime abominable Nom Adjectif
septieme 1 12.07 septieme Nom
joie cruelle 1 41.94 joie cruelle Nom Adjectif
cailloux pointus 1 29.65 cailloux pointus Nom Adjectif
prise de terreur 1 41.94 prise de terreur Nom Preposition Nom
pieds delicats 1 41.94 pieds delicats Nom Adjectif
mignon 1 14.8 mignon Nom
fureur extreme 1 41.94 fureur extreme Nom Adjectif
lacer 1 29.65 lacer Verbe
cruelle ennemie 1 41.94 cruelle ennemie Nom Adjectif
miroir magique 1 24.2 miroir magique Nom Adjectif
corset de satin rose 1 41.94 corset de satin rose Nom Preposition Nom Adjectif
beaute unique 1 41.94 beaute unique Nom Adjectif
flocons de neige 1 18.73 flocons de neige Nom Preposition Nom
blanchissage 1 20.95 blanchissage Nom
orgueil blesse 1 24.2 orgueil blesse Nom Adjectif
effet de couleur 1 17.1 effet de couleur Nom Preposition Nom

Blanche neige

Conte référent

Body

01

C’était une fois au milieu de l’hiver, et la neige tombait du ciel comme des plumes. Une reine était alors assise à sa fenêtre qui avait un encadrement en bois d’ébène, et elle cousait. Et tout en cousant elle regardait la neige, ce qui fit qu’elle se piqua le doigt avec son aiguille, et trois gouttes de sang tombèrent dans la neige. Et ce rouge faisait un si bel effet sur la neige blanche, qu’elle se dit :
– Ah ! que n’ai-je un enfant blanc comme la neige, rouge comme le sang et noir comme le bois de ce cadre !
Quelque temps après, elle eut une petite fille qui était aussi blanche que la neige, aussi rouge que le sang, avec des cheveux noirs comme de l’ébène, et c’est pourquoi on l’appela Blanche-Neige. Et, au moment où naissait cette enfant, la reine mourait.
Au bout d’un an, le roi prit une autre épouse. C’était une belle femme, mais fière et orgueilleuse, et elle ne pouvait supporter que quelqu’une la surpassât en beauté. Elle avait un miroir merveilleux devant lequel, quand elle se regardait, elle disait :
Miroir, dis-moi ici, franchement,
Qui est la plus belle en ce moment ?
et aussitôt son miroir lui répondait :
C’est vous la plus belle en ce moment.
Et elle était contente, car elle savait que le miroir disait la vérité.

02

Mais Blanche-Neige grandissait et devenait toujours plus belle, et quand elle eut sept ans, elle était belle comme 1e le jour, plus belle que la reine elle-même. Un jour que celle-ci demandait au miroir :
Miroir, dis-moi ici, franchement,
Qui est la plus belle en ce moment ?
il répondit :
C’est vous la plus belle ici, dans ce moment,
Mais Blanche-Neige l’est bien autrement.
À ces mots la reine tressaillit et devint jaune et verte de jalousie. Dès lors, aussitôt qu’elle regardait Blanche-Neige, son cœur se retournait dans sa poitrine, tant elle détestait la jeune fille. Et la jalousie et l’orgueil grandissaient toujours de plus en plus, comme une ivraie, dans son cœur ; en sorte qu’elle n’avait plus de repos ni le jour ni la nuit. Alors elle appela un chasseur et lui dit :
– Emmène cette enfant dans la forêt. Je ne veux plus la voir devant mes yeux. Tu la tueras et, pour me le prouver, tu m’apporteras son foie.
Le chasseur obéit et l’emmena, et quand il eut tiré son couteau pour percer le cœur innocent de Blanche-Neige, elle se mit à pleurer et dit :
– Ah ! cher chasseur, laisse-moi la vie ; je m’en irai dans la forêt, et jamais je ne retournerai à la maison.
Elle était si belle que le chasseur eut pitié et dit :
– Alors, sauve-toi vite, pauvre enfant. Les bêtes sauvages l’auront bientôt mangée, pensait-il, et cependant il lui semblait que son cœur venait d’être soulagé d’une lourde pierre parce qu’il était dispensé de la tuer ; puis, un jeune marcassin ayant débouché, il le tira, prit son foie et le porta en témoignage à la reine. Le cuisinier le lui fit cuire au sel, et la méchante femme le mangea, croyant manger le foie de Blanche-Neige.

03

La pauvre enfant se trouva donc absolument seule dans la forêt, et elle avait tellement peur qu’elle regardait toutes les feuilles d’arbres et ne savait plus comment s’en tirer. Elle se mit à courir, en marchant sur les pierres pointues et à travers les épines, et les bêtes sauvages passaient à côté d’elle, mais sans lui faire de mal. Elle courut aussi longtemps que ses pieds purent aller jusqu’aux approches de la nuit, où elle aperçut une petite maison et y entra pour se reposer. Dans cette maison, tout était petit, mais gracieux et propre plus qu’on ne saurait le dire. Là se trouvait dressée une petite table blanche avec sept petites assiettes, et chaque petite assiette avait sa petite cuillère, et plus loin sept petits couteaux et fourchettes et sept petits verres. Le long du mur s’alignaient sept petits lits recouverts de draps blancs comme la neige. Blanche-Neige était si altérée et affamée qu’elle mangea un peu de légumes et de pain de chaque assiette et but une goutte de vin de chaque petit verre, ne voulant pas prendre tout à un seul. Puis, comme elle était fatiguée, elle se coucha dans un lit, mais pas un n’était de mesure. Celui-ci était trop long, celui-là trop court ; à la fin le septième se trouva à sa convenance ; elle y resta donc, fit sa prière à Dieu et s’endormit.

04

À la tombée de la nuit, les maîtres de la maison arrivèrent : c’étaient sept gnomes occupés tous les jours à piocher le minerai dans les montagnes. Ils allumèrent leurs sept petites lumières, et le jour s’étant fait ainsi dans la maisonnette, ils s’aperçurent que quelqu’un avait été par là, car les choses n’étaient plus dans l’ordre où ils les avaient laissées.
– Qui s’est assis sur ma petite chaise ? dit le premier.
– Qui a mangé au bout de mon assiette ? dit le second.
– Qui m’a pris de mon pain ? demanda le troisième.
– Qui a mangé au bout de mes légumes ? demanda le quatrième.
– Qui a piqué avec ma fourchette ? demanda le cinquième.
– Qui a coupé avec mon couteau ? demanda le sixième.
– Qui a bu à mon petit verre ? demanda le septième.
Le premier, regardant alors autour de lui, s’aperçut que son lit était dérangé, et dit :
– Qui est entré dans mon lit ?
Les autres accoururent et s’écrièrent :
– Quelqu’un a aussi couché dans le mien !
Pour le septième, quand il regarda son lit, il y aperçut Blanche-Neige qui y était couchée et dormait. Il appela les autres qui accoururent et se récrièrent d’admiration et allèrent chercher leurs sept petites lumières pour éclairer Blanche-Neige :
– Seigneur Dieu ! s’exclamaient-ils, quelle magnifique enfant ! Et ils étaient tous joyeux qu’elle continuât à dormir dans le petit lit. Quant au septième gnome, il coucha avec ses compagnons, une heure dans le lit de chacun d’eux, et passa ainsi la nuit.

05

Le matin venu, Blanche-Neige se leva, et quand elle aperçut les sept gnomes, elle tressaillit. Mais ils se montraient aimables, et lui demandèrent :
– Comment t’appelles-tu ?
– Je m’appelle Blanche-Neige, répondit-elle.
– Comment es-tu venue dans notre maison ? demandèrent les gnomes.
Alors elle leur raconta que sa marâtre avait voulu la faire tuer, mais que le chasseur lui avait fait grâce de la vie, et qu’alors elle avait couru tout le jour, jusqu’à ce qu’elle trouvât enfin leur maisonnette.
– Si tu veux surveiller notre ménage, lui dirent les gnomes, et faire la cuisine, faire les lits, laver, coudre et tricoter ; si tu veux tenir ici tout propre et en ordre, tu peux rester avec nous, tu ne manqueras de rien.
– Bien volontiers, répondit Blanche-Neige, et elle resta avec eux, et c’est elle qui tenait leur maison en ordre. Le matin, ils allaient dans les montagnes chercher du cuivre et de l’or, et le soir, quand ils revenaient, il fallait que le repas fût préparé. Pendant le jour la jeune fille était seule, et les bons gnomes l’exhortaient bien à se garer de la marâtre qui saurait bientôt qu’elle était là ; aussi ne devait-elle laisser entrer personne.

06

Quand la reine eut mangé le foie qu’elle croyait être celui de Blanche-Neige, elle ne douta plus qu’elle ne fût désormais la première et la plus belle ; aussi alla-t-elle à son miroir et lui dit :
Miroir, dis-moi ici, franchement,
Quelle est la plus belle en ce moment ?
Alors le miroir lui répondit :
C’est vous la plus belle ici, dans ce moment.
Mais Blanche-Neige dans la montagne,
Où des gnomes elle est la compagne,
L’est encore bien autrement.
À ces mots, elle tressaillit, sachant bien que son miroir ne mentait pas, et comprit que le chasseur l’avait trompée et que Blanche-Neige vivait encore. Et elle se mit à réfléchir comment elle viendrait à bout de la faire mourir, car, tant qu’elle ne serait pas la plus belle du pays, la jalousie ne lui laisserait point de repos. Et quand elle eut bien longtemps réfléchi, elle se peignit la figure, s’habilla comme une vieille colporteuse, et se trouva dans l’impossibilité d’être reconnue. Dans cet accoutrement, elle alla sur les sept montagnes où habitaient les sept gnomes, et frappa à la porte en criant :
– Achetez à bon marché ! achetez à bon marché !
– Bonjour, bonne femme, lui répondit Blanche-Neige qui regardait par la fenêtre, qu’avez-vous donc à vendre ?
– Des choses superbes, des choses superbes : des ceintures brodées de toutes couleurs.
Et elle en exhiba une qui était brodée en soie bariolée.
– Je puis bien laisser entrer cette brave femme, se dit Blanche-Neige qui poussa le verrou et s’acheta de belles ceintures brodées.
– Mon enfant, à quoi tu ressembles ! lui dit la vieille. Permets-moi de t’attacher cela comme il faut.
Blanche-Neige, ne se défiant de rien, s’approcha et se laissa mettre la ceinture neuve ; mais la vieille la serra tout à coup d’une telle force, que Blanche-Neige en perdit le souffle et s’évanouit comme si elle était morte.
– Maintenant, tu n’es plus la plus belle, dit la vieille en sortant au plus vite.
Bientôt après, à la nuit tombante, les sept gnomes revinrent à la maison ; mais quel ne fut pas leur effroi, quand ils virent leur chère Blanche-Neige étendue par terre, sans plus se mouvoir ni bouger que si elle était morte. Ils s’empressèrent de la relever, puis s’aperçurent qu’elle était trop serrée ; ils coupèrent sa ceinture ; elle commença à respirer un peu, et insensiblement se ranima tout à fait.
Quand les gnomes apprirent ce qui était arrivé, ils lui dirent :
– Cette vieille colporteuse n’est autre que la maudite reine. Prends bien garde et ne laisse entrer personne quand nous ne sommes pas auprès de toi.

07

Sitôt que la méchante femme rentra chez elle, elle alla à son miroir et lui demanda :
Miroir, dis-moi ici, franchement,
Quelle est la plus belle en ce moment ?
Et le miroir répondit, comme l’autre fois :
C’est vous la plus belle ici, dans ce moment,
Mais Blanche-Neige, dans la montagne
Où des gnomes elle est la compagne,
L’est encore bien autrement.
À ces mots, tout son sang lui reflua au cœur, et elle tremblait, comprenant bien que Blanche-Neige était revenue à la vie.
– C’est bien, dit-elle, je vais imaginer maintenant un moyen de te perdre pour de bon, et, à l’aide de la science de sorcière qu’elle possédait, elle fit un peigne empoisonné. Puis elle se déguisa et prit la tournure d’une autre vieille femme. Et elle s’en alla ainsi sur les sept montagnes où habitaient les sept gnomes, et frappa à la porte en criant :
– Achetez à bon marché ! achetez à bon marché !
Blanche-Neige regarda par la fenêtre et lui dit :
– Passez votre chemin, je ne puis laisser entrer personne.
– Bah ! tu peux bien jeter un coup d’œil là-dessus, lui répondit la vieille en exhibant son peigne empoisonné et en l’élevant vers elle.
Ce peigne charma si bien la pauvre enfant qu’elle se laissa séduire et ouvrit la porte. Quand elles furent d’accord sur le peigne, la vieille dit :
– Voyons, laisse-moi te peigner une fois comme il faut.
Sans se douter de rien, la pauvre Blanche-Neige laissa faire la vieille ; mais à peine le peigne était-il planté dans ses cheveux que le poison fit effet, et la jeune fille tomba sans connaissance.
– Merveille de beauté ! maintenant c’est fait de toi, dit l’affreuse vieille.
Puis elle partit.
Heureusement, le soir approchait, et les gnomes allaient revenir au logis. Quand ils virent Blanche-Neige étendue comme sans vie sur le sol, ils suspectèrent de suite la marâtre, firent des recherches, trouvèrent le peigne empoisonné, et à peine l’eurent-ils retiré que Blanche-Neige revint à elle et raconta ce qui était arrivé. Ils lui recommandèrent bien à nouveau d’être sur ses gardes et de n’ouvrir la porte à personne.

08

Chez elle, la reine s’était mise à son miroir et lui disait :
Miroir, dis-moi ici, franchement,
Quelle est la plus belle en ce moment ?
Et il répondit comme auparavant :
C’est vous la plus belle ici, dans ce moment,
Mais Blanche-Neige, dans la montagne
Où des gnomes elle est la compagne,
L’est encore bien autrement.
En entendant parler ainsi son miroir, elle frémit et trembla de colère :
– Il faut absolument que Blanche-Neige meure ! s’écria-t-elle, dût-il m’en coûter la vie !
Là-dessus, elle se rendit dans une chambre solitaire et cachée, où personne n’entrait, et elle fit une pomme empoisonnée. Au dehors elle était superbe, blanche, avec des joues rouges, en sorte que quiconque la voyait était pris de l’envie d’y mordre ; mais quiconque en avait mangé était condamné à mort. Quand la pomme fut terminée, elle se peignit la figure et se déguisa en paysanne, puis elle alla sur les sept montagnes où habitaient les sept gnomes. Elle frappa à la porte. Blanche-Neige mit la tête à la fenêtre et dit :
– Je ne dois laisser entrer personne ; les sept gnomes me l’ont défendu.
– Ça m’est égal, répondit la paysanne, je vendrai bien mes pommes ailleurs. Tiens, en voilà seulement une que je te donne.
– Non, répondit Blanche-Neige, je ne dois rien accepter.
– As-tu peur du poison ? dit la vieille. Tiens, je vais la couper en deux : tu mangeras la moitié rouge et moi la blanche.
Or, cette pomme était faite avec tant d’art que la moitié rouge était seule empoisonnée.
Blanche-Neige avait assez envie de la pomme ; aussi, quand elle vit que la paysanne en mangeait, ne put-elle résister davantage. Elle tendit la main et prit la moitié empoisonnée. À peine en eut-elle un morceau dans la bouche qu’elle tomba morte. La reine la contempla avec des yeux affreux, éclata de rire et dit :
– Blanche comme neige, rouge comme sang, noire comme ébène, cette fois, les gnomes ne pourront plus te réveiller.
Et quand, de retour chez elle, elle demanda à son miroir :
Miroir, dis-moi ici, franchement,
Quelle est la plus belle en ce moment ?
il répondit enfin :
C’est vous la plus belle dans ce moment.
Alors son cœur envieux fut en repos, autant que peut être en repos un cœur envieux et méchant.

09

En rentrant, le soir, les gnomes trouvèrent Blanche-Neige étendue par terre. Plus un souffle ne sortait de sa bouche, et elle était morte. Ils la relevèrent, cherchèrent s’ils trouveraient quelque chose d’empoisonné, la délacèrent, lui peignèrent les cheveux, la lavèrent avec de l’eau et du vin ; mais rien n’y fit : la pauvre enfant était morte et resta morte. Ils la mirent dans un cercueil, s’assirent autour tous les sept en pleurant, et ils la pleurèrent ainsi pendant trois jours. Alors ils voulurent l’enterrer, mais elle semblait toujours fraîche, comme une personne vivante, conservant toujours ses belles joues rouges.
– Nous ne pouvons la mettre ainsi en terre, se dirent-ils.
Et ils firent faire un cercueil de verre dans lequel on pouvait la voir de tous côtés ; ils mirent Blanche-Neige dedans et écrivirent dessus son nom en lettres d’or, avec l’indication qu’elle était fille de roi. Ensuite ils portèrent ce cercueil sur la montagne, et l’un d’eux resta toujours auprès d’elle pour la garder. Les bêtes vinrent aussi pleurer Blanche-Neige, d’abord un hibou, puis un corbeau, et enfin une colombe.
Blanche-Neige resta ainsi longtemps dans le cercueil sans se flétrir ; on eût dit au contraire qu’elle dormait, car elle était toujours blanche comme la neige, rouge comme le sang, avec des cheveux noirs comme l’ébène. Or, il advint qu’un fils de roi traversa cette forêt et vint chez les gnomes pour y passer la nuit. Il vit le cercueil sur la montagne et la belle Blanche-Neige dedans, et lut l’inscription en lettres d’or.
– Abandonnez-moi ce cercueil, dit-il aux gnomes, je vous en donnerai tout ce que vous voudrez.
– Nous ne l’abandonnerions pas pour tout l’or du monde, répondirent les gnomes.
– Donnez-le moi, car je ne puis plus vivre sans voir Blanche-Neige ; je veux lui rendre honneur comme à ma bien-aimée.
En l’entendant parler ainsi, les bons gnomes s’apitoyèrent et lui donnèrent le cercueil. Le fils du roi le fit emporter par ses domestiques sur leurs épaules. Or, il arriva que ceux-ci trébuchèrent sur un arbuste, et la secousse fit sortir du cou de Blanche-Neige le morceau de pomme empoisonnée qu’elle avait mordu, et bientôt après elle ouvrit les yeux, souleva le couvercle du cercueil, se redressa et se retrouva vivante.
– Ah ! Dieu ! où suis-je ? s’écria-t-elle.
– Tu es près de moi, lui répondit plein de joie le fils du roi.
Puis il lui raconta ce qui avait eu lieu, après quoi il ajouta :
– Je t’aime plus que tout au monde. Viens avec moi dans le château de mon père. Il faut que tu deviennes mon épouse.
Blanche-Neige lui sourit alors et s’en alla avec lui, et leur noce fut commandée avec tout l’éclat et la splendeur possible.
La méchante marâtre de Blanche-Neige fut aussi invitée à la fête. Quand elle eut mis ses beaux habits, elle alla à son miroir et lui dit :
Miroir, dis-moi ici, franchement,
Quelle est la plus belle en ce moment ?
Le miroir répondit :
Vous êtes la plus belle ici pour le moment,
Mais la jeune reine l’est bien autrement.
La méchante femme se mit alors à pester, et se sentit prise d’une angoisse à ne plus pouvoir se contenir. D’abord elle voulait ne pas aller du tout à la noce. Cependant, bon gré, mal gré, elle tenait à voir la jeune reine. En entrant dans la salle royale, elle reconnut Blanche-Neige, et fut tellement saisie d’épouvante et d’angoisse qu’elle resta debout sans plus pouvoir bouger. Mais des pantoufles de fer étaient déjà posées sur un brasier ; on les apporta avec des pinces de fer et on les posa devant elle, et force lui fut de chausser ces souliers tout rouges et de danser avec jusqu’à ce qu’elle finît par tomber morte.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
etre 88 4.69 etre / etes / furent / serait Verbe
plus 37 6.32 plus Adverbe
beaux 26 27.92 beaux / bel / belle / belles Adjectif
gnome 22 347.99 gnome / gnomes Nom
dire 20 9.88 dire / dirent / disait Verbe
miroir 19 73.26 miroir Nom
petit 16 10.21 petit / petits / petites Adjectif
bien 16 6.9 bien Adverbe
aller 15 6.79 aller / alla / allaient / vais Verbe
ici 13 11.37 ici Adverbe
laisser 11 11.07 laisser / laisse / laissa / laisserait Verbe
repondit 11 13.35 repondit / repondirent Verbe
reine 11 36.9 reine Nom
puis 11 8.72 puis Adverbe
vieille 10 13.79 vieille Adjectif
rouge 10 15.19 rouge / rouges Adjectif
montagne 10 24.86 montagne / montagnes Nom
alors 10 4.33 alors Adverbe
bon 9 5.58 bon / bons / bonne Adjectif
mettre 9 5.75 mettre / mit / mirent Verbe
neige 9 32.73 neige Nom
demanda 8 7.23 demanda / demandait / demanderent Verbe
enfant 8 5.27 enfant Nom
blanc 8 10.42 blanc / blancs / blanche Adjectif
ainsi 8 4.55 ainsi Adverbe
cercueil 8 55.09 cercueil Nom
trouv‰t 8 5.53 trouv‰t / trouvait / trouverent / trouveraient Verbe
empoisonne 7 83.99 empoisonne / empoisonnee Adjectif
or 7 7.7 or Nom
morte 7 19.62 morte PPAdj
moment 7 6.44 moment Nom
entrer 7 10.95 entrer / entra / entrait Verbe
franchement 7 31.52 franchement Adverbe
femme 7 4.48 femme Nom
lit 7 21.44 lit / lits Nom
regarda 7 11.96 regarda / regardait Verbe
nuit 6 6.48 nuit Nom
chasseur 6 18.68 chasseur Nom
sang 6 13.02 sang Nom
aperurent 6 21.92 aperurent Verbe
cÏur 6 7.19 cÏur Nom
peigne 6 65.08 peigne Nom
achetez 5 9.43 achetez / acheta Verbe
porte 5 6.97 porte Nom
autrement 5 10.42 autrement Adverbe
mange 5 35.42 mange PPAdj
manger 5 15.18 manger / mangea / mangeras / mangeait Verbe
pomme 5 24.42 pomme / pommes Nom
fille 5 5.57 fille Nom
tomber 5 8.54 tomber / tomba / tombait / tomberent Verbe
blanche-neige 5 178.42 blanche-neige Verbe
roi 5 9.67 roi Nom
mechant 5 25.64 mechant / mechante Adjectif
foie 4 21.9 foie Nom
repos 4 16.47 repos Nom
foret 4 9.26 foret Nom
bientot 4 7.79 bientot Adverbe
ebene 4 60.81 ebene Nom
mar‰tre 4 89.55 mar‰tre Nom
fenetre 4 11.62 fenetre Nom
cheveux 4 11.04 cheveux Nom
pauvre 4 8.45 pauvre Adjectif
bout 4 5.17 bout Nom
paysanne 3 10.07 paysanne Adjectif
pleurer 3 11.34 pleurer / pleurerent Verbe
etendue 3 10.51 etendue PPAdj
compagne 3 12 compagne Nom
peigne empoisonne 3 127.96 peigne empoisonne Nom Adjectif
betes 3 9.52 betes Nom
brodee 3 18.21 brodee PPAdj
frappa 3 7.64 frappa Verbe
dormir 3 9.49 dormir / dormait Verbe
habitaient 3 7.77 habitaient Verbe
ceinture 3 13.36 ceinture Nom
jalousie 3 18.08 jalousie Nom
assiette 3 14.92 assiette / assiettes Nom
septieme 3 12.52 septieme Adjectif
tressaillit 3 53.72 tressaillit Verbe
verre 3 7.57 verre / verres Nom
coucha 2 10.27 coucha Verbe
dedans 2 11.45 dedans Adverbe
accoururent 2 25.54 accoururent Verbe
maisonnette 2 26.54 maisonnette Nom
affreux 2 12.39 affreux / affreuse Adjectif
lettres d' or 2 54.27 lettres d' or Nom Preposition Nom
couchee 2 13.26 couchee PPAdj
peignit 2 8.36 peignit Verbe
cÏur envieux 2 94.03 cÏur envieux Nom Adjectif
virent 2 9.37 virent Verbe
peigner 2 59.46 peigner / peignerent Verbe
deguisa 2 20.7 deguisa Verbe
trembla 2 11.03 trembla / tremblait Verbe
la-dessus 2 11.27 la-dessus Adverbe
ou 2 42.02 ou PPAdj
laver 2 9.63 laver / laverent Verbe
moitie rouge 2 94.03 moitie rouge Nom Adjectif
joues rouges 2 76.77 joues rouges Nom Adjectif
pomme empoisonnee 2 94.03 pomme empoisonnee Nom Adjectif
ecria 2 18.73 ecria Verbe
colporteuse 2 17.38 colporteuse Nom
betes sauvages 2 38.36 betes sauvages Nom Adjectif
ceintures brodees 2 94.03 ceintures brodees Nom PPAdj
coudre 2 25.54 coudre / cousait Verbe
cheveux noirs 2 23.83 cheveux noirs Nom Adjectif
montagne ou 2 94.03 montagne ou Nom PPAdj
noce 2 11.45 noce Nom
grandissait 2 7.97 grandissait / grandissaient Verbe
goutte 2 10.18 goutte / gouttes Nom
chambre solitaire 1 44.32 chambre solitaire Nom Adjectif
pinces de fer 1 44.32 pinces de fer Nom Preposition Nom
neige blanche 1 31.33 neige blanche Nom Adjectif
priere a dieu 1 44.32 priere a dieu Nom Preposition Nom
pantoufles de fer 1 44.32 pantoufles de fer Nom Preposition Nom
salle royale 1 44.32 salle royale Nom Adjectif
lits recouverts de draps blancs 1 44.32 lits recouverts de draps blancs Nom PPAdj Preposition Nom Adjectif
fils de roi 1 25.58 fils de roi Nom Preposition Nom
gnomes occupes 1 44.32 gnomes occupes Nom PPAdj
porte a personne 1 44.32 porte a personne Nom Preposition Nom
moitie empoisonnee 1 44.32 moitie empoisonnee Nom Adjectif
morceau de pomme empoisonnee 1 44.32 morceau de pomme empoisonnee Nom Preposition Nom Adjectif
blanche-neige 1 44.32 blanche-neige Nom
delacerent 1 44.32 delacerent Verbe
pleurant 1 13.33 pleurant Nom
fille de roi 1 44.32 fille de roi Nom Preposition Nom
table blanche 1 31.33 table blanche Nom Adjectif
splendeur possible 1 44.32 splendeur possible Nom Adjectif
cercueil de verre 1 44.32 cercueil de verre Nom Preposition Nom
feuilles d' arbres 1 44.32 feuilles d' arbres Nom Preposition Nom
pierres pointues 1 44.32 pierres pointues Nom Adjectif
septieme 1 12.76 septieme Nom
goutte de vin 1 44.32 goutte de vin Nom Preposition Nom
miroir merveilleux 1 44.32 miroir merveilleux Nom Adjectif
gouttes de sang 1 16.73 gouttes de sang Nom Preposition Nom
enfant blanc 1 19.8 enfant blanc Nom Adjectif
bois d' ebene 1 25.58 bois d' ebene Nom Preposition Nom
marcassin 1 18.07 marcassin Nom
cÏur innocent 1 44.32 cÏur innocent Nom Adjectif
soie bariolee 1 44.32 soie bariolee Nom Adjectif
serra 1 25.58 serra Nom
accoutrement 1 15.64 accoutrement Nom
choses superbes 1 44.32 choses superbes Nom Adjectif
science de sorciere 1 44.32 science de sorciere Nom Preposition Nom
matin venu 1 31.33 matin venu Nom Adjectif
nuit tombante 1 14.74 nuit tombante Nom Adjectif
recrierent 1 16.73 recrierent Verbe
hibou 1 12.76 hibou Nom

Blanche neige

Conte référent

Body

01

C'était au milieu de l'hiver, et les flocons de neige tombaient comme des plumes ; une reine était assise près de sa fenêtre au cadre d'ébène et cousait. Et comme elle cousait et regardait la neige, elle se piqua les doigts avec son épingle et trois gouttes de sang en tombèrent.
Et voyant ce rouge si beau sur la neige blanche, elle se dit :
« Oh si j'avais un enfant blanc comme la neige, rouge comme le sang et noir comme l'ébène ! »
Bientôt elle eut une petite fille qui était aussi blanche que la neige, avec des joues rouges comme du sang et des cheveux noirs comme l'ébène ; ce qui fit qu'on la nomma Blanche-Neige. Et lorsque l'enfant eut vu le jour, la reine mourut.
Un an après, le roi prit une autre femme. Elle était belle, mais fière et hautaine à ne pouvoir souffrir qu'aucune autre la surpassât en beauté. Elle avait un miroir merveilleux et quand elle se mettait devant lui pour s'y mirer, elle disait :
« Petit miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Et le miroir répondait :
« Madame la reine, vous êtes la plus belle, »
Alors elle était contente, car elle savait que le miroir disait la vérité.

02

Mais Blanche-Neige grandissait et devenait toujours plus belle ; et quand elle eut sept ans, elle était aussi belle que le jour, plus belle que la reine elle-même.
Comme celle-ci demandait une fois à son miroir :
« Petit miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Il lui répondit aussitôt :
« Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais Blanche-Neige est mille fois plus belle que vous. »
La reine, consternée, devint livide de rage et d'envie. Depuis ce moment, la vue de Blanche-Neige lui bouleversa le cœur, tant la petite fille lui inspirait de haine. L'envie et la jalousie ne firent que croître en elle, et elle n'eut plus de repos ni jour ni nuit. Enfin, elle fit venir son chasseur et lui dit :
« Portez l'enfant dans la forêt ; je ne veux plus l'avoir devant les yeux ; là, vous la tuerez et vous m'apporterez son foie et ses poumons, comme preuve de l'exécution de mes ordres. »
Le chasseur obéit et emmena l'enfant avec lui ; et quand il eut tiré son couteau de chasse pour percer le cœur de l'innocente Blanche-Neige, voilà que la petite fille commença à pleurer et dit :
« Ah ! mon bon chasseur, laisse-moi la vie ! Je courrai dans la forêt sauvage et ne reviendrai jamais. »
Elle était si belle que le chasseur eut pitié d'elle et dit :
« Va, pauvre enfant ! »
Il pensait en lui-même :
« Les bêtes féroces vont te dévorer bientôt. »
Pourtant, il se sentit le cœur soulagé d'un grand poids à l'idée qu'il avait pu se dispenser de l'égorger. Et comme il vit courir devant lui un marcassin, il le tua, en prit le foie et les poumons, s'en fut les présenter à la reine, qui les fit bien assaisonner et cuire : et la méchante femme crut manger la chair et le sang de Blanche-Neige.

03

Pendant ce temps, la pauvre enfant errait toute seule dans l'épaisse forêt, et elle avait si grand'peur qu'elle regardait d'un air inquiet tous les arbres et toutes les feuilles, ne sachant où trouver du secours. Puis elle se mit à courir sur les pierres pointues et sur les épines, et les bêtes féroces bondissaient à côté d'elle, mais sans lui faire aucun mal. Elle courut aussi longtemps que ses pieds purent la porter, jusqu'à la brune, et elle aperçut alors une petite cabane où elle entra pour se reposer. Tout dans cette cabane était petit, mais si gentil et si propre qu'on ne saurait le décrire. Il y avait une petite table recouverte d'une nappe blanche avec sept petites assiettes, chaque assiette avec sa petite cuiller, puis sept petits couteaux, sept petites fourchettes et sept petits gobelets. Contre le mur, il y avait sept petits lits l'un à côté de l'autre, couverts de draps blancs comme la neige. Blanche-Neige avait très-faim et très-soif ; elle mangea une cuillerée de légumes avec une bouchée de pain dans chaque assiette, et but dans chaque gobelet une goutte de vin, car elle ne voulait pas prendre une seule part tout entière. Puis, comme elle était fatiguée, elle essaya de se coucher dans un des petits lits ; mais l'un était trop long, l'autre trop petit, et enfin il n'y eut que le septième qui fût à sa taille ; elle y resta donc, fit sa prière et s'endormit.

04

La nuit venue, les maîtres de la cabane arrivèrent ; c'étaient des nains qui cherchaient de l'airain et de l'or dans les montagnes. Ils allumèrent leurs petites lampes, et quand le logis fut éclairé, ils virent bientôt que quelqu'un avait passé par là, car tout n'était plus dans le même ordre où ils l'avaient laissé.
Le premier dit :
« Qui s'est assis sur ma chaise ? »
Le second :
« Qui a mangé dans mon assiette ? »
Le troisième :
« Qui a pris de mon pain ? »
Le quatrième :
« Qui a touché à mes légumes ? »
Le cinquième :
« Qui a piqué avec ma fourchette ? »
Le sixième :
« Qui a coupé avec mon couteau ? »
Et le septième :
« Qui a bu dans mon gobelet ? »
Puis le premier se retourna et il vit que son lit était un peu affaissé.
« Qui s'est couché dans mon lit ? » dit-il.
Et les autres d'accourir et dire :
« Dans le mien aussi, il y a eu quelqu'un. »
Mais le septième, en regardant son lit, aperçut Blanche-Neige qui y était couchée et dormait. Il appela ses frères, qui se hâtèrent de venir et se récrièrent d'étonnement ; et chacun fut chercher sa lampe pour mieux contempler Blanche-Neige.
« Ah mon Dieu, ah mon Dieu, répétaient les nains, que cette enfant est belle ! »
Ils étaient ravis de l'admirer et se gardèrent bien de l'éveiller ; le septième nain dormit une heure dans le lit de chacun de ses compagnons jusqu’au point du jour.

05

Le matin, quand Blanche-Neige sortit de son sommeil, elle vit les petits hommes et fut effrayée. Mais ils se montrèrent fort aimables et lui demandèrent son nom.
« Je me nomme Blanche-Neige, dit-elle. »
- Par quel hasard, reprirent les nains, es-tu venue dans notre maison ? »
Alors elle leur conta son histoire : comment sa belle-mère avait voulu la faire tuer, comment le chasseur l'avait épargnée, et comment elle avait couru tout le jour jusqu'à ce qu'elle rencontrât la petite cabane. Les nains lui dirent :
« Veux-tu faire notre ménage, les lits, la cuisine, coudre, laver, tricoter ? En ce cas, nous te garderons avec nous et tu ne manqueras de rien. »
Blanche-Neige leur promit tout ce qu'ils désiraient et resta chez eux. Elle vaquait aux soins du ménage. Le matin, les nains s'en allaient pour chercher dans les montagnes de l'airain et de l'or ; le soir, ils rentraient au logis, où le dîner devait se trouver prêt. Toute la journée la jeune fille était seule, et ils l'avertissaient en partant de se tenir sur ses gardes : « Car, disaient les bons petits hommes, ta marâtre saura bientôt que tu es ici ; n'ouvre à personne ! »

06

Cependant, la reine qui croyait avoir mangé la chair et le sang de Blanche-Neige, pensait bien être de nouveau la plus belle femme du pays ; et pour en avoir l'assurance, elle se mit devant son miroir et lui dit :
« Petit miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Aussitôt le miroir de répondre :
« Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais Blanche-Neige au delà des montagnes,
Chez les sept petits nains,
Est mille fois plus belle que vous. »
La reine pâlit de colère ; elle savait que le miroir ne mentait pas, et elle reconnut que le chasseur l'avait trompée et que Blanche-Neige vivait encore. Elle songea derechef aux moyens de la tuer ; car aussi longtemps qu'elle ne serait pas la plus belle, elle sentait qu'elle n'aurait pas de repos. Enfin, elle imagina de se grimer le visage et de s'habiller en vieille marchande, de façon à se rendre méconnaissable. Ainsi déguisée, elle alla dans les sept montagnes, chez les sept nains, frappa à la porte de la cabane et cria :
« De belles marchandises ! Achetez, achetez ! »
Blanche-Neige regarda par la fenêtre et dit :
« Bonjour, ma bonne femme ; que vendez-vous là ?
- De bonnes marchandises, de belles marchandises, reprit l'autre, des lacets de toutes les couleurs ! »
Et elle tira de sa boîte un lacet tressé de soies de diverses couleurs.
« Je peux laisser entrer cette brave femme, » pensa Blanche-Neige. Et tirant le verrou de la porte, elle ouvrit à la vieille et lui acheta le beau lacet.
« Enfant, dit la vieille, de quelle façon êtes-vous lacée ? Je vais vous montrer comment il faut faire. »
Blanche-Neige, sans aucun soupçon, se plaça devant elle, et se fit lacer avec le nouveau lacet ; mais la vieille le serra si fort que la jeune fille en perdit la respiration et tomba comme morte.
« Maintenant, tu as fini d'être la plus belle, » dit la marâtre, et elle s'en alla au plus vite.
Vers le soir, les sept nains revinrent à la cabane, mais quel ne fut pas leur trouble en apercevant leur chère Blanche-Neige étendue par terre sans mouvement et comme inanimée ! Ils la relevèrent, et quand ils eurent vu le lacet qui l'étranglait, ils le coupèrent ; alors elle commença à respirer faiblement et revint à elle peu à peu. Les nains écoutèrent le récit de ce qui s'était passé et dirent :
« La vieille marchande n'était autre que la reine ; prends garde de n'ouvrir à personne, désormais, en notre absence. »

07

La méchante reine, dès qu'elle fut de retour chez elle, alla droit à son miroir et lui demanda :
« Petit miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Et le miroir magique de répondre :
« Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais Blanche-Neige, au delà des montagnes,
Chez les sept petits nains,
Est mille fois plus belle que vous. »
Lorsque la reine entendit cela, tout son sang se porta au cœur, tant sa colère fut violente à l'idée que Blanche-Neige était en vie.
« A présent, dit-elle, il faut que je trouve un moyen infaillible de la perdre ! »
Et, avec son art de sorcière, elle fabriqua un peigne empoisonné. Puis elle se déguisa de nouveau, sous la figure d'une autre vieille bohémienne. Elle s'en fut par les sept montagnes, chez les sept nains, frappa à la porte, et dit :
« Bonnes marchandises à vendre ! Achetez ! »
Blanche-Neige regarda par la fenêtre ; mais elle répondit :
- Je ne dois faire entrer personne ; passez votre chemin.
- On vous permettra bien de regarder seulement, repartit la vieille, qui tira le peigne empoisonné et le mit sous les yeux de la jeune fille. Il plut tellement à celle-ci qu'elle se laissa entraîner à ouvrir la porte. Lorsqu'elle eut acheté le peigne, la vieille dit :
« Attends je vais te peigner comme il faut. »
La pauvre Blanche-Neige, sans nulle méfiance, laissa faire la vieille ; mais à peine avait-elle entré le peigne dans les cheveux de sa victime, que le poison commença à agir, et que la jeune fille tomba roide par terre, comme frappée de mort.
« Eh bien, ma belle, dit la vieille en ricanant ; cette fois c'en est fait de toi ! »
Puis elle sortit.
Par bonheur, le soir approchait, et c'était l'heure du retour des nains. En voyant Blanche-Neige étendue ainsi, ils pensèrent tout de suite à sa belle-mère et cherchèrent partout la cause de ce qui venait d'arriver. Ils mirent la main sur le peigne empoisonné, et, à peine l’eurent-ils retiré, que Blanche-Neige reprit connaissance et raconta ce qui avait eu lieu. Les nains lui recommandèrent plus vivement que jamais de ne laisser pénétrer personne jusqu'à elle.

08

Tandis que la charmante enfant triomphait pour la troisième fois de ses embûches, la reine, dans son palais, consultait le miroir suspendu au mur :
« Miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Et comme naguère il répondait :
« Madame la reine, vous êtes la plus belle ici ;
Mais Blanche-Neige, au delà des montagnes,
Chez les sept petits nains,
Est mille fois plus belle que vous. »
Lorsque la marâtre entendit cette nouvelle réponse, elle trembla de fureur.
« Blanche-Neige mourra, s'écria-t-elle, quand il devrait m'en coûter la vie ! »
Puis elle s'enferma dans une chambre secrète où personne n'entrait, et y prépara une pomme empoisonnée, superbe à voir, blanche et rose de peau, fraîche à croquer ; cette pomme avait le pouvoir de tuer quiconque en goûterait un morceau. Lorsqu'elle l'eut bien apprêtée, la reine se peignit la figure, et, déguisée en paysanne, retourna dans les sept montagnes, au pays des sept nains. Parvenue à la cabane où demeurait Blanche- Neige, elle frappa, et la jeune fille mit la tête à la fenêtre.
« Je ne dois laisser entrer personne, dit-elle, les nains me l'ont défendu. »
- Soit ! répliqua la paysanne, cela m'est égal ; on m'achètera mes pommes ailleurs ; tenez, en voici une, je vous la donne.
- Non, dit Blanche-Neige, je ne dois rien prendre.
- Auriez-vous peur de quelque poison ? dit la vieille ; regardez, voici ma pomme coupée en deux moitiés : mangez la rouge, moi je mangerai la blanche.
Mais la pomme était préparée avec tant d'art, que le côté rouge seul était empoisonné. Blanche-Neige avait bien envie de la belle pomme, et lorsque la paysanne se mit à en manger la moitié, la pauvre petite ne put y tenir davantage ; elle tendit la main et prit la moitié où se trouvait le poison. A peine ses lèvres s'y furent-elles posées, qu'elle tomba morte sur le sol. La reine la considéra avec des yeux terribles, rit aux éclats et dit :
« Blanche comme neige ! rouge comme sang ! noire comme l'ébène ! cette fois-ci les nains ne te réveilleront point ! »
Et lorsqu'elle interrogea son miroir, selon sa formule habituelle :
« Petit miroir, petit, miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Il répondit enfin :
« Madame la reine, la plus belle, c'est vous ! »
Alors, le cœur envieux de la marâtre fut satisfait, autant que peut l'être un cœur envieux.

09

Les nains, en arrivant à la maison, le soir, trouvèrent Blanche-Neige étendue encore une fois par terre, sans haleine et sans mouvement. Ils la relevèrent, cherchèrent la cause de ce nouveau malheur, la desserrèrent, peignèrent ses cheveux, et lui lavèrent le visage avec de l'eau et du vin ; mais rien n'y fit : la pauvre enfant était morte et resta morte.
Ils la couchèrent dans une bière et se mirent tous les sept autour d'elle, veillant et pleurant pendant trois jours. Puis ils voulurent l'enterrer ; mais elle avait si bien l'air d'une personne vivante, tant ses joues étaient fraîches et roses, qu'ils se dirent :
« Nous ne pouvons la mettre dans la terre noire. »
Ils lui firent un cercueil de verre pour qu'on pût la voir de tous côtés, l'ensevelirent dedans et écrivirent dessus en lettres d'or, qu'elle était fille de roi, et se nommait Blanche-Neige. Ensuite ils placèrent le cercueil sur le haut de la montagne, et l'un d'eux restait toujours auprès d'elle pour la garder. Les oiseaux vinrent aussi pleurer Blanche-Neige : le premier fut un hibou, le second un corbeau, et le troisième une colombe.
Blanche-Neige était ainsi depuis bien longtemps dans son cercueil et ne changeait pas de figure, ne semblant toujours qu'endormie, car elle était toujours blanche comme neige, avec des joues rouges comme du sang, sous ses beaux cheveux noirs comme l'ébène.
Or, il advint qu'un fils de roi, allant par la forêt, arriva chez les nains pour y passer la nuit. Il vit Blanche-Neige couchée dans le cercueil de verre sur la montagne, et lut ce qui s'y trouvait écrit en lettres d'or. Alors il dit aux nains :
« Livrez-moi ce cercueil, je vous donnerai ce que vous voudrez. »
Mais les nains répondirent
« Nous ne le livrerions pas pour tout l'or du monde !
- Eh bien, reprit-il d'un ton suppliant, faites- m'en présent ; car je ne peux plus vivre sans voir Blanche-Neige. »
Les bons petits nains, touchés de ses prières, eurent pitié de lui et lui permirent d'emporter le cercueil. Les gens du prince le soulevèrent sur leurs épaules ; mais, ayant heurté du pied une grosse racine, ils tombèrent, et par l'effet du choc, le cœur de la pomme sortit du gosier de Blanche-Neige. Presque aussitôt, elle rouvrit les yeux, se redressa et dit :
« Mon Dieu ou suis-je ?
- Avec moi qui t'aime plus que tout au monde ! s'écria le fils de roi plein de joie. »
Et il lui raconta ce qui s'était passé.
« Viens avec moi dans le château de mon père, dit-il, et tu seras ma femme. »
Et Blanche-Neige sentit bien qu'elle l'aimait aussi, et elle s'en fut avec lui, et la noce fut préparée en grande pompe. On n'oublia pas d'inviter la méchante belle-mère à la fête. Lorsqu'elle se fut parée de ses plus riches atours, elle se mit devant son petit miroir et dit :
« Petit miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Le miroir répondit :
« Madame la reine, vous êtes la plus belle ici ;
Mais la jeune reine est plus belle que vous ! »
La méchante femme se récria de fureur ; dans son trouble, elle ne savait plus que faire. Tout d'abord, elle ne voulait plus aller à la noce ; mais bientôt elle changea de résolution et n'eut point de repos qu'elle ne fût partie pour voir la jeune reine. Et lorsqu'elle entra, elle reconnut Blanche-Neige et resta immobile de terreur et d'angoisse. Mais on avait déjà mis des pantoufles de fer sur un feu de charbons ardents, et on les apporta toutes brûlantes : il lui fallut chausser ces pantoufles rougies au feu et danser avec, et elle fut condamnée à danser jusqu’à ce qu’elle eût les pieds consumés et tomba roide morte.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
plus 34 5.36 plus Adverbe
beau 34 36.53 beau / beaux / belle / belles Adjectif
petit 27 18.19 petit / petits / petites Adjectif
miroir 25 95.5 miroir Nom
reine 22 74.4 reine Nom
nain 15 149.84 nain / nains Nom
dirent 15 6.81 dirent / disait / disaient Verbe
vieille 11 15.13 vieille Adjectif
bien 11 4.02 bien Adverbe
montagne 10 24.59 montagne / montagnes Nom
fois 9 4.23 fois Nom
fille 9 11.03 fille Nom
mettre 9 5.67 mettre / mettait / mit / mirent Verbe
blanc 8 10.3 blanc / blancs / blanche Adjectif
enfant 8 5.19 enfant Nom
neige 7 24.75 neige Nom
lit 7 21.21 lit / lits Nom
nains 7 96.33 nains Adjectif
sang 7 15.29 sang Nom
tomba 7 12.41 tomba / tomberent Verbe
rouge 7 10.09 rouge / rouges Adjectif
cÏur 7 8.52 cÏur Nom
femme 7 4.4 femme Nom
cabane 7 54.26 cabane Nom
jeune 7 4.29 jeune Adjectif
pomme 7 34.85 pomme / pommes Nom
cercueil 6 40.22 cercueil Nom
entrer 6 9.07 entrer / entra / entrait Verbe
regarder 6 9.93 regarder / regardez / regarda / regardait Verbe
vivre 6 5.32 vivre / vivait Verbe
chasseur 6 18.48 chasseur Nom
laisser 6 5.31 laisser / laisse / laissa Verbe
si 6 5.39 si Adverbe
or 6 6.31 or Nom
chercher 5 5.44 chercher / chercherent Verbe
manger 5 15.02 manger / mangez / mangerai Verbe
peigne 5 53.16 peigne Nom
lacet 5 63.98 lacet / lacets Nom
tuer 5 11.12 tuer / tua Verbe
assiette 4 20.68 assiette / assiettes Nom
blanche-neige 4 153.53 blanche-neige Verbe
bientot 4 7.7 bientot Adverbe
reprit 4 4.98 reprit Verbe
foret 4 9.16 foret Nom
fenetre 4 11.49 fenetre Nom
sept 4 17.84 sept Nom
empoisonne 4 46.22 empoisonne / empoisonnee Adjectif
petits nains 4 153.53 petits nains Nom Adjectif
roi 4 7.34 roi Nom
mechante 4 19.73 mechante Adjectif
courir 4 9.46 courir / courut / courrai Verbe
mar‰tre 4 88.61 mar‰tre Nom
morte 4 10.32 morte PPAdj
marchandises 4 14.9 marchandises Nom
porte 4 5.22 porte Nom
cheveux 4 10.92 cheveux Nom
repos 3 11.6 repos Nom
etendue 3 10.39 etendue PPAdj
joues 3 14.07 joues Nom
dela 3 31.26 dela Adverbe
envie 3 6.66 envie Nom
peigne empoisonne 3 126.62 peigne empoisonne Nom Adjectif
et 3 5.33 et Nom
septieme 3 12.38 septieme Adjectif
belle-mere 3 25.75 belle-mere Nom
couchee 3 21.82 couchee PPAdj
pauvre 3 5.85 pauvre Adjectif
ebene 3 43.81 ebene Nom
coudre 3 41.39 coudre / cousait Verbe
nomme 3 7.48 nomme / nomma / nommait Verbe
figure 3 5.34 figure Nom
poison 3 22.51 poison Nom
sept nains 3 109.65 sept nains Nom Adjectif
chez 3 77.52 chez Verbe
couteau 3 10.64 couteau / couteaux Nom
paysanne 3 9.96 paysanne Adjectif
gobelet 3 39.99 gobelet / gobelets Nom
frappa 3 7.56 frappa Verbe
cercueil de verre 2 93.05 cercueil de verre Nom Preposition Nom
recria 2 46.5 recria / recrierent Verbe
lettres d' or 2 53.7 lettres d' or Nom Preposition Nom
cÏur envieux 2 93.05 cÏur envieux Nom Adjectif
airain 2 28.01 airain Nom
et 2 9.55 et Verbe
coucher 2 10.16 coucher / coucherent Verbe
lampe 2 9.66 lampe / lampes Nom
logis 2 19.33 logis Nom
fils de roi 2 65.78 fils de roi Nom Preposition Nom
marchande 2 7.11 marchande Adjectif
mange 2 11.74 mange PPAdj
deguisee 2 8.75 deguisee PPAdj
peigner 2 58.83 peigner / peignerent Verbe
roide 2 43.84 roide Adjectif
ecria 2 18.53 ecria Verbe
laver 2 9.52 laver / laverent Verbe
fureur 2 8.81 fureur Nom
puis 2 10.29 puis Nom
mirer 2 43.84 mirer / mirent Verbe
betes feroces 2 58.83 betes feroces Nom Adjectif
poumons 2 11.79 poumons Nom
joues rouges 2 75.97 joues rouges Nom Adjectif
fourchette 2 8.96 fourchette / fourchettes Nom
pitie 2 11.2 pitie Nom
pleurer 2 6.65 pleurer Verbe
foie 2 9.24 foie Nom
goutte 2 10.07 goutte / gouttes Nom
legumes 2 7.25 legumes Nom
noce 2 11.32 noce Nom
cheveux noirs 2 23.57 cheveux noirs Nom Adjectif
gouttes de sang 1 16.55 gouttes de sang Nom Preposition Nom
miroir merveilleux 1 43.86 miroir merveilleux Nom Adjectif
ricanant 1 15.48 ricanant Adjectif
cadre d' ebene 1 43.86 cadre d' ebene Nom Preposition Nom
cote rouge 1 43.86 cote rouge Nom Adjectif
chambre secrete 1 31.01 chambre secrete Nom Adjectif
pomme empoisonnee 1 43.86 pomme empoisonnee Nom Adjectif
appretee 1 16.55 appretee PPAdj
enfant blanc 1 19.59 enfant blanc Nom Adjectif
pantoufles de fer 1 43.86 pantoufles de fer Nom Preposition Nom
cÏur soulage 1 43.86 cÏur soulage Nom PPAdj
table recouverte 1 43.86 table recouverte Nom PPAdj
pantoufles 1 19.59 pantoufles Verbe
lacet tresse de soies 1 43.86 lacet tresse de soies Nom PPAdj Preposition Nom
pieds consumes 1 43.86 pieds consumes Nom PPAdj
foret sauvage 1 31.01 foret sauvage Nom Adjectif
ensevelirent 1 13.19 ensevelirent Verbe
pomme coupee 1 43.86 pomme coupee Nom PPAdj
miroir suspendu 1 43.86 miroir suspendu Nom PPAdj
feu de charbons ardents 1 43.86 feu de charbons ardents Nom Preposition Nom Adjectif
hibou 1 12.62 hibou Nom
terre noire 1 19.59 terre noire Nom Adjectif
bouchee de pain 1 21.91 bouchee de pain Nom Preposition Nom
fille de roi 1 43.86 fille de roi Nom Preposition Nom
veillant 1 31.01 veillant Adjectif
gosier 1 12.13 gosier Nom
neige blanche 1 31.01 neige blanche Nom Adjectif
faites-m'en present 1 43.86 faites-m'en present Nom Adjectif
ton suppliant 1 43.86 ton suppliant Nom Adjectif
flocons de neige 1 19.59 flocons de neige Nom Preposition Nom
grand'peur 1 43.86 grand'peur Nom
pierres pointues 1 43.86 pierres pointues Nom Adjectif
tres-faim 1 43.86 tres-faim Nom
tres-soif 1 43.86 tres-soif Nom
goutte de vin 1 43.86 goutte de vin Nom Preposition Nom
nappe blanche 1 31.01 nappe blanche Nom Adjectif
air inquiet 1 31.01 air inquiet Nom Adjectif
miroir magique 1 25.31 miroir magique Nom Adjectif
affaisse 1 12.62 affaisse PPAdj
cuilleree de legumes 1 43.86 cuilleree de legumes Nom Preposition Nom
art de sorciere 1 43.86 art de sorciere Nom Preposition Nom
couteau de chasse 1 31.01 couteau de chasse Nom Preposition Nom
pauvre petite 1 21.91 pauvre petite Nom Adjectif
blanche-neige 1 43.86 blanche-neige Nom
moyen infaillible 1 31.01 moyen infaillible Nom Adjectif
draps blancs 1 12.13 draps blancs Nom Adjectif
plut 1 13.19 plut Verbe
assaisonner 1 25.31 assaisonner Verbe
grimer 1 17.88 grimer Verbe
marcassin 1 17.88 marcassin Nom
derechef 1 12.13 derechef Adverbe
lacee 1 12.13 lacee PPAdj
bohemienne 1 17.88 bohemienne Nom
serra 1 25.31 serra Nom
lacer 1 31.01 lacer Verbe
fils de roi plein de joie 1 43.86 fils de roi plein de joie Nom Preposition Nom Adjectif Preposition Nom

Blanche Neige

Conte référent

Mots clefs

Body

01

Un jour d’hiver, tandis que les flocons de neige tombaient du ciel comme des plumes, il arriva qu’une reine était assise à sa fenêtre à la bordure noire comme de l’ébène, et qu’elle cousait. Et tandis qu’elle était ainsi occupée à coudre et à regarder tomber la neige, elle s’enfonça l’aiguille dans le doigt, et trois gouttes de sang tombèrent dans la neige. Et comme ce sang brillait si rouge dans la blanche neige, la reine se dit en elle-même : Si j’avais un enfant aussi blanc que cette neige, aussi rouge que ce sang, et aussi noir que cette bordure ! Peu de temps après, elle eut une petite fille blanche comme neige, rouge comme du sang et noire comme de l’ébène, ce qui fut cause qu’on la nomma Blancheneige. Et dès que l’enfant fut né, la reine mourut.
Un an après, le roi prit une autre épouse : c’était une belle femme, mais orgueilleuse et vaine ; elle ne pouvait souffrir que personne la surpassât en beauté. Elle avait un miroir merveilleux ; lorsqu’elle se plaçait devant lui et s’y regardait, elle disait :
Petit miroir, petit miroir contre le mur,
Quelle est la plus belle dans tout le pays ?
Et le miroir répondait :
Madame la reine, vous êtes la plus belle du pays.
Alors elle était satisfaite, car elle savait que le miroir disait la vérité !

02

Cependant Blancheneige grandissait et devenait toujours plus jolie, et quand elle eut atteint l’âge de sept ans, elle était belle, belle comme le jour, et plus belle que la reine elle-même. Un jour que celle-ci disait à son miroir :
Petit miroir, petit miroir contre le mur,
Quelle est la plus belle dans tout le pays ?
II répondit :
Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais Blancheneige est mille fois plus belle que vous.
Cela effraya la reine, qui devint jaune et verte de jalousie. Dès ce moment, lorsqu’elle regardait Blancheneige, son cœur bondissait dans sa poitrine, tant elle haïssait la petite fille. Et sa jalousie et son orgueil s’accrurent, et ils devinrent si grands en elle, que ses jours et ses nuits furent désormais sans repos. Enfin, elle fit venir un chasseur et lui dit :
– Emmène cette enfant dans la forêt, je ne veux plus voir son image devant mes yeux. Là, tu la tueras, puis tu m’apporteras son cœur comme signe de sa mort.
Le chasseur obéit et emmena l’enfant dans la forêt. Lorsqu’il eut tiré son couteau de chasse, et qu’il fit mine de vouloir en percer le cœur innocent de Blancheneige, la petite se mit à pleurer et à dire :
– O bon chasseur ! laisse-moi la vie, je te promets de courir dans la forêt sauvage et de ne jamais plus revenir à la maison.
Et comme elle était si belle, le chasseur, se laissant attendrir, lui dit :
– Cours donc, ma pauvre enfant !
Les bêtes féroces t’auront bientôt dévorée, pensa-t-il en lui-même ; et pourtant il lui sembla qu’une pierre se soulevait de dessus sa poitrine, maintenant qu’il n’avait plus besoin de tuer la jeune fille ; et comme à l’instant même un marcassin bondissait près de là, il le perça de son couteau, lui enleva le cœur, et le porta à la reine pour lui prouver qu’il avait exécuté ses ordres. Le cuisinier dut le faire cuire dans du sel, et la méchante femme le mangea, et elle crut avoir mangé le cœur de Blancheneige.

03

La pauvre petite était donc maintenant tout à fait seule dans la grande forêt, et elle était si effrayée, qu’elle regardait en tremblant toutes les feuilles des arbres, et ne savait pas comment elle pourrait s’arracher à ce péril. Soudain elle se mit à courir, et elle courut sur la pointe des pierres et à travers les épines ; et les bêtes sauvages bondissaient autour d’elle, mais sans lui faire aucun mal. Elle courut aussi longtemps que ses pieds purent la porter, et le soir allait paraître, quand elle aperçut une petite maisonnette où elle entra pour se reposer.
Dans la maisonnette, tout était petit, mais si élégant et si propre qu’on ne saurait en donner une idée. Là était dressée une petite table couverte de linge blanc avec sept petites assiettes, chaque assiette avec sa petite cuillère ; un peu plus loin, sept petits couteaux avec leurs fourchettes et sept petits gobelets ; contre le mur, sept petits lits étaient rangés à la suite les uns des autres, recouverts de draps d’un blanc éclatant. Blancheneige, qui avait faim et soif, mangea de chaque petite assiette un peu de légumes et de pain, et but de chaque petit gobelet une goutte de vin, car elle ne voulait pas tout prendre à un seul ; puis comme elle était très fatiguée, elle essaya de se placer dans un petit lit, mais aucun ne semblait convenir à sa taille. L’un était trop long, l’autre trop court, enfin le septième se trouva juste ; elle y resta couchée, se recommanda à Dieu et s’endormit.

04

Lorsqu’il fut nuit noire, arrivèrent les maîtres de la petite maison. C’étaient les sept nains qui dans les montagnes cherchent le fer avec la pioche et la hache. Ils allumèrent leurs sept petites chandelles, et lorsqu’il fit clair dans la maisonnette, ils remarquèrent que quelqu’un y était venu, car tout ne se trouvait plus dans le même ordre où ils l’avaient laissé. Le premier dit :
– Qui s’est assis sur ma petite chaise ?
Et le second :
– Qui a mangé dans ma petite assiette ?
Et le troisième :
– Qui a pris de mon petit pain ?
Et le quatrième :
– Qui a enlevé de mes légumes ?
Et le cinquième :
– Qui a piqué avec ma petite fourchette ?
Et le sixième :
– Qui a coupé avec mon petit couteau ?
Et le septième :
– Qui a bu dans mon petit gobelet ?
Alors le premier se mit à regarder autour de lui, il aperçut un petit creux sur son lit, et s’écria :
– Qui a marché sur mon petit lit ?
Les autres accoururent et s’écrièrent :
– Sur le mien aussi s’est posé quelqu’un !
Mais le septième, tournant les yeux sur son lit, remarqua Blancheneige qui était étendue là, et dormait. Il appela aussitôt les autres, qui accoururent, poussèrent des cris d’étonnement, allèrent prendre leurs sept petites chandelles, et éclairèrent le visage de Blancheneige.
– Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écrièrent-ils, que cette petite est jolie !
Et ils étaient si contents, qu’ils ne voulurent pas la réveiller ; ils la laissèrent continuer de dormir dans le petit lit ; le septième nain se coucha avec ses compagnons, une heure avec chacun d’eux, et la nuit s’écoula.

05

Quand le jour fut venu, Blancheneige s’éveilla, et quand elle vit les sept nains elle eut peur. Ceux-ci étaient joyeux, ils lui demandèrent :
– Comment te nommes-tu ?
– Je me nomme Blancheneige, répondit-elle.
– Comment es-tu venue dans notre maison ? demandèrent encore les nains.
Alors elle raconta que sa belle-mère avait voulu la faire mourir, mais que le chasseur lui avait laissé la vie, et qu’ensuite elle avait couru tout le jour, jusqu’à ce qu’enfin elle eût trouvé la petite maison.
Les nains dirent :
– Veux-tu te charger de tenir notre maison, de préparer la cuisine, de faire les lits, de laver, de coudre et de tricoter ? et veux-tu tenir tout avec ordre et propreté ? Si tu le veux, tu peux rester près de nous, et il ne te manquera rien.
Blancheneige le promit, et demeura avec eux. Elle tenait la maison avec ordre. Le matin, les nains allaient dans la montagne et cherchaient le fer et l’or ; le soir ils revenaient, et leur manger devait se trouver prêt. Durant toute la journée la petite fille restait seule, car les bons nains l’avaient avertie, en lui disant :
– Méfie-toi de ta belle-mère, qui saura bientôt que tu es ici, et ne laisse entrer personne.

06

Persuadée qu’elle avait mangé le cœur de Blancheneige, la reine ne pensa plus de nouveau qu’à être la plus belle ; elle s’approcha de son miroir et dit :
Petit miroir, petit miroir contre le mur,
Quelle est la plus belle dans tout le pays ?
Et le miroir répondit :
Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais Blancheneige, par delà les montagnes,
Chez les Sept Nains,
Est mille fois plus belle que vous.
Cela effraya la reine, car elle savait que le miroir ne mentait jamais, et elle comprit que le chasseur l’avait trompée, et que Blancheneige était encore en vie. Elle se mit à réfléchir longtemps au moyen qu’elle emploierait pour la faire mourir, car aussi longtemps qu’elle ne serait pas la plus belle dans tout le pays, la jalousie ne devait point lui laisser de repos. Après avoir roulé dans son esprit plusieurs projets, elle résolut de se déguiser en vieille mercière ; déguisement qui la rendit méconnaissable. Elle se dirigea de la sorte du côté des sept montagnes, vers la maison des sept nains, frappa à la porte et cria :
– Jolies marchandises à vendre !
Blancheneige pencha la tête hors de la fenêtre et dit :
– Bonjour, bonne femme, qu’avez-vous à vendre ?
– De bonnes marchandises, de jolies marchandises, répondit-elle, des lacets de toutes les couleurs.
Et en disant cela, elle montra un lacet composé de soies bariolées.
– Je puis laisser entrer cette bonne femme, pensa Blancheneige ; elle tira les verrous de la porte et acheta le joli lacet.
– Petite, dit la vieille, approche, que je te pare une fois comme il faut.
Blancheneige, qui était sans malice, se plaça devant elle et se laissa mettre le nouveau lacet ; mais la vieille se prit à la lacer si vite et d’une manière si serrée, que Blancheneige perdit la respiration et tomba comme morte devant la maison.
– Maintenant tu as été la plus belle, dit la fausse vieille, et elle s’enfuit aussitôt.
Peu de temps après, la nuit approchant, arrivèrent les sept nains, qui furent saisis d’effroi lorsqu’ils virent leur chère Blancheneige étendue par terre, immobile et sans mouvement, comme une morte. Ils la soulevèrent, et remarquant qu’elle était trop serrée, ils coupèrent le lacet ; aussitôt la petite se mit à respirer un peu, et la vie lui revint par degrés. Lorsque les nains surent ce qui était arrivé, ils dirent :
– La vieille femme n’était autre que cette méchante reine ; prends garde à toi, et ne laisse entrer personne quand nous ne sommes point près de toi.

07

La méchante femme ne fut pas plutôt arrivée chez elle, qu’elle s’approcha de son miroir et lui dit :
Petit miroir, petit miroir contre le mur,
Quelle est la plus belle dans tout le pays ?
Et le miroir répondit comme auparavant :
Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais Blancheneige par delà les montagnes,
Chez les Sept Nains,
Est mille fois plus belle que vous.
À ces mots, tout son sang lui remonta au cœur, car elle vit bien que Blancheneige était revenue à la vie. Cette fois, dit-elle, je veux trouver un moyen qui m’en débarrasse pour toujours. Et, par un secret magique qu’elle possédait, elle composa un peigne empoisonné, puis elle se déguisa de nouveau sous les traits d’une autre vieille femme. Elle se dirigea de la sorte du côté des sept montagnes, vers la demeure des sept nains, frappa à la porte et cria :
– Bonnes marchandises à vendre !
Blancheneige mit la tête à la fenêtre et dit :
– Passez votre chemin, je ne dois laisser entrer personne.
– La vue du moins n’est pas défendue, dit la vieille en tirant de son panier le peigne empoisonné qu’elle leva en l’air.
II plut tant à la petite fille, qu’elle se laissa séduire et ouvrit la porte.
Quand elle eut vendu le peigne, la vieille dit :
– Je veux te peigner une fois comme il faut.
La pauvre Blancheneige, ne se doutant de rien, laissa faire la vieille ; mais à peine le peigne fut-il enfoncé dans ses cheveux, que le poison produisit son effet et que la petite tomba par terre sans connaissance.
– Merveille de beauté, dit la méchante femme, c’en est fait de toi désormais. Et elle s’enfuit. Par bonheur il était déjà presque nuit, le moment où les sept nains avaient coutume de revenir au logis.
Quand ils virent Blancheneige étendue comme une morte devant la maison, la pensée de sa belle-mère leur vint aussitôt ; ils firent des recherches, et trouvèrent le peigne empoisonné, qu’ils se hâtèrent de retirer de ses cheveux. Blancheneige revint bien vite à elle, et raconta ce qui s’était passé. Après l’avoir entendue, les nains lui recommandèrent de nouveau d’être plus prudente et de n’ouvrir la porte à personne.

08

À peine arrivée à la maison, la reine alla à son miroir et dit :
Petit miroir, petit miroir contre le mur,
Quelle est la plus belle dans tout le pays ?
Il répondit comme auparavant :
Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais Blancheneige, par delà les montagnes,
Chez les Sept Nains,
Est mille fois plus belle que vous.
À ces paroles du miroir, elle frémit de colère ; Blancheneige doit mourir, s’écria-t-elle, quand même il devrait m’en coûter ma propre vie. Cela dit, elle se rendit dans une chambre tout à fait solitaire et cachée, où personne ne pénétrait jamais, et là elle se mit à préparer une pomme empoisonnée. À l’extérieur cette pomme était très belle, blanche avec des joues rouges, au point qu’à la voir seulement le jus venait à la bouche ; mais celui qui en mangeait, rien qu’un petit morceau, devait infailliblement mourir. Après avoir ainsi préparé1a pomme, la reine se peignit le visage, mit des vêtements de paysanne, et ainsi déguisée, elle s’achemina du côté des sept montagnes, vers la demeure des sept nains.
Elle frappa à la porte.
Blancheneige mit la tête à la fenêtre et dit :
– Je ne dois laisser entrer personne ; les sept nains me l’ont défendu.
– C’est bon, répondit la paysanne, je trouverai bien ailleurs à me défaire de mes pommes ; pourtant je veux t’en donner une.
– Non, dit Blancheneige, je ne dois pas accepter.
– Aurais-tu peur du poison ? dit la fausse paysanne, regarde, je vais couper la pomme en deux, tu manges le côté rouge seul, et moi le blanc. Il faut dire que la pomme avait été si habilement préparée que le côté rouge seul contenait du poison.
Blancheneige dévorait des yeux la jolie pomme et quand elle vit que la paysanne en mangeait, elle n’eut pas le courage de résister plus longtemps, elle avança la main et prit la partie empoisonnée. Mais à peine eut-elle un petit morceau dans la bouche qu’elle tomba morte dans la chambre.
Alors la reine, la regardant avec des yeux effrayants se mit à rire aux éclats et dit :
– Blanche comme neige, rouge comme du sang, noire comme de l’ébène ! cette fois les nains ne pourront plus te réveiller.
Et lorsque arrivée au logis, elle demanda à son miroir :
Petit miroir, petit miroir contre le mur,
Quelle est la plus belle dans tout le pays ?
Il répondit enfin :
Madame la reine, vous êtes la plus belle de tout le pays.
Et le repos rentra dans son cœur envieux, s’il est possible qu’un cœur envieux puisse jamais trouver du repos.

09

Lorsque, le soir, les nains revinrent, ils virent Blancheneige étendue par terre sans mouvement et sans respiration : elle était morte. Ils la relevèrent, et cherchèrent avec soin s’ils ne trouveraient pas du poison. Ils la délacèrent ; ils lui peignèrent les cheveux ; ils la lavèrent avec de l’eau et du vin, mais rien n’y fit, la chère petite était morte et resta morte. Ils l’étendirent sur une bière, se placèrent tous les sept à l’entour, et ils la pleurèrent pendant trois jours entiers. Puis ils voulurent l’enterrer, mais elle paraissait encore fraîche comme une personne vivante, et elle avait encore ses jolies joues rouges. Alors ils dirent :
– Nous ne pourrions pas nous décider à l’ensevelir dans le sein noir de la terre.
Ils firent donc construire un cercueil de verre transparent afin que l’œil pût y voir de tous côtés ; ils y placèrent le corps de la morte, et inscrivirent son nom au sommet, en lettres d’or, en ajoutant qu’elle était fille d’un roi. Cela fait, ils portèrent le cercueil au haut de la montagne et l’un d’eux dut sans cesse faire sentinelle à l’entour et veiller sur lui. Et les bêtes aussi vinrent pleurer Blancheneige : d’abord une chouette, puis un corbeau, enfin une tourterelle.
Blancheneige resta ainsi longtemps, longtemps dans le cercueil sans se putréfier ; au contraire, on eût dit, à la voir, qu’elle dormait, tant sa peau était blanche, ses joues et ses lèvres rouges, et noirs ses cheveux.
Il advint un jour que le fils d’un roi traversa la forêt, et qu’il entra dans la maison des nains afin d’y passer la nuit. Il aperçut, sur la montagne, le cercueil et labelle Blancheneige, et lut l’inscription en lettres d’or. Il dit aussitôt aux nains :
– Abandonnez-moi ce cercueil, et je vous donnerai en échange tout ce que vous voudrez.
Mais les nains répondirent :
– Nous ne le céderions point pour tout l’or du monde.
Le prince reprit :
– Alors faites- m’en cadeau, car je sens que je ne puis plus vivre sans voir Blancheneige, et je veux l’honorer et la vénérer comme ma bien-aimée.
En l’entendant parler ainsi, les bons nains eurent pitié de lui, et lui donnèrent le cercueil.
Le fils du roi ordonna, sans retard, à ses gens de l’emporter sur leurs épaules. Mais il arriva que ceux-ci trébuchèrent entre des broussailles, et la secousse fit sortir de la gorge de Blancheneige le morceau de pomme empoisonnée. Celle-ci rouvrit ses yeux aussitôt, et se dressa sur son séant : la vie lui était revenue.
– Mon Dieu ! cria-t-elle, où suis-je ?
Le fils du roi répondit plein de joie :
– Tu es près de moi. Et il lui raconta ce qui s’était passé. Je te préfère au monde entier, ajouta-t-il, suis-moi dans le palais de mon père ; tu deviendras mon épouse.
Cette proposition plut à Blancheneige ; elle consentit à le suivre, et les préparatifs de leurs noces furent ordonnés avec autant de pompe que de solennité.
Cependant la méchante belle-mère de Blancheneige fut au nombre des personnes invitées à la fête. Après s’être parée de vêtements magnifiques, elle s’approcha de son miroir et dit :
Petit miroir, petit miroir contre le mur,
Quelle est la plus belle dans tout le pays ?
Le miroir répondit :
Madame la reine, vous êtes la plus belle ici,
Mais la jeune reine est mille fois plus belle que vous.
À ces mots, la méchante femme proféra une malédiction, et elle devint si inquiète, si inquiète, qu’elle eut peine à se remettre. D’abord elle ne voulut point aller à la noce ; mais son trouble était si grand qu’il la chassa malgré elle et la força d’aller voir la jeune reine.
À peine eut-elle franchi la porte de la salle, qu’elle reconnut Blancheneige, et que, immobile de dépit et d’effroi, elle ne put plus faire un pas.
Cependant le jeune roi, qui connaissait toutes les cruautés de la méchante femme, avait, pour la punir comme elle le méritait, fait placer des pantoufles de fer sur des charbons ardents. Quand ces pantoufles furent devenues toutes rouges à la flammes des braises, deux valets robustes les apportèrent et les mirent aux pieds de l’affreuse marâtre qu’ils forcèrent de danser avec ces chaussures brûlantes, malgré les douleurs atroces qu’elle ressentait. Et elle ne put cesser de danser, que pour tomber morte dans la salle.

Type TEI

Tableau

Terme Frequence Specificite Variantes Matrice
petit 50 34.14 petit / petits / petites Adjectif
plus 35 5.29 plus Adverbe
belle 28 29.03 belle Adjectif
miroir 26 96.74 miroir Nom
reine 20 65.81 reine Nom
dire 13 5.4 dire / dit / disait Verbe
si 13 12.96 si Adverbe
vouloir 13 6.84 vouloir / voulait / voulut / voudrez / voulurent Verbe
mettre 12 7.83 mettre / mit / mirent Verbe
nain 11 108.75 nain / nains Nom
laisser 11 10.6 laisser / laisse / laissa / laisserent Verbe
maison 10 8.21 maison Nom
femme 10 6.73 femme Nom
montagne 10 23.94 montagne / montagnes Nom
rouge 10 14.6 rouge / rouges Adjectif
nains 9 119.39 nains Adjectif
fois 9 4.04 fois Nom
cÏur 9 11.03 cÏur Nom
mur 8 13.91 mur Nom
blanc 8 10 blanc / blanche Adjectif
trouver 8 5.25 trouver / trouverai / trouvait / trouverent / trouveraient Verbe
entrer 7 10.51 entrer / entra Verbe
neige 7 24.1 neige Nom
puis 7 4.74 puis Adverbe
pomme 7 33.94 pomme Nom
porte 7 9.91 porte Nom
tomber 7 12.06 tomber / tomba / tomberent Verbe
vieille 7 8.85 vieille Adjectif
mechante 7 35.61 mechante Adjectif
repondit 7 7.64 repondit Verbe
placer 6 12.2 placer / plaa / placerent Verbe
nuit 6 6.19 nuit / nuits Nom
sang 6 12.53 sang Nom
regarder 6 9.65 regarder / regarde / regardait Verbe
longtemps 6 6.26 longtemps Adverbe
cercueil 6 39.18 cercueil Nom
manger 6 17.92 manger / manges / mangeait Verbe
roi 6 11.45 roi Nom
revenir 6 6.01 revenir / revint / revenaient / revinrent Verbe
empoisonne 6 69.24 empoisonne / empoisonnee Adjectif
morte 6 15.94 morte PPAdj
sept 6 27.31 sept Nom
chasseur 5 14.67 chasseur Nom
foret 5 11.55 foret Nom
peigne 5 51.78 peigne Nom
aussitot 5 11.32 aussitot Adverbe
fille 5 5.32 fille Nom
peine 5 4.83 peine Nom
lit 5 14.22 lit / lits Nom
noir 5 5.41 noir / noire Adjectif
sept nains 5 157.02 sept nains Nom Adjectif
mourir 5 10.36 mourir / mourut Verbe
joli 5 14.97 joli / jolie / jolies Adjectif
point 4 10.39 point Adverbe
etendue 4 14.24 etendue PPAdj
paysanne 4 13.65 paysanne Adjectif
marchandises 4 14.5 marchandises Nom
belle-mere 4 34.92 belle-mere Nom
courir 4 9.2 courir / courut Verbe
approche 4 10.6 approche / approcha Verbe
repos 4 15.87 repos Nom
fenetre 4 11.18 fenetre Nom
maisonnette 3 41.85 maisonnette Nom
jalousie 3 17.42 jalousie Nom
betes 3 9.16 betes Nom
aperut 3 9.49 aperut Verbe
cheveux 3 7.5 cheveux Nom
lacet 3 35.55 lacet / lacets Nom
peigne empoisonne 3 123.37 peigne empoisonne Nom Adjectif
frappa 3 7.35 frappa Verbe
dela 3 30.45 dela Adverbe
mange 3 19.06 mange PPAdj
coudre 3 40.33 coudre / cousait Verbe
poison 3 21.93 poison Nom
blancheneige 3 123.37 blancheneige Verbe
virent 3 15.1 virent Verbe
assiette 3 14.37 assiette / assiettes Nom
dormir 3 9.13 dormir / dormait Verbe
fer 3 6.01 fer Nom
couteau 3 10.36 couteau / couteaux Nom
joues 3 13.7 joues Nom
bondissait 3 22.29 bondissait / bondissaient Verbe
morceau 3 7.62 morceau Nom
pleurer 3 10.92 pleurer / pleurerent Verbe
deguiser 2 19.95 deguiser / deguisa Verbe
ecria 2 18.05 ecria / ecrierent Verbe
goutte 2 9.8 goutte / gouttes Nom
ebene 2 26.12 ebene Nom
accoururent 2 24.62 accoururent Verbe
bons nains 2 90.65 bons nains Nom Adjectif
immobile 2 10.78 immobile Adjectif
laver 2 9.27 laver / laverent Verbe
chandelles 2 17.05 chandelles Nom
septieme 2 7.16 septieme Adjectif
cote rouge 2 90.65 cote rouge Nom Adjectif
cÏur envieux 2 90.65 cÏur envieux Nom Adjectif
joues rouges 2 74.01 joues rouges Nom Adjectif
entour 2 35.52 entour Nom
logis 2 18.83 logis Nom
chere 2 14.61 chere Nom
blancheneige 2 74.01 blancheneige Nom
pomme empoisonnee 2 90.65 pomme empoisonnee Nom Adjectif
lettres d' or 2 52.32 lettres d' or Nom Preposition Nom
pantoufles 2 28.62 pantoufles Nom
peigner 2 57.32 peigner / peignerent Verbe
serree 2 8.3 serree PPAdj
enfuit 2 9.99 enfuit Verbe
percer 2 9.32 percer / pera Verbe
plut 2 36.98 plut Verbe
effraya 2 14.91 effraya Verbe
poitrine 2 11.11 poitrine Nom
effroi 2 12.05 effroi Nom
couteau de chasse 1 30.21 couteau de chasse Nom Preposition Nom
jours entiers 1 17.42 jours entiers Nom Adjectif
chere petite 1 30.21 chere petite Nom Adjectif
sein noir 1 42.73 sein noir Nom Adjectif
jour d' hiver 1 19.09 jour d' hiver Nom Preposition Nom
cÏur innocent 1 42.73 cÏur innocent Nom Adjectif
foret sauvage 1 30.21 foret sauvage Nom Adjectif
ensevelir 1 12.85 ensevelir Verbe
cercueil de verre transparent 1 42.73 cercueil de verre transparent Nom Preposition Nom Adjectif
infailliblement 1 30.21 infailliblement Adverbe
bordure noire 1 42.73 bordure noire Nom Adjectif
betes feroces 1 21.35 betes feroces Nom Adjectif
tourterelle 1 13.48 tourterelle Nom
partie empoisonnee 1 42.73 partie empoisonnee Nom Adjectif
pantoufles de fer 1 42.73 pantoufles de fer Nom Preposition Nom
mar‰tre 1 14.21 mar‰tre Nom
charbons ardents 1 16.12 charbons ardents Nom Adjectif
vetements magnifiques 1 42.73 vetements magnifiques Nom Adjectif
table couverte de linge blanc 1 42.73 table couverte de linge blanc Nom PPAdj Preposition Nom Adjectif
lacet compose de soies bariolees 1 42.73 lacet compose de soies bariolees Nom PPAdj Preposition Nom Adjectif
personnes invitees 1 24.66 personnes invitees Nom PPAdj
porte a personne 1 42.73 porte a personne Nom Preposition Nom
douleurs atroces 1 24.66 douleurs atroces Nom Adjectif
chaussures bržlantes 1 42.73 chaussures bržlantes Nom Adjectif
faites-m'en cadeau 1 42.73 faites-m'en cadeau Nom Nom
morceau de pomme empoisonnee 1 42.73 morceau de pomme empoisonnee Nom Preposition Nom Adjectif
cris d' etonnement 1 42.73 cris d' etonnement Nom Preposition Nom
valets robustes 1 42.73 valets robustes Nom Adjectif
levres rouges 1 24.66 levres rouges Nom Adjectif
goutte de vin 1 42.73 goutte de vin Nom Preposition Nom
septieme 1 12.3 septieme Nom
fille blanche 1 30.21 fille blanche Nom Adjectif
gouttes de sang 1 16.12 gouttes de sang Nom Preposition Nom
nuit approchant 1 42.73 nuit approchant Nom Adjectif
secret magique 1 42.73 secret magique Nom Adjectif
marcassin 1 17.42 marcassin Nom
bonnes 1 42.73 bonnes Verbe
betes sauvages 1 12.85 betes sauvages Nom Adjectif
lacer 1 30.21 lacer Verbe
vieille 1 14.21 vieille Nom
pauvre petite 1 21.35 pauvre petite Nom Adjectif
flocons de neige 1 19.09 flocons de neige Nom Preposition Nom

Schneewittchen

Conte référent

Body

01

Es war einmal mitten im Winter, und die Schneeflocken fielen wie Federn vom Himmel herab, da saß eine Königin an einem Fenster, das einen Rahmen von schwarzem Ebenholz hatte, und nähte. Und wie sie so nähte und nach dem Schnee aufblickte, stach sie sich mit der Nadel in den Finger, und es fielen drei Tropfen Blut in den Schnee. Und weil das Rote im weißen Schnee so schön aussah, dachte sie bei sich 'hätt ich ein Kind so weiß wie Schnee, so rot wie Blut, und so schwarz wie das Holz an dem Rahmen. 'Bald darauf bekam sie ein Töchterlein, das war so weiß wie Schnee, so rot wie Blut, und so schwarzhaarig wie Ebenholz, und ward darum das Schneewittchen (Schneeweißchen) genannt. Und wie das Kind geboren war, starb die Königin.
Über ein Jahr nahm sich der König eine andere Gemahlin. Es war eine schöne Frau, aber sie war stolz und übermütig, und konnte nicht leiden, daß sie an Schönheit von jemand sollte übertroffen werden. Sie hatte einen wunderbaren Spiegel, wenn sie vor den trat und sich darin beschaute, sprach sie
'Spieglein, Spieglein an der Wand,
wer ist die Schönste im ganzen Land? '
so antwortete der Spiegel
'Frau Königin, Ihr seid die Schönste im Land. '
Da war sie zufrieden, denn sie wußte, daß der Spiegel die Wahrheit sagte.

02

Schneewittchen aber wuchs heran und wurde immer schöner, und als es sieben Jahre alt war, war es so schön wie der klare Tag, und schöner als die Königin selbst. Als diese einmal ihren Spiegel fragte
'Spieglein, Spieglein an der Wand,
wer ist die Schönste im ganzen Land? '
so antwortete er
'Frau Königin, Ihr seid die Schönste hier,
aber Schneewittchen ist tausendmal schöner als Ihr. '
Da erschrak die Königin und ward gelb und grün vor Neid. Von Stund an, wenn sie Schneewittchen erblickte, kehrte sich ihr das Herz im Leibe herum, so haßte sie das Mädchen. Und der Neid und Hochmut wuchsen wie ein Unkraut in ihrem Herzen immer höher, daß sie Tag und Nacht keine Ruhe mehr hatte. Da rief sie einen Jäger und sprach 'bring das Kind hinaus in den Wald, ich wills nicht mehr vor meinen Augen sehen. Du sollst es töten und mir Lunge und Leber zum Wahrzeichen mitbringen. 'Der Jäger gehorchte und führte es hinaus, und als er den Hirschfänger gezogen hatte und Schneewittchens unschuldiges Herz durchbohren wollte, fing es an zu weinen und sprach 'ach, lieber Jäger, laß mir mein Leben; ich will in den wilden Wald laufen und nimmermehr wieder heim kommen. 'Und weil es so schön war , hatte der Jäger Mitleid und sprach 'so lauf hin, du armes Kind. ''Die wilden Tiere werden dich bald gefressen haben, 'dachte er, und doch wars ihm, als wär ein Stein von seinem Herzen gewälzt, weil er es nicht zu töten brauchte. Und als gerade ein junger Frischling dahergesprungen kam, stach er ihn ab, nahm Lunge und Leber heraus, und brachte sie als Wahrzeichen der Königin mit. Der Koch mußte sie in Salz kochen, und das boshafte Weib aß sie auf und meinte, sie hätte Schneewittchens Lunge und Leber gegessen.

03

Nun war das arme Kind in dem großen Wald mutterseelig allein, und ward ihm so angst, daß es alle Blätter an den Bäumen ansah und nicht wußte, wie es sich helfen sollte. Da fing es an zu laufen und lief über die spitzen Steine und durch die Dornen, und die wilden Tiere sprangen an ihm vorbei, aber sie taten ihm nichts. Es lief, solange nur die Füße noch fort konnten, bis es bald Abend werden wollte, da sah es ein kleines Häuschen und ging hinein, sich zu ruhen. In dem Häuschen war alles klein, aber so zierlich und reinlich, daß es nicht zu sagen ist. Da stand ein weißgedecktes Tischlein mit sieben kleinen Tellern, jedes Tellerlein mit seinem Löffelein, ferner sieben Messerlein und Gäblein, und sieben Becherlein. An der Wand waren sieben Bettlein nebeneinander aufgestellt und schneeweiße Laken darüber gedeckt. Schneewittchen, weil es so hungrig und durstig war, aß von jedem Tellerlein ein wenig Gemüs und Brot, und trank aus jedem Becherlein einen Tropfen Wein; denn es wollte nicht einem allein alles wegnehmen. Hernach, weil es so müde war, legte es sich in ein Bettchen, aber keins paßte; das eine war zu lang, das andere zu kurz, bis endlich das siebente recht war: und darin blieb es liegen, befahl sich Gott und schlief ein.

04

Als es ganz dunkel geworden war, kamen die Herren von dem Häuslein, das waren die sieben Zwerge, die in den Bergen nach Erz hackten und gruben. Sie zündeten ihre sieben Lichtlein an, und wie es nun hell im Häuslein ward, sahen sie, daß jemand darin gewesen war, denn es stand nicht alles so in der Ordnung, wie sie es verlassen hatten. Der erste sprach 'wer hat auf meinem Stühlchen gesessen? 'Der zweite 'wer hat von meinem Tellerchen gegessen? 'Der dritte 'wer hat von meinem Brötchen genommen? 'Der vierte 'wer hat von meinem Gemüschen gegessen? 'Der fünfte 'wer hat mit meinem Gäbelchen gestochen? 'Der sechste 'wer hat mit meinem Messerchen geschnitten? 'Der siebente 'wer hat aus meinem Becherlein getrunken? 'Dann sah sich der erste um und sah, daß auf seinem Bett eine kleine Delle war, da sprach er 'wer hat in mein Bettchen getreten? 'Die andern kamen gelaufen und riefen 'in meinem hat auch jemand gelegen. 'Der siebente aber, als er in sein Bett sah, erblickte Schneewittchen, das lag darin und schlief. Nun rief er die andern, die kamen herbeigelaufen, und schrien vor Verwunderung, holten ihre sieben Lichtlein und beleuchteten Schneewittchen. 'Ei, du mein Gott! ei, du mein Gott! 'riefen sie, 'was ist das Kind so schön! 'und hatten so große Freude, daß sie es nicht aufweckten, sondern im Bettlein fortschlafen ließen. Der siebente Zwerg aber schlief bei seinen Gesellen, bei jedem eine Stunde, da war die Nacht herum.

05

Als es Morgen war, erwachte Schneewittchen, und wie es die sieben Zwerge sah, erschrak es. Sie waren aber freundlich und fragten 'wie heißt du? ''Ich heiße Schneewittchen, 'antwortete es. 'Wie bist du in unser Haus gekommen? 'sprachen weiter die Zwerge. Da erzählte es ihnen, daß seine Stiefmutter es hätte wollen umbringen lassen, der Jäger hätte ihm aber das Leben geschenkt, und da wär es gelaufen den ganzen Tag, bis es endlich ihr Häuslein gefunden hätte. Die Zwerge sprachen 'willst du unsern Haushalt versehen, kochen, betten, waschen, nähen und stricken, und willst du alles ordentlich und reinlich halten, so kannst du bei uns bleiben, und es soll dir an nichts fehlen. ''Ja, 'sagte Schneewittchen, 'von Herzen gern, 'und blieb bei ihnen. Es hielt ihnen das Haus in Ordnung: morgens gingen sie in die Berge und suchten Erz und Gold, abends kamen sie wieder, und da mußte ihr Essen bereit sein. Den Tag über war das Mädchen allein, da warnten es die guten Zwerglein und sprachen 'hüte dich vor deiner Stiefmutter, die wird bald wissen, daß du hier bist; laß ja niemand herein. '

06

Die Königin aber, nachdem sie Schneewittchens Lunge und Leber glaubte gegessen zu haben, dachte nicht anders, als sie wäre wieder die erste und Allerschönste, trat vor ihren Spiegel und sprach
'Spieglein, Spieglein an der Wand,
wer ist die Schönste im ganzen Land? '
Da antwortete der Spiegel
'Frau Königin, Ihr seid die Schönste hier,
aber Schneewittchen über den Bergen
bei den sieben Zwergen
ist noch tausendmal schöner als Ihr. '
Da erschrak sie, denn sie wußte, daß der Spiegel wahrheit sprach, und merkte, daß der Jäger sie betrogen hatte und Schneewittchen noch am Leben war. Und da sann und sann sie aufs neue, wie sie es umbringen wollte; denn solange sie nicht die Schönste war im ganzen Land, ließ ihr der Neid keine Ruhe. Und als sie sich endlich etwas ausgedacht hatte, färbte sie sich das Gesicht, und kleidete sich wie eine alte Krämerin, und war ganz unkenntlich. In dieser Gestalt ging sie über die sieben Berge zu den sieben Zwergen, klopfte an die Türe und rief 'schöne Ware feil! feil! 'Schneewittchen guckte zum Fenster heraus und rief 'guten Tag, liebe Frau, was habt Ihr zu verkaufen? ''Gute Ware, schöne Ware, 'antwortete sie, 'Schnürriemen von allen Farben, 'und holte einen hervor, der aus bunter Seide geflochten war. 'Die ehrliche Frau kann ich hereinlassen, 'dachte Schneewittchen, riegelte die Türe auf und kaufte sich den hübschen Schnürriemen. 'Kind, 'sprach die Alte, 'wie du aussiehst! komm, ich will dich einmal ordentlich schnüren. 'Schneewittchen hatte kein Arg, stellte sich vor sie, und ließ sich mit dem neuen Schnürriemen schnüren: aber die Alte schnürte geschwind und schnürte so fest, daß dem Schneewittchen der Atem verging, und es für tot hinfiel. 'Nun bist du die Schönste gewesen, 'sprach sie und eilte hinaus.
Nicht lange darauf, zur Abendzeit, kamen die sieben Zwerge nach Haus, aber wie erschraken sie, als sie ihr liebes Schneewittchen auf der Erde liegen sahen; und es regte und bewegte sich nicht, als wäre es tot. Sie hoben es in die Höhe, und weil sie sahen, daß es zu fest geschnürt war, schnitten sie den Schnürriemen entzwei: da fing es an ein wenig zu atmen, und ward nach und nach wieder lebendig. Als die Zwerge hörten, was geschehen war, sprachen sie 'die alte Krämerfrau war niemand als die gottlose Königin: hüte dich und laß keinen Menschen herein, wenn wir nicht bei dir sind. '

07

Das böse Weib aber, als es nach Haus gekommen war, ging vor den Spiegel und fragte
'Spieglein, Spieglein an der Wand,
wer ist die Schönste im ganzen Land? '
Da antwortete er wie sonst
'Frau Königin'Ihr seid die Schönste hier,
aber Schneewittchen über den Bergen
bei den sieben Zwergen
ist noch tausendmal schöner als Ihr. '
Als sie das hörte, lief ihr alles Blut zum Herzen, so erschrak sie, denn sie sah wohl, daß Schneewittchen wieder lebendig geworden war. 'Nun aber, 'sprach sie, 'will ich etwas aussinnen, das dich zugrunde richten soll, 'und mit Hexenkünsten, die sie verstand, machte sie einen giftigen Kamm. Dann verkleidete sie sich und nahm die Gestalt eines andern alten Weibes an. So ging sie hin über die sieben Berge zu den sieben Zwergen, klopfte an die Türe und rief 'gute Ware feil! feil! 'Schneewittchen schaute heraus und sprach 'geht nur weiter, ich darf niemand hereinlassen. ''Das Ansehen wird dir doch erlaubt sein, 'sprach die Alte, zog den giftigen Kamm heraus und hielt ihn in die Höhe. Da gefiel er dem Kinde so gut, daß es sich betören ließ und die Türe öffnete. Als sie des Kaufs einig waren, sprach die Alte 'nun will ich dich einmal ordentlich kämmen. 'Das arme Schneewittchen dachte an nichts, und ließ die Alte gewähren, aber kaum hatte sie den Kamm in die Haare gesteckt, als das Gift darin wirkte, und das Mädchen ohne Besinnung niederfiel. 'Du Ausbund von Schönheit, 'sprach das boshafte Weib, 'jetzt ists um dich geschehen, 'und ging fort. Zum Glück aber war es bald Abend, wo die sieben Zwerglein nach Haus kamen. Als sie Schneewittchen wie tot auf der Erde liegen sahen, hatten sie gleich die Stiefmutter in Verdacht, suchten nach, und fanden den giftigen Kamm, und kaum hatten sie ihn herausgezogen, so kam Schneewittchen wieder zu sich und erzählte, was vorgegangen war. Da warnten sie es noch einmal, auf seiner Hut zu sein und niemand die Türe zu öffnen.

08

Die Königin stellte sich daheim vor den Spiegel und sprach
'Spieglein, Spieglein an der Wand,
wer ist die Schönste im ganzen Land? '
Da antwortete er wie vorher
'Frau Königin, Ihr seid die Schönste hier,
aber Schneewittchen über den Bergen
bei den sieben Zwergen
ist noch tausendmal schöner als Ihr. '
Als sie den Spiegel so reden hörte, zitterte und bebte sie vor Zorn. 'Schneewittchen soll sterben, 'rief sie, 'und wenn es mein eignes Leben kostet. 'Darauf ging sie in eine ganz verborgene einsame Kammer, wo niemand hinkam, und machte da einen giftigen giftigen Apfel. Äußerlich sah er schön aus, weiß mit roten Backen, daß jeder, der ihn erblickte, Lust danach bekam, aber wer ein Stückchen davon aß, der mußte sterben. Als der Apfel fertig war, färbte sie sich das Gesicht und verkleidete sich in eine Bauersfrau, und so ging sie über die sieben Berge zu den sieben Zwergen. Sie klopfte an, Schneewittchen streckte den Kopf zum Fenster heraus und sprach 'ich darf keinen Menschen einlassen, die sieben Zwerge haben mirs verboten. ''Mir auch recht, 'antwortete die Bäuerin, 'meine Äpfel will ich schon los werden. Da, einen will ich dir schenken. ''Nein, 'sprach Schneewittchen , 'ich darf nichts annehmen. ''Fürchtest du dich vor Gift? 'sprach die Alte, 'siehst du, da schneide ich den Apfel in zwei Teile; den roten Backen iß du, den weißen will ich essen. 'Der Apfel war aber so künstlich gemacht, daß der rote Backen allein vergiftet war. Schneewittchen lüsterte den schönen Apfel an, und als es sah, daß die Bäuerin davon aß, so konnte es nicht länger widerstehen, streckte die Hand hinaus und nahm die giftige Hälfte. Kaum aber hatte es einen Bissen davon im Mund, so fiel es tot zur Erde nieder. Da betrachtete es die Königin mit grausigen Blicken und lachte überlaut und sprach 'weiß wie Schnee, rot wie Blut, schwarz wie Ebenholz! diesmal können dich die Zwerge nicht wieder erwecken. 'Und als sie daheim den Spiegel befragte
'Spieglein, Spieglein an der Wand,
wer ist die Schönste im ganzen Land? '
so antwortete er endlich
'Frau Königin, Ihr seid die Schönste im Land. '
Da hatte ihr neidisches Herz Ruhe, so gut ein neidisches Herz Ruhe haben kann.

09

Als die Zwerge abends nach Haus kamen, fanden sie Schneewittchen auf der Erde liegen, und es ging kein Atem mehr aus seinem Mund, und es war tot. Sie hoben es auf, suchten, ob sie was Giftiges fänden, schnürten es auf, kämmten ihm die Haare, wuschen es mit Wasser und Wein, aber es half alles nichts; das liebe Kind war tot und blieb tot. Sie legten es auf eine Bahre und setzten sich alle siebene daran und beweinten es, und weinten drei Tage lang. Da wollten sie es begraben, aber es sah noch so frisch aus wie ein lebender Mensch, und hatte noch seine schönen roten Backen. Sie sprachen 'das können wir nicht in die schwarze Erde versenken, 'und ließen einen durchsichtigen Sarg von Glas machen, daß man es von allen Seiten sehen konnte, legten es hinein, und schrieben mit goldenen Buchstaben seinen Namen darauf, und daß es eine Königstochter wäre. Dann setzten sie den Sarg hinaus auf den Berg, und einer von ihnen blieb immer dabei und bewachte ihn. Und die Tiere kamen auch und beweinten Schneewittchen, erst eine Eule, dann ein Rabe, zuletzt ein Täubchen.
Nun lag Schneewittchen lange lange Zeit in dem Sarg und veränderte sich nicht, sondern sah aus, als wenn es schliefe, denn es war noch so weiß als Schnee, so rot als Blut, und so schwarzhaarig wie Ebenholz. Es geschah aber, daß ein Königssohn in den Wald geriet und zu dem Zwergenhaus kam, da zu über nachten. Er sah auf dem Berg den Sarg und das schöne Schneewittchen darin, und las, was mit goldenen Buchstaben darauf geschrieben war. Da sprach er zu den Zwergen 'laßt mir den Sarg, ich will euch geben, was ihr dafür haben wollt. 'Aber die Zwerge antworteten 'wir geben ihn nicht um alles Gold in der Welt. 'Da sprach er 'so schenkt mir ihn, denn ich kann nicht leben, ohne Schneewittchen zu sehen, ich will es ehren und hochachten wie mein Liebstes. 'Wie er so sprach, empfanden die guten Zwerglein Mitleiden mit ihm und gaben ihm den Sarg. Der Königssohn ließ ihn nun von seinen Dienern auf den Schultern forttragen. Da geschah es, daß sie über einen Strauch stolperten, und von dem Schüttern fuhr der giftige Apfelgrütz, den Schneewittchen abgebissen hatte, aus dem Hals. Und nicht lange, so öffnete es die Augen, hob den Deckel vom Sarg in die Höhe, und richtete sich auf, und war wieder lebendig. 'Ach Gott, wo bin ich? 'rief es. Der Königssohn sagte voll Freude 'du bist bei mir, 'und erzählte, was sich zugetragen hatte, und sprach 'ich habe dich lieber als alles auf der Welt; komm mit mir in meines Vaters Schloß, du sollst meine Gemahlin werden. 'Da war ihm Schneewittchen gut und ging mit ihm, und ihre Hochzeit ward mit großer Pracht und Herrlichkeit angeordnet.
Zu dem Fest wurde aber auch Schneewittchens gottlose Stiefmutter eingeladen. Wie sie sich nun mit schönen Kleidern angetan hatte, trat sie vor den Spiegel und sprach
'Spieglein'Spieglein an der Wand'
wer ist die Schönste im ganzen Land? '
Der Spiegel antwortete
'Frau Königin'Ihr seid die Schönste hier,
aber die junge Königin ist tausendmal schöner als Ihr. '
Da stieß das böse Weib einen Fluch aus, und ward ihr so angst, so angst, daß sie sich nicht zu lassen wußte. Sie wollte zuerst gar nicht auf die Hochzeit kommen: doch ließ es ihr keine Ruhe, sie mußte fort und die junge Königin sehen. Und wie sie hineintrat, erkannte sie Schneewittchen, und vor Angst und Schrecken stand sie da und konnte sich nicht regen. Aber es waren schon eiserne Pantoffeln über Kohlenfeuer gestellt und wurden mit Zangen hereingetragen und vor sie hingestellt. Da mußte sie in die rotglühenden Schuhe treten und so lange tanzen, bis sie tot zur Erde fiel.
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Détails

Éditeur Didier (Paris)
Date d'édition 1869
Contributeur Frank, Félix (1837-1895). Traducteur
Contributeur Alsleben, E.. Traducteur
Contributeur Laboulaye, Édouard (1811-1883). Préfacier
Type monographie imprimée
Langue Français
Format 1 vol. (488 p.) ; in-8
Format application/pdf
Droits domaine public
Identifiant ark:/12148/bpt6k67678g
Source Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Y2-23807
Relation http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb33325141s
Provenance bnf.fr

 

Type TEI

Schneewitchen

Es war einmal mitten im Winter, und die Schneeflocken fielen wie Federn vom Himmel herab, da saß eine Königin an einem Fenster, das einen Rahmen von schwarzem Ebenholz hatte, und nähte. Und wie sie so nähte und nach dem Schnee aufblickte, stach sie sich mit der Nadel in den Finger, und es fielen drei Tropfen Blut in den Schnee. Und weil das Rote im weißen Schnee so schön aussah, dachte sie bei sich 'hätt ich ein Kind so weiß wie Schnee, so rot wie Blut, und so schwarz wie das Holz an dem Rahmen.

Richilde

Gunderich der Pfaffenfreund, Graf von Brabant, lebte um die Zeit der Kreuzzüge mit so exemplarischer Frömmigkeit, daß er den Namen des Heiligen so gut verdient hätte, als Kaiser Heinrich der Hinker; seine Hofburg sah einem Kloster ähnlich, man hörte da keine Sporen klirren, keine Rosse wiehern, keine Waffen rauschen; aber die Litaneien andächtiger Mönche und das Geklingel der Silberglocken tönten ohn Unterlaß durch die Hallen seines Palastes.

Blanche-Neige

C’était une fois au milieu de l’hiver, et la neige tombait du ciel comme des plumes. Une reine était alors assise à sa fenêtre qui avait un encadrement en bois d’ébène, et elle cousait. Et tout en cousant elle regardait la neige, ce qui fit qu’elle se piqua le doigt avec son aiguille, et trois gouttes de sang tombèrent dans la neige. Et ce rouge faisait un si bel effet sur la neige blanche, qu’elle se dit :
– Ah ! que n’ai-je un enfant blanc comme la neige, rouge comme le sang et noir comme le bois de ce cadre !